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Les Tortues de David Lambert - Avec Olivier Gourmet, Dave Johns, Brigitte Poupart...
Henri (Olivier Gourmet) et Thom (Dave Johns) forment un couple amoureux depuis 35 ans et vivent à Bruxelles. Mais le jour où Henri prend sa retraite de policier, les choses se gâtent. Les deux hommes constatent que les sentiments des débuts ne sont plus là. Désespéré, Thom se décide à demander le divorce, malgré l’amour qu’il éprouve toujours pour son conjoint…
Il y a une sensibilité évidente dans le cinéma de David Lambert (Hors les murs, Je suis à toi…). Pour son quatrième long-métrage, le réalisateur belge s’intéresse ici à la fin d’un amour entre deux hommes. Cocasse à certains moments, le film se révèle surtout incroyablement émouvant, magnifié par certaines scènes qui restent longtemps en tête (à l’image de ce passage où la chanson Haut les mains du groupe Ottawan est revisitée en version piano-voix sur une scène de cabaret). Sans oublier les interprétations grandioses d’Olivier Gourmet et Dave Johns, excellents en amoureux en manque de passion. C’est ce que l’on appelle un beau film.
Recommandation : 4 cœurs
Antoine Le Fur
Rapture de Dominic Sangma - Avec Torikhu A. Sangma, Handam R. Marak, Celestine K. Sangma…
Au Nord-Est de l’Inde, dans un village du Meghalaya, plusieurs jeunes hommes disparaissent mystérieusement pendant la nuit. Alors que les plus âgés accusent de kidnapping les étrangers de passage, le prédicateur chrétien y voit les prémices d’une apocalypse de 40 jours et 40 nuits qui plongera les habitants du village dans l’obscurité. A travers les yeux de Kasan, un garçon de 10 ans souffrant de cécité nocturne, les forêts alentour n’ont jamais paru si terrifiantes . Il va pourtant aller les explorer…
Inspiré d’un évènement ayant réellement eu lieu il y a quelques années (au sein de la tribu Garo, le lynchage d’un homme, du seul fait qu’il était étranger), Rapture, deuxième film du réalisateur Dominic Sagma, traite de la peur de l’Autre et surtout de la façon dont certains, notamment les religieux, utilisent et exacerbent ce sentiment dans les villages indiens pour asseoir leur influence. Visuellement magnifique (l’obscurité, si mystérieuse, de la nuit, notamment, est filmée comme rarement), tourné en garo dans le village natal de son réalisateur (Le petit Kasan du film, c’est lui !), Rapture est un thriller social qui, sans mièvrerie aucune, délivre, un message humaniste contre la xénophobie et la peur de l’Autre. Beau et prenant.
Recommandation: 3 coeurs
Dominique Poncet
Les Trois Fantastiques de Michaël Dichter - Avec Diego Murgia, Raphaël Quenard, Emmanuelle Bercot…
Max (Diego Murgia), Vivian (Benjamin Tellier) et Tom (Jean Devie) sont trois adolescents inséparables. En ce début d’été, dans leur ville des Ardennes minée par la précarité, le trio d’amis continue de vivre dans la plus totale insouciance. Mais le jour où Seb (Raphaël Quenard) sort de prison et reprend ses combines, le bel équilibre entre ces jeunes garçons va peu à peu venir se fissurer…
Connu pour ses courts-métrages (À cave ouverte, Pollux…), Michaël Dichter passe au long-métrage avec Les Trois Fantastiques. Entre thriller et film social, cette jolie proposition cinématographique fait évidemment songer à certains films américains (Stand By Me, Les Goonies…) dans sa description de la jeunesse et de certaines amitiés indéfectibles. Malgré un scénario parfois assez maladroit et qui manque d’une ligne directrice évidente dans sa seconde partie, ces Trois Fantastiques sont tout de même à découvrir, ne serait-ce que pour découvrir les prometteurs Diego Murgia, Benjamin Tellier et Jean Devie.
Recommandation : 3 cœurs
Antoine Le Fur
Reines de Yasmine Benkiran - Avec Nisrine Erradi, Nisrine Benchara, Rayan Guaran…
Casablanca, Maroc. Une voleuse et arnaqueuse en tous genres évadée de prison, sa fille, qu’elle a réussi à faire sortir d’un centre de protection de l’enfance, et aussi la conductrice d’un camion qu’elle a prise en otage pour échapper aux flics… C’est le début d’un road movie rocambolesque qui va être mené tambour battant à travers l’Atlas pour rejoindre le Grand Sud et la mer…
Comment ne pas penser au Thelma et Louise de Ridley Scott (1991) devant ce film d’une folle cavale d’un trio féminin à travers les splendides paysages de l’Atlas marocain. Il en a l’esprit (bravache), le rythme (rock n’roll), l’énergie (indomptable), l’inventivité (inépuisable) et la beauté formelle. Il en a aussi l’insolence gouailleuse, d’autant plus jubilatoire qu’il se déroule dans un pays placé sous le joug du patriarcat. Avec tous ces atouts, il n’est pas étonnant que Reines, le premier film de Yasmine Benkiran ait été sélectionné à la 79° Mostra de Venise.
