Infos & réservation
Et aussi
- Lynch/Oz d’Alexandre O. Philippe. Avec les témoignages de John Waters, Rodney Ascher, Justin Benson…
Réalisateur protéiforme et à l’univers foisonnant, David Lynch a été inspiré par un film en particulier : Le Magicien d’Oz de Victor Fleming. Six cinéastes et critiques de cinéma américains se penchent sur la manière dont ce classique du Septième Art a littéralement infusé l’œuvre de l’un des plus grands réalisateurs contemporains…
Quelle est l’origine du cinéma de David Lynch ? Vaste question qui pourrait bien mériter une dissertation de quatre heures mais à laquelle le réalisateur Alexandre O. Philippe répond dans un film de moins de deux heures. Avec Lynch/Oz, le cinéaste suisse part enquêter sur les fondements de l’œuvre du réalisateur de Blue Velvet. Chez ce dernier, un film revient comme un totem : Le Magicien d’Oz de Victor Fleming. Passionnant documentaire, Lynch/Oz donne la parole à six critiques et réalisateurs américains qui décryptent, à travers des angles différents, l’influence qu’a pu avoir le chef-d’œuvre de 1939 sur la filmographie de David Lynch. Parfois didactique et un peu trop théorique, le film d’Alexandre O. Philippe reste toutefois un document intéressant sur celui qui demeure comme l’un des plus grands visionnaires du septième art.
Recommandation : 3 cœurs
Antoine Le Fur
- L’Improbable voyage d’Harold Fry de Hettie MacDonald - Avec Jim Broadbent, Penelope Wilton, Monika Gossmann…
Dans leur petit pavillon d’une ville côtière de Devon, au Sud de l’Angleterre, Maureen (Penelope Wilton) et Harold Fry (Jim Broadbent) vivent une existence rangée de retraités. Mais un beau matin, Harold reçoit une lettre : une de ses vieilles amies lui annonce être atteinte d’un cancer en phase terminale. Il lui rédige une réponse. Mais au moment de poster cette dernière, inspiré par la réflexion d’une caissière croisée ce jour-là, Harold décide d’aller à pied porter lui-même sa missive, pour la remettre en mains propres à sa destinataire. Avec cette seule supplique : qu’elle reste en vie jusqu’à ce qu’il arrive. Une façon, pense-t-il, de prolonger la vie de la malade, puisque 750 km les séparent. Au fur et à mesure du chemin, ce périple devient pour le vieil homme l’occasion de réfléchir sur sa propre vie, de se remémorer les épisodes les plus marquants de son existence, les plus heureux comme les plus douloureux, et aussi de faire des rencontres qui l’aideront à aller au bout de si exténuant et si « improbable » voyage, qui va s’avérer être aussi un voyage au bout de lui même.
Il est impossible de rester de marbre face à ce tendre et poignant road movie, dont, comme par une sorte de tour de passe-passe, la magie fait qu’au fur et à mesure que ressurgissent les souvenirs enfouis du vieux marcheur, les vôtres s’y superposent, malgré vous. C’est comme si la mémoire de chaque spectateur était convoquée. Cela vide et remplit, attriste et apaise en même temps. On sort ému de ce voyage, finalement rédempteur, très finement adapté du roman bouleversant de Rachel Joyce. Les interprétations de Jim Broadbent et de Penelope Wilton ne sont pas pour rien dans ce remuement de sentiments.
Recommandation : 3 cœurs
Dominique Poncet
- Aux Masques Citoyennes de Florent Lacaze. Documentaire
Au printemps 2020, la pandémie de coronavirus touche le monde entier. Dans le Sud-Ouest de la France, Libéro, un patron de PME, constate avec désarroi que les masques censés protéger du virus viennent cruellement à manquer. Il a alors une idée : embaucher 250 couturières afin de fabriquer ces fameuses protections. Mais le tissu n’arrive pas et la plupart des ouvrières n’ont jamais fait de couture de leur vie…
Incroyable mais vraie, l’histoire racontée dans Aux Masques Citoyennes pourrait être celle d’un film de cinéma. Comment un patron qui ne connaît rien à la couture a recruté 250 ouvrières afin de fabriquer des masques au plus fort de la pandémie de coronavirus en 2020 ? C’est la question à laquelle tente de répondre Florent Lacaze dans son film. Assez classique dans sa forme, le documentaire est néanmoins un beau témoignage de sororité et, plus généralement, de solidarité. Malgré la personnalité parfois controversée de Libéro, le cinéaste signe un film que l’on regarde comme un vrai feel good movie.
Recommandation : 3 coeurs
Antoine Le Fur
- Sick of Myself de Kristoffer Börgli - Avec Kristine Kujath Thorp, Eirik Saether, Fanny Vaager …
Serveuse dans un bar à Oslo, Signe ( Kristine Kujath Thorp ) qui vit avec Thomas, un artiste égo-centré à qui tout réussit ( Eric Saether ) ne supporte plus que les projecteurs soient toujours braqués sur son narcissique de conjoint, d’autant que, plus la notoriété de ce dernier grandit, moins il s’intéresse à elle. Un jour, elle décide de se faire, elle aussi, remarquer. Comme elle n’a aucun talent à exploiter, elle choisit d’attirer l’attention en se rendant « spectaculairement » malade, par l’ingestion de cachets interdits en Norvège à cause des graves maladies de peau qu’ils provoquent. Le pire arrive ( elle est défigurée ), mais aussi le meilleur, puisqu’enfin Signe fait la une des journaux…
Aller jusqu’à sacrifier sa santé et son corps pour acquérir la célébrité et satisfaire son ego… L’année dernière, Sick of myself du norvégien Kristoffer Börgli avait fait sensation au Festival de Cannes où il avait été sélectionné dans la section Un Certain Regard. Critiques et festivaliers avaient en effet réservé un bel accueil à ce conte tragique, cynique, pathétique, drôle aussi, sur le narcissisme contemporain, et qui, en outre, présentait un certain cousinage de ton avec Triangle of Sadness du Suédois Ruben Östlund ( Palme d’Or cette année-là ). Bien que maladroit par moments, Sick of myself est aussi provocateur que réjouissant.
Recommandation: 3 cœurs
Dominique Poncet
- De l’eau jaillit le feu de Fabien Mazzocco. Documentaire
Pendant longtemps, le Marais poitevin a eu l’image d’un territoire paisible. Mais depuis quelques années, le projet de construction de plusieurs méga-bassines cristallise de nombreuses tensions. Face à ce qu’ils considèrent comme un véritable désastre écologique, de plus en plus de défenseurs de l’environnement s’engagent alors dans une véritable guerre de l’eau…
Le problème des méga-bassines d’eau en Poitou-Charentes alimente les débats. Depuis plusieurs années, cela est même devenu un véritable fait de société sur lequel se penche le réalisateur Fabien Mazzocco dans De l’eau jaillit le feu. Si le documentaire ne brille pas par ses qualités cinématographiques et aurait gagné à être un peu plus inspiré sur le plan narratif, force est de reconnaître qu’il dresse un constat édifiant sur certaines politiques menées. Un film qui a le mérite d’éveiller les consciences.
Recommandation : 3 cœurs
Antoine Le Fur
Ajouter un commentaire