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- Les âmes perdues de Stéphane Malterre et Garance Le Caisne.
En 2014, un mystérieux déserteur répondant au nom de code César divulgue des dizaines de milliers de photos de victimes du régime syrien, morts sous la torture. Face à la disparition inexpliquée de leurs proches, de nombreuses familles et leurs avocats, bientôt rejoints par plusieurs activistes, tentent de déposer des plaintes dans des tribunaux européens. Une longue bataille judiciaire de plusieurs années qui se soldera par l’émission de mandats d’arrêts contre les plus hauts responsables de l’administration de Bachar al Assad, pour crimes contre l’humanité…
Les âmes perdues pourrait être un thriller à en juger par le montage nerveux et les nombreux rebondissements montrés dans le film de Stéphane Malterre et Garance Le Caisne. Malheureusement, les faits relatés ici ne sont pas de la pure fiction. Pendant plusieurs années, de Paris à Londres en passant par Madrid, des familles et des activistes se sont battus pour faire la lumière sur les exactions du régime syrien. Édifiant à de nombreux moments, Les âmes perdues s’égare parfois en cours de route et manque d’une clarté dans son récit. En revanche, son caractère nécessaire est évidemment indiscutable pour le devoir de mémoire. Un film fort et juste.
Recommandation : 3 cœurs
Antoine Le Fur
- Pour l’honneur de Philippe Guillard - Avec Olivier Marchal, Olivia Bonamy, Mathieu Madénian…
Dans le Sud de la France, les petits villages (imaginaires) de Trocpont-sur-Vézère et Tourtour-les-Bains se livrent depuis toujours une impitoyable guerre de clochers, symbolisée par un redoutable derby entre leurs deux équipes de rugby. Trocpont a incontestablement pris l’ascendant, mais l’arrivée inattendue de demandeurs d’asile à Tourtour va modifier la donne et bouleverser la vie des deux villages…
Onze ans après le formidable Fils à Jo qui avait séduit plus d’un million de spectateurs, l’ancien joueur international, puis chroniqueur de rugby, Philippe Guillard, remet son sport favori au centre de son nouveau film, une comédie sociale inspirée d’une histoire vraie, qui montre avec une belle générosité et sans aucune niaiserie, à quel point les sports collectifs peuvent être des écoles sans pareil de solidarité, de respect et de tolérance. Surtout le rugby, qui accueille dans ses équipes des joueurs de tous les acabits, sans la moindre discrimination. Au vu de ce film haut en couleurs, bien rythmé et dialogué par un Philippe Guillard inspiré, qui osera encore affirmer qu’on ne peut pas faire un bon long métrage avec de bons sentiments ? Drôle, touchant et enthousiasmant, Pour l’honneur a aussi un autre atout majeur : celui d’être porté par une bande d’acteurs particulièrement bien « castés » - en tête desquels un Olivier Marchal, aussi désopilant qu’en pleine forme dans un rôle d’hôtelier au grand cœur. Pour tous, à partir de 9 ans.
Recommandation : 4 cœurs
Dominique Poncet
- La Gravité de Cédric Ido. Avec Max Gomis, Steve Tientcheu, Hafsia Herzi…
Une cité, quelque part en France. Le quartier se retrouve gangréné par les actions violentes d’une bande de jeunes, Les Ronins. À l’occasion d’un mystérieux alignement des planètes qui embrase le ciel et inquiète tous les habitants, le groupuscule de voyous voit en cet événement planétaire la possibilité d’une nouvelle ère. Face à ces derniers, trois amis d’enfance, Daniel (Max Gomis), Joshua (Steve Tientcheu) et Christophe (Jean-Baptiste Anoumon) s’unissent pour empêcher que la cité ne sombre définitivement dans le chaos…
Acteur et cinéaste (La Vie de château en 2017, coréalisé avec Modi Barry), Cédric Ido signe avec La Gravité un film assez étrange. Entre le thriller, le fantastique et le film social, ce véritable ovni du cinéma français intrigue autant qu’il laisse de marbre. La faute à un scénario qui, malgré une première partie prometteuse, s’égare en cours de route pour finir de manière assez grotesque.
