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- Déserts de Faouzi Bensaïdi- Avec Fehd Benchemsi, Abdelhadi Talbi, Rabii Benjhaile…
Habillés d’un costume-cravate inattendu, deux employés d’une agence de recouvrement de Casablanca arpentent les villages du Sud marocain pour tenter de soutirer de l’argent à des familles déjà sur-endettées… Ce pourrait être tragique, si dès les premiers plans de ce film épopée, le burlesque et le loufoque ne venaient prendre le dessus de la violence insupportable du racket pratiqué par les deux arnaqueurs. Il va s’en suivre une petite série de scènes, toutes plus désopilantes les unes que les autres, où nos deux anti-héros vont, comme les Pieds Nickelés, se prendre les pieds dans le tapis de leurs petites arnaques qui vont se révéler… foireuses. Et puis, surprise ! Nos deux zozos croisent la route d’un prisonnier affamé de vengeance. En échange d’une récompense, ils acceptent de reconduire ce dernier aux Autorités. Le film va alors basculer dans le western, tragi-comique aussi, évidemment, mais avec, en plus, une touche d’onirisme…
Pour son cinquième film de fiction, Faouzi Bensaïdi a fait preuve d’audace. Pour dénoncer ces deux grands maux de la société marocaine que sont la pauvreté et le patriarcat, il a choisi le burlesque, l’absurde et l’irrationnel. Et ça marche ! Parce que son scénario est imparable, ses interprètes, hors pair, ses dialogues, au cordeau, et que, « plastiquement », il est impeccable. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en mai dernier, Déserts avait reçu, à juste titre, un accueil enthousiaste. Il mériterait de faire une belle carrière en salles. Gonflé et séduisant.
Recommandation : 4 cœurs
Dominique Poncet
- Acide de Just Philippot- Avec Guillaume Canet, Laetitia Dosch, Patience Munchenbach, Marie Jung…
Selma (Patience Munchenbach) est une adolescente introvertie qui vit tant bien que mal la séparation de ses parents, Michal (Guillaume Canet) et Élise (Laetitia Dosch). Malgré des liens distendus, la famille va devoir s’unir de nouveau lorsqu’une terrible catastrophe climatique s’abat sur la France. Alors que des pluies acides se multiplient, Selma et ses parents luttent pour leur survie dans un monde en péril…
En 2020, Just Philippot faisait une entrée fracassante dans le cinéma français avec La Nuée, thriller rural à la lisière du fantastique. Trois ans plus tard, force est de reconnaître que le cinéaste n’a rien perdu de son potentiel. Acide est un film proprement incroyable sur le plan formel. Même si le scénario s’égare un peu dans sa deuxième partie, le spectateur reste impressionné par une telle proposition de cinéma, aussi audacieuse que singulière. L’une des plus grandes claques de cette rentrée.
Recommandation : 4 cœurs
Antoine Le Fur
- L’Arbre aux papillons d’or de Pham Thien An- Avec Le Phong Vu, Nguyen Thi Truc Quynh…
Après la mort de sa belle-soeur dans un accident sur la route de Saïgon, Thien se voit confier la tâche de ramener son corps dans leur village natal. Il y emmène également son neveu Dao, cinq ans, qui a miraculeusement survécu. C’est l’occasion pour Thien de partir à la recherche de son frère, le père du jeune orphelin, disparu depuis des années. Débute alors une odyssée au cœur de la nature vietnamienne, qui va emmener Thien sur ses terres natales et le faire renouer avec sa foi. Un voyage magnifique, composé de séquences d’une force poétique rare…
Des images du territoire vietnamien d’une beauté éblouissante pour porter un récit teinté de mysticisme, naviguant, sans cesse, aux confins de la fiction et de la réalité… Écrit et réalisé avec une maîtrise remarquable par le jeune Pham Tien An, L’Arbre aux papillons d’or a remporté la Caméra d’Or - qui récompense un Premier film - au dernier festival de Cannes. Un Prix mérité étant données la beauté et la singularité de ce road-trip. Dommage qu’il s’étire sur trois heures, qui paraissent parfois longuettes. Impressionnant quand même .
