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Fêlés de Christophe Duthuron - Avec Pierre Richard, Charlotte de Turckheim, François Berléand, Bernard Lecoq…
À Marmande, l’Arc en Ciel est un authentique lieu associatif qui accueille des personnes bousculées par la vie. Ici, l’entraide et la solidarité sont des valeurs fondamentales. Mais le jour où une menace d’expulsion se fait concrète, un élan de solidarité s’organise autour de Pierre (Pierre Richard), le fondateur de ce lieu unique, afin d’empêcher sa fermeture…
Il est assez compliqué d’évoquer Fêlés, le nouveau film de Christophe Duthuron (Les Vieux Fourneaux). Si le sujet de départ est évidemment louable et que l’on ne doute pas de la sincérité du cinéaste, il est néanmoins regrettable de constater la pauvreté scénaristique de ce long-métrage un peu trop noyé sous les bons sentiments et une naïveté poussée à son paroxysme. Reste la performance plutôt sobre d’un Pierre Richard qui vient tout juste limiter la casse.
Recommandation : 2 cœurs
Antoine Le Fur
La belle affaire de Natja Brunckhorst- Avec Sandra Hüller, Max Riemelt, Ronald Zehrfeld, Ursula Werner…
1990. En pleine réunification des deux Allemagne, les ouvriers d’une cité d’une petite ville de l’ex-RDA se retrouvent sans emploi. Presque par hasard, trois d’entre eux découvrent dans une galerie souterraine, la planque de milliers de billets de banque de leur ancien pays voués à être détruits. Ils ont trois jours pour s’en emparer et trouver le moyen de les convertir en deutsche marks. Par idéologie, ils vont mettre dans leur combine tous les habitants de leur cité. Ce « coup » sans précédent se soldera-t-il par une « belle affaire » ?
Pour son deuxième film en tant que réalisatrice, Natja Brunckhorst (L’Ordre des choses) propose un film choral inspiré d’une histoire rocambolesque mais vraie : celle de plusieurs cambriolages d’anciens billets de banque émis par la RDA, pendant cette période chaotique de l’année 1990 qui accompagna la réunification allemande. Mise à part sa fin qui dérape dans l’invraisemblable, cette comédie sociale autour de l’argent, du partage et du vivre ensemble dans les pays de l’ex bloc communiste est très réussie. Sa narration et sa reconstitution de la vie en RDA en 1990 sont impeccables, et son interprétation, portée par deux acteurs allemands à la carrière internationale (Sandra Hüller et Max Riemelt) menée tambour battant. A voir .
Recommandation : 4 coeurs
Dominique Poncet
La nuit se traîne de Michiel Blanchart - Avec Jonathan Feltre, Natacha Krief, Jonas Bloquet…
Mady (Jonathan Feltre) est étudiant le jour et serrurier la nuit. Un soir, il est appelé par une certaine Claire (Natacha Krief) pour faire un dépannage. Le jeune homme ne se doute pas qu’il va ouvrir la mauvaise porte, qui va le conduire à collaborer étroitement avec le milieu du grand banditisme afin de se sauver d’une situation périlleuse…
Premier long-métrage du cinéaste belge Michiel Blanchart, La Nuit se traîne ne manque pas d’efficacité. Film d’action au rythme trépidant, il ne laisse pas une minute de répit aux spectateurs, emportés dans la folle course de Mady, brillamment interprété par la révélation Jonathan Feltre. Malgré quelques maladresses scénaristiques, il serait dommage de passer à côté de cette bonne surprise de la rentrée cinématographique.