Recommandation : 3 cœurs
Antoine Le Fur
- Temps mort d'Eve Duchemin - Avec Karim Leklou, Issaka Sawadogo, Jarod Cousyns…
Trois hommes condamnés à de longues peines de prison se voient attribuer pour la première fois une permission de 48 heures. Comment vont-ils passer ces heures à l’air libre ? Évidemment de façon très différente, puisqu’ils n’ont pas le même parcours. L’un (Issaka Sawadogo) est un détenu qui arrive au terme de son incarcération; le second (Karim Leklou), un jeune quadra, fragile, sous camisole chimique, qui pète les plombs s’il ne prend pas son traitement ; le troisième (Jarod Cousyns), un garçon au cœur si meurtri qu’il va préférer rester avec sa mère plutôt que regagner sa cellule, au risque de voir prolonger sa peine. La réalisatrice Eve Duchemin (qui vient du documentaire) raconte les difficultés de ces hommes à affronter leurs peurs, leur honte et leur désespoir hors les murs d’un établissement qu’ils détestent autant qu‘il les protège de leurs démons et du regard des autres. Leurs parcours s’enchevêtrent dans une narration au cordeau, bien maîtrisée, sans gras. Les trois interprètes principaux sont impressionnants de justesse et de subtilité. Haletant et passionnant.
Recommandation : 3 cœurs
D. Poncet
- Un an, une nuit d’Isaki Lacuesta. Avec Noémie Merlant, Nahuel Perez Biscayart, Quim Gutiérrez…
La vie de Céline (Noémie Merlant) et Ramon (Nahuel Perez Biscayart) a basculé le soir du 13 novembre 2015. Survivants de l’attaque du Bataclan, ils ne parviennent pas à reprendre une vie normale. Si Céline tente d’aller de l’avant en se plongeant dans son travail, Ramon de son côté est incapable de passer à autre chose, se repassant inlassablement le film des événements dans sa tête…
Après Revoir Paris, Novembre et Vous n’aurez pas ma haine, Un an, une nuit revisite les attentats du 13 novembre 2015. Réalisé par le cinéaste espagnol Isaki Lacuesta, le film dérange par son suspense assez malsain et sa complaisance à vouloir filmer l’horreur à laquelle furent confrontés les rescapés du Bataclan. Restent les performances de Noémie Merlant et Nahuel Perez Biscayart, excellents en amants frappés par la tragédie.
Recommandation : 2 cœurs
Antoine Le Fur
- Nos cérémonies de Simon Rieth - Avec Raymond Baur, Simon Baur…
Royan, 2011. Alors que l’été s’étire sous un soleil brûlant, deux jeunes frères, Tony et Noé, jouent en haut d’une falaise au jeu du hasard et de la mort. Tony, l'aîné, chute. Par miracle, Noé, le plus jeune, parvient à le ramener à la vie. Dix ans plus tard, désormais jeunes adultes et unis par un pacte secret, ils retournent à Royan et recroisent la route de Cassandre, leur amour d’enfance…
Pour son premier long métrage, Simon Rieth raconte la force des liens qui peuvent se créer entre deux frangins inséparables ( interprétés ici par Raymond et Simon Baur, vrais frères à la ville). Pour ce faire, le primo- réalisateur n’a pas craint de sortir des codes du réalisme pour plonger dans ceux du fantastique. C’est ce qui donne sa singularité et sa force à son film dont l’atmosphère est captivante, mais qui pêche par la faiblesse des dialogues. Bien qu’imparfait, un film dense et très intéressant. Simon Rieth, un cinéaste à suivre.
Recommandation : 3 cœurs
Dominique Poncet
- Disco Boy de Giacomo Abbruzzese. Avec Franz Rogowski, Morr N’Diaye, Laetitia Ky ...
Originaire de Biélorussie, Aleksei (Franz Rogowski) arrive en France où il intègre la Légion étrangère. Envoyé dans le delta du Niger, il croise le chemin de Jomo (Morr N’Diaye), un jeune révolutionnaire qui s’imagine être danseur. Les rêves et les destins des deux hommes vont s’entrelacer…
Présenté lors de la dernière Berlinale, Disco Boy est un film inclassable. Envoûtant, ce long-métrage du cinéaste italien Giacomo Abbruzzese l’est assurément. Mais il est également prétentieux et bancal, à trop vouloir sortir des sentiers balisés. Un film décevant que ne parvient pas à sauver la composition extraordinaire de Franz Rogowski qui s’impose décidément comme l’un des meilleurs acteurs de sa génération.
Recommandation : 2 cœurs
Antoine Le Fur
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