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Juré n°2 de Clint Eastwood - Avec Nicholas Hoult, Toni Collette, Gabriel Basso…
Justin Kemp, un jeune futur père de famille (Nicholas Hoult) - sa femme est sur le point d’accoucher - est sélectionné pour intégrer le jury du procès d’un homme accusé du meurtre de sa compagne. Au fil des témoignages, il s’aperçoit qu’il est le responsable de la mort de celle à cause de qui un homme va sans doute terminer sa vie derrière les barreaux. Va-t-il se dénoncer ou pas? …
Pour son quatre-vingt-quatorzième anniversaire, Clint Eastwood s’est offert un thriller judiciaire. Chic ! On retrouve le cinéaste en pleine forme, tout entier dans ce qui est pour lui son quarantième et ultime film : une intrigue captivante et bien ficelée, un scénario au cordeau, une mise en scène d’une efficacité redoutable (dans son apparente simplicité) et un casting cinq étoiles, emmené ici par les sensationnels Nicholas Hoult, Toni Collette et Kiefer Sutherland. On lève son chapeau au vétéran du cinéma qui tire sa révérence avec un film aussi passionnant, haletant et maîtrisé.
Devant l’indéniable réussite de ce thriller, on comprend mal pourquoi Warner (qui a pourtant produit tous les films du grand Clint) a choisi de ne sortir son dernier opus que dans cinquante salles aux Etats-Unis et de ne lui réserver, en France (et en Europe) qu’une promotion minimale.
Recommandation : 4 coeurs
Dominique Poncet
Sur un fil de Reda Kateb - Avec Aloïse Sauvage, Philippe Rebot, Jean-Philippe Buzaud, Sara Giraudeau…
À la suite d’un accident, Jo (Aloïse Sauvage), une artiste de cirque, retrouve du travail en tant que clown au sein de l’association « Nez pour rire », qui vient en aide à des enfants hospitalisés en leur apportant de la joie et du réconfort. Devenue « Zouzou » auprès de ce nouveau public, la jeune femme va vivre de grandes émotions…
En 2015, Reda Kateb était déjà passé derrière la caméra avec son court-métrage Pitchoune, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs. Le voici aujourd’hui qui s’essaie à un format plus long avec Sur un fil, une comédie dramatique qui ne manque pas d’émotion. Si le film est parfois maladroit en raison de sa naïveté, il parvient à se rattraper grâce à la composition de l’artiste pluridisciplinaire Aloïse Sauvage, qui accède enfin à un premier rôle au cinéma. Pourvu qu’il soit suivi par d’autres, aussi intéressants que celui-ci.
Recommandation : 3 coeurs
Antoine Le Fur
Totem de Lila Avilés - Avec Naíma Senties, Montserrat Marañon, Marisol Gazé…
Sol, sept ans, va passer la journée dans la maison de ses grands-parents où se prépare une grande fête familiale pour l’anniversaire de son papa, qui est venu habiter là depuis qu’il est gravement malade. La petite fille n’a qu’une hâte : aller se blottir dans les bras de ce papa qu’elle aime tant. Mais on le lui refuse, sous le prétexte qu’il se repose. Il est, en fait, mourant. Dans la maisonnée, face à ce deuil imminent, l’atmosphère se tend, le gâteau brûle dans le four et des disputes sans importance éclatent entre les adultes désorientés. Sol comprend intuitivement que cet anniversaire ne sera pas comme les autres, que quelque chose va bientôt à tout jamais changer pour elle et pour les siens…
Pour son deuxième film, après le très remarqué La Camarista - il représenta le Mexique aux Oscars 2020 - Lila Avilés nous offre un film sensible et délicat sur les relations familiales, leurs rituels, leurs petits bonheurs et leurs grands chagrins, souvent générateurs de conflits et d’incompréhension. Son film est d’autant plus touchant que la cinéaste traite son sujet à la hauteur d’une petite fille aussi adorable que intuitive. Totem : la plus jolie découverte de la semaine.
Recommandation : 3 coeurs
Dominique Poncet
Rivière de Hugues Hariche - Avec Flavie Delangle, Sarah Bramms, Camille Rutherford…
Manon (Flavie Delangle) a dix-sept ans et est originaire de Suisse. Orpheline de mère, l’adolescente est à la recherche de son père. Suivant sa trace, elle débarque à Belfort, ville dans laquelle sa vie prend un nouveau tournant. Sportive et déterminée, Manon entrevoit la possibilité de réaliser enfin son rêve : celui de devenir joueuse de hockey professionnelle…
Premier long-métrage de Hugues Hariche, Rivière séduit dans sa manière d’aborder l’adolescence. Brillamment interprétée par l’épatante Flavie Delangle, l’héroïne du film rappelle les protagonistes des romans d’apprentissage. Au bout du chemin, il s’agit de devenir adulte. Si l’histoire se tient dans l’ensemble, on peut toutefois déplorer certaines intrigues périphériques qui ne sont pas forcément d’une grande utilité, à l’image de l’histoire autour de Karine, la patineuse artistique torturée. Des réserves qui n’enlèvent en rien les qualités de ce joli premier film.
Recommandation : 3 coeurs
Antoine Le Fur
L’art d’être heureux de Stefan Liberski - Avec Benoît Poelvoorde, Camille Cottin, François Damiens…
Poète sans le savoir, mais peintre convaincu, Jean-Yves Marchand (Benoît Poelvoorde) n’a jamais connu la gloire. Fatigué de cette absence de reconnaissance, il décide de changer de vie et part s’installer dans une maison isolée, non loin de la mer, dans la campagne normande. Son désir secret ? Concevoir un chef d'œuvre pour accéder, enfin, à la notoriété. Mais sa rencontre avec des artistes et notables locaux (Camille Cottin, François Damiens, Gustave Kervern…) va le faire dévier de son chemin…
Inspiré très librement de La Dilution de l’artiste, un roman signé Jean-Philippe Delhomme, le nouveau film de Stefan Liberski dresse le portrait d’un homme tout à la fois malheureux, désintéressé et hors sol, qui, sans le vouloir vraiment, va s’entourer d’une bande de copains généreux et joyeux, mais aussi très farfelus et sans grande ambition. Forcément, entre tout ce petit monde, ça va exploser, pour le meilleur et pour le rire.
En tête de distribution de cette comédie belge, et qui, patrie de Magritte oblige, frôle donc parfois le surréalisme, Benoît Poelvoorde. Au meilleur de sa fantaisie, le comédien donne le « la » de ce film, certes imparfait, mais ô combien touchant, sympathique et par moments très rigolo.
Recommandation : 3 coeurs
Dominique Poncet
Le Repli de Joseph Paris - Documentaire
Le cinéaste Joseph Paris et le militant des droits de l’homme Yasser Louati s’interrogent sur la notion du repli identitaire en France, des années 80 jusqu’à aujourd’hui. En analysant le discours politique et médiatique, tous deux réfléchissent à toutes ces libertés qui ne cessent de reculer…
C’est un film sans concession, qui bouscule le spectateur. Le Repli est un documentaire qui explore avec efficacité et précision cette problématique éminemment contemporaine du recul des libertés. Les témoignages s’enchaînent et dressent le bilan assez triste d’une société gangrenée par la montée des extrêmes. Malgré une radicalité parfois un peu trop prononcée dans le discours, le film de Joseph Paris reste une proposition cinématographique des plus singulières, notamment sur la forme. Un documentaire percutant.
Recommandation : 3 coeurs
Antoine Le Fur
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