Recommandation : 3 cœurs
Antoine Le Fur
La Prisonnière de Bordeaux de Patricia Mazuy- Avec Isabelle Huppert, Hafsia Herzi…
Grande bourgeoise solitaire et un peu « perchée », Alma (Isabelle Huppert) n’a, en apparence, rien de commun avec Mina, une jeune mère d’un milieu social défavorisé (Hafsia Herzi). Et pourtant, sans le savoir, toutes les deux partagent d’avoir leur mari respectif enfermé dans la même prison. A l’occasion d’un parloir, elles finissent par se rencontrer. S’engage alors entre elles une amitié improbable, sans cesse remise en question par leur différence de classe sociale et leur tendance à la cachotterie, pour des raisons diamétralement opposées. De quoi chacune d’entre elles se sent-elle prisonnière à Bordeaux?…
Faire dialoguer deux êtres enfermés dans une vie différente et que tout oppose : l’idée était formidable. Malheureusement, Patricia Mazuy, pourtant secondée par François Bégaudeau pour le scénario, n’a pas su éviter les pièges de ce genre de face à face : elle surligne trop et tombe dans les stéréotypes. On échappe pourtant à l’ennui grâce à Isabelle Huppert et Hafsia Herzi qui portent son film avec la singularité qui leur est propre: Après Les Gens d’à côté d’André Téchiné, c’est la deuxième fois que les deux comédiennes se donnent cette année la réplique. Leur duo vaut le déplacement. Il est magnifique.
Recommandation : 3 cœurs
Dominique Poncet
Dreaming walls de Maya Duverdier et Joe Rohanne- documentaire
Le Chelsea Hotel est un bâtiment incontournable à New York. Repère des artistes et de la contre-culture, il se transforme peu à peu en un hôtel de luxe. Alors que les travaux du chantier avancent, ses derniers résidents tentent de se réinventer malgré un avenir incertain…
Leonard Cohen, Janis Joplin, Milos Forman… Autant d’artistes qui ont marqué l’histoire du mythique Chelsea Hotel, véritable temple de l’avant-garde à New York. Le passionnant documentaire Dreaming Walls réussit à saisir de manière assez fine ce qui a fait le charme d’un tel lieu. Sans être passéiste, le film de Maya Duverdier et Joe Rohanne se révèle être une chronique plutôt intéressante sur une époque en passe d’être révolue. Tout n’était pas mieux avant, mais quand même.
Recommandation : 3 cœurs
Antoine Le Fur
Paradise is Burning de Mika Gustafson - Avec Bianca del Bravo, Dilvin Asaad, Safira Mossberg…
Dans une banlieue ouvrière de Suède, trois sœurs abandonnées par leur mère sont livrées à elles-mêmes. C’est l’aînée, Laura, seize ans, qui s’occupe des deux plus petites, Mira, douze ans et Steffi, sept. Quand le film commence, entre chapardages dans les magasins et balades aquatiques dans les piscines des voisins, le trio, bien soudé, semble plutôt bien se débrouiller. Mais un jour les services sociaux s’en mêlent. Par peur que ses sœurs et elle se retrouvent dispersées dans différentes familles d’accueil, Laura va chercher désespérément quelqu’un qui accepte de jouer le rôle de leur mère. Elle va rencontrer une voisine, au comportement ambigu…
Des fratries (en l’occurrence, ici, une sororie) dans l’obligation de se prendre en charge elles-mêmes par suite de la désertion de leurs parents…Le sujet n’est pas inédit au cinéma. Ce qui est nouveau dans ce film, le premier de la suédoise Mika Gustafson, c’est la manière d’en parler sur un rythme trépidant, souvent imposé par des musiques entraînantes. Dans ce Paradise is burning, toutes les scènes s'enchaînent à toute allure, comme pour nous faire comprendre que le meilleur remède aux manques affectifs de l’enfance et de l’adolescence serait de (faire semblant de) s’amuser de tout et surtout, de traverser sa vie le plus vite possible. On sort de ce récit, ému par la personnalité si combative de ses héroïnes, impressionné par l’énergie que dégage sa mise en scène, bluffé aussi par la performance de ses trois jeunes comédiennes principales.
Recommandation: 4 cœurs
Dominique Poncet
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