Recommandation : 4 coeurs
Dominique Poncet
The Palace de Roman Polanski - Avec Mickey Rourke, Fanny Ardant, Joaquim de Almeida…
31 décembre 1999. Dans un grand hôtel niché au cœur des Alpes Suisses, les préparatifs vont bon train pour préparer le réveillon vers le nouveau millénaire. Le personnel de cet établissement prestigieux est dans les starting-blocks pour réserver une soirée d’anthologie à ses clients fortunés. Hélas, ces derniers se révèlent tous plus instables et hystériques les uns que les autres…
Cinéaste désormais persona non grata du septième art à l’heure de la libération de la parole et de #MeToo, Roman Polanski continue néanmoins de faire des films. Et ce n’est pas forcément une bonne chose. Il faut bien évidemment différencier l’homme de l’artiste. Sauf que l’artiste, ici, n’est clairement plus inspiré. Film vulgaire, grotesque et d’une stupidité confondante, The Palace laisse surtout un sentiment de tristesse au spectateur, désolé de voir les pauvres Mickey Rourke, Fanny Ardant et consorts se vautrer dans la bêtise et le mauvais goût. Il ne reste plus qu’à espérer que cet ovni cinématographique, indigne de Roman Polanski, ne soit pas son chant du cygne.
Recommandation : 1 cœur
Antoine Le Fur
La Morsure de Romain de Saint-Blanquat - Avec Léonie Dahan-Lamort, Lilith Grasmug, Cyril Metzger…
1967, pendant le Mardi gras. Pensionnaire dans un lycée catholique, Françoise, 17 ans (Léonie Dahan-Lamort, formidable découverte) , est persuadée qu’il ne lui reste plus qu’une seule nuit avant de mourir. Pour profiter à plein de ce qu’elle pense être ses dernières heures, elle convainc Delphine, sa meilleure amie (Lilith Grasmug, sensationnelle elle aussi), de faire le mur et de se rendre à un bal costumé organisé par des jeunes gens dans une villa abandonnée au milieu des bois. La nuit va être riche d’émotions qu’elle ne soupçonnait pas…
Pour son premier film, le jeune Romain de Saint-Blanquat replonge dans les années 60 pour nous offrir un récit sur le passage d’une jeune fille à l’âge adulte. Un récit très personnel puisqu’il le traite à la manière d’ un conte fantastique. Malgré quelques maladresses de scénario, La Morsure envoûte par son ton, sa beauté crépusculaire, son étrangeté poétique et son incitation, si singulière, à vivre sa vie plutôt que de la rêver, en dépit des risques et des angoisses. Romain de Saint-Blanquat est assurément un cinéaste à suivre.
Recommandation : 3 coeurs
Dominique Poncet
Roqya de Saïd Belktibia - Avec Golshifteh Farahani, Jérémy Ferrari…
Dans une ville de la Seine-Saint-Denis, Nour (Goldshifteh Farahani, impressionnante d’engagement), mère divorcée d’Amine, vit de la contrebande d’animaux exotiques qu’elle revend ensuite à des guérisseurs du mal musulman. Un jour, une consultation chez l’un d’ entre eux dérape, et voilà Nour, injustement accusée de sorcellerie. Pourchassée par les habitants du quartier, séparée de son fils, elle se lance dans une course effrénée pour le récupérer et aussi pour prouver son innocence.
Pour sa première incursion dans le monde du long métrage de cinéma, Saïd Belktibia, membre du collectif Kourtrajmé, a choisi le thriller pour dénoncer les fondamentalismes religieux dont les femmes sont, en grande majorité, les premières victimes. Pour enfoncer le clou, le primo-cinéaste a choisi comme interprète principale de son film, une comédienne chassée de son pays (l’Iran), par les religieux obscurantistes: la prodigieuse et charismatique Golshifteh Farahani. Malgré un scénario parfois trop touffu, Roqya est d’une belle efficacité quant à la dénonciation du retour du religieux, qui ferme aux femmes la porte de la liberté. Un peu confus, mais courageux et haletant. Avis à ses fans : Jérémy Ferrari fait ici sa première apparition au cinéma, dans un rôle à contre-emploi!
Recommandation : 3 coeurs
Dominique Poncet
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