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Et aussi
- Past Lives - Nos vies d’avant de Céline Song - avec Greta Lee, John Magaro, Tee Yoo…
Nora (Greta Lee) et Hae Sung (Teo Yoo) se connaissent depuis l’enfance. Séparés par la vie, ils se retrouvent à l’âge de trente ans. Ces retrouvailles vont les amener à se confronter à ce qu’ils auraient pu être et à ce qu’ils pourraient devenir…
Présenté lors de la dernière édition de la Berlinale, Past Lives – Nos vies d’avant est certainement l’un des plus jolis films de cette fin d’année. Pour son premier long-métrage, la dramaturge Céline Song arrive à mêler avec une certaine habileté l’intime et le romanesque, en proposant un récit qui s’étire sur dix ans. Délicat sans jamais verser dans l’artificiel, ce mélodrame sans fioritures est l’une des belles surprises de ce mois de décembre.
Recommandation : 4 coeurs
Antoine Le Fur
- Winter break d’Alexander Payne - Avec Paul Giamatti, Dominic Sessa, Carrie Preston, Tate Donovan…
Professeur d’histoire ancienne dans un prestigieux pensionnat pour garçons, Paul Hunham (Paul Giamatti), est détesté par tous. Et pour cause : vieux garçon bougon et réac, il ne passe rien à ceux qui l’entourent, élèves comme enseignants. Les vacances de Noël approchant, il est désigné pour surveiller les élèves délaissés par leurs parents, qui se résumeront finalement à un seul : Angus, un étudiant brillant mais perturbateur (Dominic Sessa). Le face à face entre le prof et l’élève s’annonce d’autant plus houleux, que ni l’un ni l’autre ne pourront compter sur la cuisinière pour mettre du liant entre eux, cette femme (Da’Vine Joy Randolph) étant trop chamboulée par la mort de son fils au Vietnam…Au bout du compte, c’est la rencontre de trois personnages blessés et solitaires que va mettre en scène ce récit mélancolique, touchant et drôlatique où, à mille lieues du cynisme et du communautarisme triomphants de notre époque, la solidarité va s’installer dans son trio au départ si désaccordé. Comment résister à cette comédie dramatique, tendre et nostalgique , ciselée avec la perfection de celles que l’Amérique des années 70 (celle des Bob Rafelson ou Hal Ashby) savait si bien tricoter. Pour Winter break, qui s’inspire de Merlusse, de Marcel Pagnol (cocorico!) et du Cercle des poètes disparus de Peter Weir, Alexander Payne (Sideways, Nebraska, Monsieur Schmidt) est revenu au meilleur de son (grand) talent. Sa mise en scène est classique, très classique ? Oui, et tant mieux : c’est un plus qui ajoute à son charme, pas si désuet d’ailleurs qu’il en a l’air. Réconfortant, nécessaire, délicieusement rétro.
Recommandation : 4 coeurs
Dominique Poncet
- Rue des dames de Hamé Bourokba et Ekoué Labitey - Avec Garance Marillier, Bakary Keita, Amir Bettayeb…
Mia (Garance Marillier) a 25 ans et travaille dans un salon de beauté à Paris, dans le dix-huitième arrondissement. Lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte de son petit ami Nabil (Brahim Bettayeb) en liberté conditionnelle, sa vie bascule. Devant trouver en urgence un appartement, la jeune femme monte une combine impliquant des clientes du salon, un footballeur-star, le tout sur fond de soirées privées…
On ne doute pas des bonnes intentions de Hamé et Ekoué. Avec Rue des Dames, le tandem signe une chronique qui, malheureusement, ne convainc pas. Totalement décousu et sans queue ni tête, le scénario déçoit. Et ce n’est pas au niveau de la mise en scène, assez inexistante, que les choses s’arrangent. Long-métrage finalement assez anecdotique, Rue des Dames peine à rester dans les esprits malgré une nouvelle composition intéressante de l’épatante Garance Marillier.
