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- Houria de Mounia Meddour. Avec Lyna Khoudri, Rachida Brakni, Nadia Kaci…
Houria (Lyna Khoudri) est une jeune danseuse qui vit à Alger. Femme de ménage le jour, elle participe à des paris clandestins la nuit, dans le but de gagner suffisamment d’argent afin de permettre à sa mère (Rachida Brakni) de s’acheter une nouvelle voiture. Mais un soir, Houria se fait violemment agresser par un homme et finit à l’hôpital. Désormais muette à la suite de ce terrible traumatisme, la jeune ballerine rejoint une communauté de femmes. Comme elle, ces dernières ont été blessées par la vie. Et comme elle, c’est par la danse qu’elles vont renaître…
Il y a quatre ans, la réalisatrice algérienne Mounia Meddour faisait sensation avec son magnifique Papicha, présenté dans la catégorie Un Certain Regard au Festival de Cannes. Récompensé en 2020 du César du meilleur premier film ainsi que celui du meilleur espoir féminin pour Lyna Khoudri, le film fut un vrai succès d’estime. Autant dire que celui qui allait suivre allait être particulièrement attendu au tournant. Et pour ceux qui se posent des questions, qu’ils se trouvent rassurés : Houria est un film bouleversant et vibrant d’humanité qui n’a pas à rougir de la comparaison avec Papicha. Ode à la résilience et à la féminité, ce beau portrait de femme(s) offre un nouveau rôle d’envergure à l’excellente Lyna Khoudri. En attendant un second César l’an prochain ?
Recommandation : 4 cœurs.
Antoine Le Fur
- CRAZY BEAR d'Elizabeth Banks - Avec Ray Liotta, Keri Russell
En 1985, une cargaison de cocaïne disparaît au cœur d’une forêt de la Georgie américaine après le crash de l’avion qui la transportait. On s’aperçoit qu’en fait, elle a été avalée par un ours brun. Rendu complètement fou par cette ingestion massive de drogue, l’ursidé se transforme en prédateur enragé et assoiffé de sang. C’est le point de départ d’un thriller haletant qui va rassembler, pêle-mêle, un groupe de flics mal assortis, des criminels, des touristes, des adolescents et des mères de famille terrorisées….
Basé sur un fait divers hallucinant survenu en 1985, cette comédie d’aventures nous embarque dans une virée à la fois déjantée et (faussement) horrifique où tout a été fait pour nous plonger dans une incroyable et amusante parodie de film gore. Ce réjouissant Crazy Bear est aussi l’occasion de voir le regretté Ray Liotta (Les Affranchis, Revolver…) dans son dernier rôle au cinéma.
Recommandation : 3 cœurs.
Dominique Poncet
- Sage-Homme de Jennifer Devoldere. Avec Karin Viard, Melvin Boomer, Steve Tientcheu… -
Léopold (Melvin Boomer) vient de rater le concours d’entrée en médecine. En guise de plan B, il décide de rentrer dans une école de sage-femmes, en prenant soin de cacher la vérité à ses proches. Sur place, le jeune homme découvre un univers qui vient bouleverser ses idées reçues, grâce à sa rencontre avec Nathalie (Karin Viard), une sage-femme haute en couleurs…
Voici près de treize ans que Jennifer Devoldère (Jusqu’à toi, Et soudain tout le monde me manque) n’avait pas signé de nouveau film. Pour son troisième long-métrage, la cinéaste française s’intéresse à l’univers des sage-femmes. L’idée intéressante est de montrer cet univers exclusivement féminin à travers les yeux d’un jeune homme. Si certains points du scénario laissent à désirer (le personnage de Karin Viard aurait mérité d’être davantage approfondi), Sage-Homme n’en demeure pas moins assez juste et émouvant sur le métier si précieux qu’est celui de sage-femme.
Recommandation : 3 cœurs
Antoine Le Fur
- A PAS AVEUGLES de CHRISTOPHE COGNET- DOCUMENTAIRE-
Dans des camps de concentration et d’extermination de la Seconde Guerre mondiale (Dachau, Buchenwald, Mittelbau-Dora, Ravensbrück et Auschwitz- Birkenau), une poignée de déportés ont risqué leur vie pour prendre des photos clandestines sur la réalité de la Shoah.