Recommandation : 3 coeurs.
D. Poncet
- Les feuilles mortes d’Aki Kaurismäki- Avec Alma Pöysti, Jussi Vatanen…
Ansa (Alma Pöysti) et Holappa (Jussi Vatanen) sont célibataires. Une nuit, par le plus grand des hasards, ils se rencontrent à Helsinki. Chacun tente de trouver en l’autre son unique et dernier amour. Mais c’est sans compter sur les obstacles de la vie…
Depuis L’autre côté de l’espoir en 2017, nous n’avions plus de nouvelles d’Aki Kaurismäki. Six longues années d’attente qui ont finalement été récompensées en mai dernier lors du dernier festival de Cannes avec la présence en compétition de son dernier film, Les feuilles mortes. Une fable aux influences bressonniennes et chaplinesques qui est repartie de la Croisette avec le Prix du Jury. Une récompense plutôt méritée dans l’ensemble, même si ce nouveau long-métrage reste tout de même assez modeste sur le plan scénaristique. Heureusement, le tandem Alma Pöysri / Jussi Vatanen est l’une des bonnes raisons de découvrir ce nouveau film d’Aki Kaurismäki qui ne manque assurément pas de charme.
Recommandation : 3 coeurs
Antoine Le Fur
- Last Dance de Delphine Lehericey- Avec François Berléand, Kacey Mottet-Klein, Maria Ribot…
Retraité plutôt contemplatif, Germain, 75 ans, se retrouve soudainement veuf. Ses enfants ne le savent pas, mais il avait conclu un pacte avec sa femme : celui qui allait rester, devrait continuer ce que l’autre était en train de faire. Surprise ! En cachette de tous, son épouse préparait un spectacle de danse contemporaine. Malgré la raideur de son corps et son absence de souffle, Germain va se lancer. Avec autant de sérieux et de bonne volonté que d’auto-dérision.
C’est une jolie histoire d’amour et de deuil que nous offre, pour son nouveau film, Delphine Lehericey (Le Milieu de l’horizon). Dans le rôle de Germain, François Berléand est tellement porteur d’émotion et de drôlerie burlesque, qu’on en oublie le côté un peu convenu de cette chronique dans lequel il tient le premier rôle. Dans celui de son coach, Kacey Mottet Klein est formidable. Charmant et émouvant. Pour tous, de 7 à 77 ans.
Recommandation : 3 cœurs.
Dominique Poncet
- Comme une louve de Caroline Glorion- Avec Mathilde La Musse, Sandrine Bonnaire, Sarah Suco…
Lili, 26 ans, galère : elle n’a pas de boulot stable et élève seule ses trois enfants. Un jour, pire que les autres, les services sociaux la préviennent qu’ils vont lui enlever la garde de ses trois « petits », sous le prétexte qu’ils la soupçonnent d’être une mauvaise mère. Elle se rebelle et s’effondre…Grâce à des femmes solides et l’aide psychologique d’un homme tombé amoureux d’elle, elle parviendra à reprendre pied…
Pour son premier film de cinéma, Caroline Glorion, ancienne grand reporter d’Envoyé Spécial et de Résistances, réalisatrice aussi de Joseph Wresinski, choisit d’évoquer les difficultés de certaines mères célibataires hébergées dans des foyers d’accueil pour conserver la garde de leurs enfants. Son récit n’est pas sorti de nulle part. Il lui a été inspiré par une jeune femme qu’elle a connue à la Maison d’ADT Quart Monde de Caen et aussi par les assistantes sociales qui l’encadraient. Cet ancrage dans le réel donne à son film un poids, une vérité et beaucoup d'émotions. Formidable, la distribution (Sandrine Bonnaire, Sarah Suco, et surtout Mathilde La Musse, dans le rôle de Lili, une révélation!) fait oublier les maladresses du scénario. Tendre et édifiant.
Recommandation : 2 cœurs
Dominique Poncet
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