Recommandation : 2 cœurs
Antoine Le Fur
- Sergent Major Eismayer de David Wagner- avec Gerhard Liebmann, Luka Dimic, Julia Koschitz…
Regard d’aigle, poigne de fer, ordres, contre-ordres et punitions faciles,… Le sergent-major Charles Eismayer (Gerhard Liebmann) mène son monde à la baguette. A un point tel qu’il est devenu l’instructeur le plus redouté de l’armée autrichienne, le plus détesté aussi. Personne ne s’en doute à la caserne où il est affecté, mais lorsqu’il rentre chez lui, l’implacable sous-officier est pourtant capable de témoigner de la tendresse à ses enfants ; paradoxalement, un peu moins à sa femme, qu’il ne maltraite pas, mais qu’il semble fuir. Quelque chose ne va pas chez Charles Eismayer, mais quoi ? La vérité finit par se faire jour. A cause de Mario (Luka Dimic), une nouvelle recrue qui affiche ouvertement son homosexualité sans que son courage et sa discipline en soient jamais altérés, Charles Eismayer va être contraint de faire son coming out. Des « PD » à l’armée, comme le dit à un moment, sans prendre de pincettes, un gradé de l’armée ? En fait, oui… Et même pour le meilleur puisque le « terrifiant » Major va finir par épouser Mario en grande pompe dans la cour de la caserne…
Aussi incroyable que cela puisse paraître, cette histoire est inspirée d’une histoire vraie.Tombé dessus par hasard en 2014, le réalisateur David Wagner a décidé d’en faire un film. Réalisé avec rigueur et efficacité, joué avec un engagement impressionnant par les deux interprètes de ses deux principaux protagonistes, Sergent-major Eismayer met à mal les idées préconçues sur la masculinité et se regarde autant comme une romance que comme une leçon de vie, de courage et d'humanité. Pas étonnant qu’il ait été récompensé dans de nombreux festivals (il a notamment obtenu le Prix du public au festival des Arcs). Magnifique et captivant.
Recommandation : 3 cœurs
Dominique Poncet
- Sirocco et le royaume des courants d’air de Benoît Chieux . Animation.
Juliette (Loïse Charpentier) et Carmen (Maryne Bertieaux) sont deux jeunes sœurs intrépides. Un beau jour, elles découvrent un passage secret les entraînant vers le Royaume des Courants d’air, leur livre favori. Transformées en chats, elles devront faire preuve d’ingéniosité afin de rejoindre le monde réel, en s’aidant du concours de la cantatrice Selma (Aurélie Konaté) et du mystérieux Sirocco (Pierre Lognay)… Couronné du Prix du Public lors du dernier festival d’Annecy, Sirocco et le Royaume des courants d’air de Benoît Chieux est une merveille d’animation. Poétique et envoûtant, ce long-métrage qui lorgne du côté de Hayao Miyazaki bénéficie d’un scénario qui regorge de surprises. D’une grande beauté, le film séduira les petits comme les plus grands. Une excellente idée de sortie en famille pour les vacances de Noël !
Recommandation : 5 cœurs
Antoine le Fur
- Sea Sparkle de Domien Huyghe- Avec Saar Rogiers, Dunia Elwaleed, Sverre Rous…
Un soir de forte tempête sur la mer du Nord , trois pêcheurs flamands, pourtant marins aguerris, font naufrage au large d’Ostende et sont engloutis par les flots en furie. Refusant cette fatalité, la fille de l’un d’entre eux, Léna, une pré-ado passionnée de navigation elle-aussi se persuade que l’accident a été causé par un monstre errant dans le fond de l’océan, un monstre qui un jour, finira par lui rendre son père adoré. Entre deux séances de skate avec ses copains, elle va entamer une enquête au bout de laquelle, acculée à l’évidence, elle parviendra à faire taire sa colère, admettre l’inconcevable et commencer enfin son deuil. Un sujet délicat rarement traité avec autant de pudeur sur grand écran (l’acceptation du deuil chez les enfants), un don du cadre et de la lumière, un vrai sens du casting et un sens aigu de la direction d’acteurs… Il n’est pas étonnant qu’avec ces atouts, le réalisateur belge Domien Huyghe ait réussi son premier long métrage. Puissent les sorties de films les plus médiatisées de la semaine ne pas phagocyter entièrement la curiosité des spectateurs, laisser à ce Sea Sparkle, accueilli au dernier festival de Berlin, la chance d’être vu.
Recommandation: 3 coeurs
Dominique Poncet
- The Survival of kindness de Rolf de Heer- Avec Mwajemi Hussein, Deepthi Sharma, Darsan Sharm…
Au milieu du désert, sous un soleil de plomb, une femme (Mwajemi Hussein) est abandonnée dans une cage. Déterminée, elle parvient à s’en échapper et s’aventure dans un monde en désolation. Ce périple la conduira petit à petit aux frontières de l’humanité…
The Survival of Kindness est une véritable expérience de cinéma. Il convient de le préciser d’entrée de jeu aux spectateurs. Ceux qui s’attendront à un film classique seront forcément déçus. Pour apprécier le nouveau long-métrage du réalisateur australien Rolf de Heer (Charlie’s Country), il faut accepter de s’abandonner à une narration atypique et à un récit presque entièrement silencieux. Si l’ensemble est parfois un peu bancal, il n’en reste pas moins que The Survival of Kindness est l’un de ces ovnis du cinéma qu’il serait dommage de laisser passer.
Recommandation : 3 cœurs
Antoine Le Fur
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