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Et aussi
- Goodbye Julia de Mohamed Kordofani- Avec Eiman Yousif, Siran Riak, Nazar Goma…
Mona (Eiman Yousif) est une riche soudanaise musulmane vivant dans le Nord du Pays. Julia (Siran Riak) est quant à elle une soudanaise chrétienne, totalement démunie après la mort de son mari, qui habite dans le Sud du Pays. Ces deux femmes que tout oppose vont pourtant, à la suite d’un concours de circonstances, se rencontrer et se lier d’amitié…
Présenté dans la catégorie Un Certain Regard lors du dernier Festival de Cannes, Goodbye Julia est un film qui démarre tambour battant. S’appuyant sur les événements qui ont conduit à la sécession du Soudan en juillet 2011, le long-métrage de Mohamed Kordofani évoque un pays au bord de l’implosion à travers les destins de deux femmes, magnifiquement interprétées par Siran Riak et Eiman Yousif. Dommage cependant que le reste du film, en pilotage automatique, ne soit pas au même niveau que les premières scènes qui laissaient augurer une jolie pépite cinématographique.
Recommandation : 3 cœurs
Antoine Le Fur
- Five nights at Freddy’s d’Emma Tammi. Avec Josh Hutcherson, Elizabeth Lail, Kat Conner Sterling…
Mike (Josh Hutcherson) est un jeune homme perturbé qui ne peut s’empêcher de repenser à la disparition inexpliquée de son petit frère, des années plus tôt. Sans emploi, il s’occupe de sa petite sœur Abby (Piper Rubio). Pour ne pas en perdre la garde, il accepte un travail de gardien de nuit dans une pizzeria désaffectée, le Freddy Fazbear’s Pizzeria. Très vite, il se rend compte que des événements surnaturels agitent ce lieu peuplé de mystères…
Adaptation des jeux vidéo du même nom, Five Night’s At Freddy’s demeure un film d’horreur assez efficace. Dès les premières minutes, la cinéaste Emma Tammi installe une ambiance angoissante qui ne manque pas d’effrayer le spectateur. Malheureusement, à mesure que le long-métrage avance, le scénario se révèle assez peu intéressant et même assez grotesque dans son dernier tiers. Un film d’horreur à conseiller (surtout) aux fans du genre.
Recommandation : 2 cœurs
Antoine Le Fur
- La passion de Dodin Bouffant de Tran Anh Hung- Avec Juliette Binoche, Benoît Magimel, Emmanuel Salinger…
En cette fin du XIX° siècle, retiré dans son magnifique manoir angevin, Dodin Bouffant (Benoît Magimel) cultive ses deux amours : la gastronomie et Eugénie, la cuisinière (Juliette Binoche) qui lui concocte ses menus, tous plus délicieux et raffinés les uns que les autres. Entre le fin gourmet et celle qui lui mitonne ses plats, se noue, au fil du temps, une relation physique passionnée, qui prend sans aucun doute sa source dans la passion commune que ces deux êtres-là ont développée pour les arts, si sensuels, de la table. Leur vie se déroule au rythme à la fois paisible et intense, de la préparation des repas que vient déguster un cercle restreint d’habitués du salon de Dodin. Seule ombre au tableau pour ce dernier : Il n’arrive pas à convaincre Eugénie de se marier. Pour la faire céder, il va se mettre à son tour aux fourneaux…
Le réalisateur français d’origine vietnamienne serait-il un amateur prosélyte de la bonne chère ? Trente ans après L’Odeur de la papaye verte (Caméra d’or à Cannes en 1993) dans lequel la cuisine occupait déjà une place centrale, il revient avec ce film, sans équivalent, conçu comme une ode à la gastronomie. Inspiré du roman La vie et la passion de Dodin Bouffant du suisse Marcel Rouff, paru en 1924, son récit se déroule essentiellement dans une vaste cuisine dont les casseroles, étincelantes du cuivre dont elles sont faites, servent à faire mijoter des plats mirifiques qui mettent les papilles en émoi. C’est si magnifique, si admirablement cadré et photographié (le directeur photo doit être un fan des toiles de Manet et de Fantin-Latour) qu’on a l’impression que le cinéaste a réussi à donner chair et odeur ( oui, odeur !) à ses images. Est-ce en raison de cet ensorcellement que ce dernier s’est cru dispensé, par moments, d’étayer son film de dialogues ? Aussi visuellement sublimes soient-elles, et en dépit de la présence de ce duo phénoménal d’acteurs que forment Juliette Binoche et Benoît Magimel, certaines séquences (surtout la première) semblent s’étirer…. C’est son esthétisme impressionnant qui a valu à ce récit hautement savoureux de rafler le Prix de la mise en scène à Cannes en mai dernier. C’est grâce à lui aussi qu’il a été sélectionné pour représenter la France aux prochains Oscars. Raffiné, hypnotique mais…un peu longuet (2h14).
Recommandation : 3 coeurs
Dominique Poncet
- Simple comme Sylvain de Monia Chokri- Avec Magalie Lépine-Blondeau, Pierre-Yves Cardinal, Monia Chokri
Professeur de philosophie à l’université de Montréal, Sophia vit en couple depuis dix ans avec Xavier, enseignant lui aussi, mais de sciences politiques. Sur le plan des idées, ça marche plutôt bien entre eux, mais pour le reste, c’est plutôt la routine… Un jour, Monia se rend dans les Laurentides, pour faire rénover leur maison de campagne. Rendez-vous est pris avec Sylvain, un charpentier. Entre l’intello et le travailleur manuel, le coup de foudre est immédiat. Sophia quitte Xavier et s’installe avec Sylvain. Mais ces deux-là, qui sont issus de milieux radicalement différents, sauront-ils s’aimer durablement?…
Après le cinglant La Femme de mon frère en 2019 et le très mordant Babysitter en 2020, la réalisatrice canadienne Monia Chokri nous offre une délicieuse « rom-com » (comédie romantique) sur le couple et le désir, en profitant au passage pour ridiculiser le mépris de classe. Traversé par un humour acidulé, Simple comme Sylvain est servi par des comédiens formidables, en tête desquels la très subtile et sensuelle Magalie Lépine-Blondeau dans le rôle de Sofia, et Pierre-Yves Cardinal dont la virilité charmeuse et la bonne humeur bonhomme font merveille dans celui de Sylvain. Projeté en première mondiale à Cannes dans la section Un certain regard, il a ensuite été sélectionné dans plusieurs festivals dont celui de Cabourg dont il est reparti avec deux Prix… Pétillant et malin.
Recommandation : 4 cœurs
D. Poncet
- Pierre feuille pistolet de Maciek Hamela- Documentaire
À bord d’un van qui sillonne l’Ukraine, le cinéaste polonais Maciek Hamela aide l’évacuation d’habitants qui souhaitent fuir leur pays depuis l’invasion de la Russie. Au sein de ce véhicule, ces femmes et hommes, qui laissent tout derrière eux, se confient en espérant secrètement qu’une nouvelle vie sera désormais possible pour eux et leurs enfants…
Présenté à l’ACID lors du dernier Festival de Cannes, le documentaire de Maciek Hamela est un film nécessaire, éclairant d’un angle original la guerre en Ukraine. En choisissant de filmer des habitants contraints à l’exil à l’intérieur d’une camionnette, le cinéaste fait entendre de bouleversants récits de vie. Hélas, le dispositif scénique tend à s’essouffler et le film a parfois du mal à tenir sur la longueur. Reste une œuvre éminemment utile sur l’une des plus grandes catastrophes de notre époque.
Recommandation : 3 cœurs
Antoine Le Fur
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