Depuis plus de quinze ans, le réalisateur français Christophe Cognet (L’Affaire Dominici par Orson Welles, Parce que j’étais peintre) scrutait ces clichés pris en secret par des prisonniers, au péril de leur vie. Il a eu l’idée de les mettre en lumière dans ce film bouleversant qui recompose un des pires épisodes de l’Histoire. Pour ce faire, il s’est adjoint l’aide d’historiens qui ont essayé de donner, avec le plus d’exactitude possible, des légendes à ces photos, évidemment très différentes de celles prises par les nazis eux-mêmes ou de celles prises par les Forces alliées à la libération des camps. A noter que pendant la préparation de son film, Christophe Cognet avait publié aux Editions du Seuil Éclats, prises de vue clandestines des camps nazis, un ouvrage que Le Monde des livres avait alors classé parmi les cinq meilleurs essais de l’année. Effroyable et saisissant
Recommandation : 4 cœurs.
Dominique Poncet
- Emily de Frances O’Connor. Avec Emma Mackey, Fionn Whitehead, Alexandra Dowling…
Angleterre, XIXème siècle. Emily Brontë (Emma Mackey) est une jeune femme exaltée dont l’anticonformisme contraste avec la rigueur et la discipline de ses sœurs Charlotte (Alexandra Dowling) et Anne (Amelia Gething). Furieusement romantique et indépendante, la future autrice des Hauts de Hurlevent peine à composer avec les codes imposés par la société de l’époque. Mais c’est justement les conflits et les accidents de la vie qui l’amèneront à écrire son unique roman, véritable monument de la littérature britannique…
Présenté dans plusieurs festivals internationaux (Toronto, Dinard…), Emily est un film qui témoigne de grandes qualités esthétiques et d’une vraie rigueur dans la reconstitution historique. Pour son premier long-métrage en tant que réalisatrice, l’actrice Frances O’Connor signe un film avec de beaux moments de grâce mais qui reste malheureusement trop académique de manière générale. Si les fans d’Emily Brontë ne manqueront pas d’être séduits, les novices de l’œuvre de la romancière anglaise seront quant à eux un peu plus circonspects. Et ce, malgré la composition impressionnante d’Emma Mackey dans le rôle de l'auteure des Hauts de Hurlevent.
Recommandation : 3 cœurs
Antoine Le Fur
- Toute la beauté et le sang versé- De Laura Poitras - DOCUMENTAIRE avec Nan Goldin
Jusqu’à présent la photographe américaine Nan Goldin était mondialement connue essentiellement pour avoir révolutionné l’art de la photographie en faisant voler en éclats, dans les années 80/90, les conventions jusque-là très glamour de son art. Ce qu’on savait moins, c’est que cette photographe anticonformiste, proche des milieux gays et festifs de Brooklyn s’était longtemps adonnée à la consommation d’opiacés et que pour s’en émanciper, elle avait pris de l’OxyContin, un anti-douleur à base d’opioïdes profondément addictif dont elle avait appris très vite qu’il avait causé une vague gigantesque et inédite de surdoses mortelles aux Etats-Unis. Aussitôt, la photographe avait créé un collectif pour dénoncer le laboratoire fabricant ce « médicament » : une entreprise détenue par les Sackler, une famille richissime reconnue comme grand mécène des principaux musées du monde, évidemment parfaitement au courant de la catastrophe sanitaire provoquée par son OxyContin. Pour l’artiste, les Sackler avaient créé un « art washing » pour se dédouaner de la mort de plus de 500 000 personnes. Une bataille s’engageait, qui allait aboutir à l’exclusion des Sackler de nombreux musées…
Lion d’Or à Venise, ce documentaire est magnifique, qui dresse le portrait d’une des plus célèbres photographes américaines, en retraçant, à travers elle, le combat sans merci mené pendant des années par de fervents activistes pour faire cesser la production d’un des médicaments les plus mortifères jamais créés et diffusés aux Etats-Unis. Servi par une mise en scène aussi puissante qu’esthétique, ce film, bien qu’un peu foutraque par moments, a une force de dénonciation dévastatrice. Passionnant.
Recommandation : 4 cœurs
Dominique Poncet
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