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- LE RETOUR, DE CATHERINE CORSINI- AVEC AÏSSATOU DIALLO SAGNA, SUZY BEMBA, ESTHER GOHOUROU, VIRGINIE LEDOYEN…
Khédijia (Aïssatou Diallo Sagna) travaille comme nourrice pour un couple de Parisiens aisés, Sylvia (Virginie Ledoyen) et Marc (Denis Podalydès). À l’occasion des vacances d’été, elle est chargée de s’occuper de leurs enfants, dans leur résidence secondaire en Corse. Accompagnée de ses deux filles, Jessica (Suzy Bemba) et Farah (Esther Gohourou), Khédijia retourne sur cette île qu’elle a quittée dans des circonstances troubles quinze ans plus tôt…
Présenté en compétition lors du dernier Festival de Cannes, Le Retour est en quelque sorte le film « par lequel le scandale est arrivé sur la Croisette ». Visée par des accusations de harcèlement sur le tournage de ce long-métrage, Catherine Corsini a fait, bien malgré elle, le buzz. Si cette affaire a fait grand bruit, le film en lui-même est plutôt passé sous les écrans radar et reparti bredouille de la course à la Palme d’Or. Une injustice tant ce nouveau long-métrage de la réalisatrice de Partir démontre une fois de plus sa faculté à analyser si finement les rapports de classes. Incandescent, insolent, mais aussi terriblement émouvant (à l’image de la dernière scène, poignante), ce Retour est à coup sûr l’un des plus beaux films de l’été.
Recommandation : 4 cœurs
Antoine Le Fur.
- LES ALGUES VERTES, DE PIERRE JOLIVET- AVEC CÉLINE SALLETTE, NINA MEURISSE, PASQUALE D’INCA…
A la suite de morts suspectes d’êtres humains et d’animaux, survenues à marée basse dans une baie de la Bretagne Nord envahie d’algues vertes, Ines Léraud, une jeune journaliste spécialiste des questions environnementales (Céline Sallette), décide de venir s’installer dans la région pour enquêter sur ce phénomène. Au cours de ses investigations, elle découvre que la fabrique du silence qui entoure ce désastre social et écologique est occasionné par un problème écologique de taille : celui provoqué par les énormes rejets de nitrate (mortels), dus à l’élevage intensif de la région. Face aux pressions, la tenace et courageuse jeune femme réussira-t-elle à faire triompher la vérité?
Les sujets à caractères sociaux continuent d’inspirer Pierre Jolivet. Après Fred (1997), Ma Petite entreprise (1999), La très grande entreprise (2008), etc, le cinéaste s’empare aujourd’hui du phénomène des algues vertes suspectées (euphémisme !) d’avoir causé la mort de plusieurs personnes et animaux, notamment en Bretagne, dans la baie de Saint-Brieuc. Un phénomène qui avait été dénoncé d’abord dans les quotidiens régionaux, puis en 2019, dans une une bande dessinée, signée Ines Léraud et Pierre Van Hove, et intitulée Algues vertes, l’histoire interdite. Le film de Pierre Jolivet rajoute une pierre au moulin des dénonciateurs qui prêchent depuis des années (en vain jusqu’à présent) pour une restructuration de l’agriculture dans la région, accompagnée, entre autres, d’une baisse significative de l’usage des pesticides et des élevages massifs de porcs. Même s’il pêche par moments par trop de didactisme, Les algues vertes devrait passionner ceux qui s’intéressent à la survie de la planète.
Recommandation : 3 coeurs
Dominique Poncet
- LES HERBES SÈCHES, DE NURI BILGE CEYLAN- AVEC MERVE DIZDAR, DENIZ CELILOGLU, MUSAB EKICI …
Samet (Deniz Celiloglu) est un jeune enseignant qui travaille dans un village reculé d’Anatolie. Les hivers particulièrement rudes et l’éloignement géographique rendent son quotidien pénible. Depuis plusieurs années, son seul espoir réside dans sa potentielle mutation à Istanbul. Mais une série d’événements inattendus vont venir ternir son rêve. Jusqu’au jour où il rencontre Nuray (Merve Dizdar), une femme énigmatique, également professeure…
Nuri Bilge Ceylan est un cinéaste adoré du Festival de Cannes. Sur neuf films réalisés, cinq ont réussi l’exploit de figurer au palmarès de la compétition (dont la Palme d’Or en 2013 pour Winter Sleep). Et surtout, parmi les cinq longs-métrages récompensés, on trouve le dernier en date, Les Herbes sèches, pour lequel la comédienne Merve Dizdar a remporté le Prix d’interprétation féminine. Une récompense méritée même si d’autres comédiennes auraient sûrement été plus légitimes. Extrêmement bien réalisé, Les Herbes sèches va certainement plaire aux afficionados de Nuri Bilge Ceylan. Pour les autres, cela va être plus compliqué. Une nouvelle fois très long (3h17), ce nouveau long-métrage séduit dans sa première heure, laisse songeur dans la seconde puis assomme carrément dans la dernière. Une œuvre bien trop aride pour emporter une totale adhésion.
Recommandation : 3 cœurs
Antoine Le Fur.
- ASSAUT, D’ADILKHAN YERZHANOV- AVEC AZAMAT NIGMANOV, ALEKSANDRA REVENKO…
Au cours d’un de ces hivers si rudes du Kazakhstan, des inconnus armés et masqués viennent envahir l’école d’un village perdu au milieu des steppes. Comme la police ne peut pas intervenir (une tempête de neige a rendu les routes impraticables), un groupe hétéroclite d’adultes, dont un professeur de mathématiques, son ex-femme, un policier municipal, un alcoolique et quelques autres hurluberlus dont le chef de l’établissement envahi, décident de venir au secours des élèves qui n’ont pas eu le temps de s’enfuir. Leur assaut des terroristes va se faire dans une effusion de sang, mais grand-guignolesque. Car dans ce film déroutant, stylé, et sans pareil, c’est la pagaille (organisée) qui règne en maître. On comprend vite qu’à travers cette mascarade d’assaut, son auteur, le corrosif et jubilatoire Adilkhan Yerzhanov, n’avait d’autre objectif que de dénoncer une fois encore, avec un humour dévastateur, la corruption et l’impéritie qui gangrènent son pays.
Si vous n’avez jamais vu de film de ce maître « es cinéma » qu’est Yerzhanov (qui a pourtant 14 longs métrages, à son actif, dont ces deux petits chefs d’oeuvre intitulés La Tendre indifférence du monde et A Dark, Dark man), précipitez-vous voir Assaut (Grand Prix et Prix de la critique à Reims Polar l’année dernière). A quarante ans, son auteur est en passe de devenir l’un des réalisateurs chouchous des Festivals. La preuve : il vient de faire un tabac à La Rochelle.
A ne pas rater non plus, du même auteur, et qui sort également cette semaine sur les écrans français, L’Education d’Ademoka, l’histoire d’une adolescente pauvre et immigrée qui veut entreprendre des études dans une école en principe réservée à l’élite. Ce que ce film a de commun avec Assaut? La qualité de son scénario et de son filmage (d’une précision de dentellière), sa poésie et son humour insensé, aussi décalé que corrosif. Ce n’est pas rien !
Recommandation : 4 coeurs.
D. Poncet
- LIMBO, DE SOI CHEANG- AVEC KA-TUNG LAM, YASE LIU, MASON LEE…
Dans les bas-fonds de Hong-Kong, un mystérieux tueur en série s’attaque aux femmes, laissant leurs mains coupées pour seule signature. Cham Lau (Ka Tung Lam) et son jeune supérieur, Will Ren (Mason Lee) enquêtent sur cette terrible affaire mais les différentes pistes finissent par s’essouffler. C’est alors qu’ils ont l’idée d’utiliser une jeune délinquante, Wong To (Yase Liu), comme appât…
Avant même sa sortie en salles, Limbo s’était déjà fait un nom dans différents festivals où il était présenté. En avril 2023, lors de la dernière édition de Reims Polar, le film est notamment reparti avec le Grand Prix du jury et le Prix de la critique. Deux récompenses qui se justifient si l’on tient compte de la manière dont Soi Cheang soigne sa mise en scène. On songe parfois au Seven de David Fincher (deux flics enquêtant sur une affaire sordide, les pluies torrentielles…). Dommage que le long-métrage, assez prometteur dans ses débuts, finisse par verser dans la violence gratuite par la suite. Complaisant et difficilement regardable dans sa dernière partie, Limbo mérite toutefois le détour pour la performance de Yase Liu, extraordinaire en jeune délinquante des quartiers mal famés de Hong Kong.
Recommandation : 3 cœurs
A . Le Fur
- PETIT JESUS, DE JULIEN RIGOULOT- AVEC ANTOINE BERTRAND, GERARD DARMON, BRUNO SANCHEZ, CAROLINE ANGLADE…
Père récemment séparé, Jean (l’incomparable Antoine Bertrand, méga star au Québec) enchaine les galères. Mais le cours de sa vie pourrait bien enfin changer : son fils Loulou, 10 ans (Esteban Azuara Eymard), ayant ressuscité devant ses yeux un petit caniche, il est persuadé que le petit garçon a le pouvoir de faire des miracles. Loulou, le nouveau Messie? Jean en est tellement sûr qu’il va tenter de convaincre son monde. Son père (Gérard Darmon, qui, pour l’occasion de ce film, a ressorti son look inénarrable de la série du Flambeau) va l’accompagner dans ses tribulations. Mais Loulou a-t-il vraiment les dons pour jouer le Jésus des temps modernes?
Pour son premier film en tant que réalisateur, Julien Rigoulot qui fut musicien, vidéaste et publicitaire dans une première vie) s’est inspiré de sa propre vie. Tombé dans une galère professionnelle aussi inexplicable qu’inattendue, il s’était alors consacré totalement à l’éducation de son petit garçon, avec l’espoir que ce dernier ferait des « prouesses » à l’école. Et de fil en aiguille, lui était venue l’idée de ce scénario où un enfant ferait des miracles. Son objectif ? Emmener les gens vers quelque chose de positif et de lumineux. Il y réussit, d’abord parce que sa distribution est épatante, ensuite parce que son scénario, bien que maladroit par moments, est aussi gonflé que drôle et touchant.
Recommandation : 3 coeurs
D. Poncet
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