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4/5

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  • La conférence de Matti Geschonneck. Avec Philipp Hochmair, Johannes Allmayer, Maximilian Brückner… 

 20 janvier 1942. Une quinzaine de dignitaires du IIIème Reich se retrouvent conviés par Reinhard Heydrich (Philipp Hochmair) dans une villa cossue sur l’île de Wannsee pour une mystérieuse conférence. Ils découvrent au dernier moment le motif de leur venue : pendant deux heures, ils vont devoir débattre afin de se mettre d’accord sur un plan d’élimination du peuple juif, appelé la Solution Finale…

La Conférence de Wannsee est l’un des épisodes les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale. Évoqué dans des romans (Fatherland de Robert Harris) ou des séries (Holocauste), elle s’impose comme l’élément central de La Conférence, nouveau film du cinéaste allemand Matti Geschonneck. Utile et nécessaire pour le devoir de mémoire, le long-métrage peine en revanche à captiver pour ses qualités cinématographiques. Un peu trop scolaire dans sa narration et dans sa mise en scène, cette Conférence manque d’un souffle bienvenu qui viendrait contrebalancer un trop grand académisme.

Recommandation : 3 cœurs

Antoine Le Fur

 

  • Blue Jean de Georgia Oakley - Avec Rosy McEwen, Kerrie Hayes, Lucy Halliday…

Dans l’Angleterre de 1988 dirigée d’une main de fer par une Margaret Thatcher dont le gouvernement vient de promulguer une loi mettant sur le même plan homosexuels et pédophiles (un amendement qui restera en vigueur jusqu’en 2003 !), Jean (Rosy McEwen) est professeure de sport dans un collège huppé du Nord du pays. Si le jour, cette enseignante trentenaire, aux yeux bleus magnifiques initie irréprochablement les élèves de son école au netball, le soir elle fréquente les bars queer avec sa copine Viv. Malgré le climat anti-homophobe, tout semble aller pour le mieux pour Jean. Jusqu’au jour où une nouvelle étudiante prénommée Loïs (Lucy Halliday) se met à fréquenter les mêmes bars qu’elle et à la provoquer. La vie de Jean va virer au cauchemar…

Pour son premier long métrage Georgia Oakley propose le portrait d’une jeune femme obligée de se cacher pour vivre comme elle l’entend. Bien que daté, puisqu’il se situe dans l’Angleterre des années 80, au vu des interdictions de l’homophobie promulguées dans de nombreux pays du monde, Blue Jean  sonne « contemporain ». Sa grande force est de ne pas apparaitre comme un film militant pur et dur, mais comme une ode au droit à vivre sa sexualité librement. Porté par Rosy McEwen (sublime de justesse et de douce détermination dans son rôle), ce premier film réussit à faire passer le spectateurs par tout le spectre des émotions. Captivant de bout en bout et…nécessaire. 

Recommandation : 4 cœurs.

Dominique Poncet

 

  • Sur lAdamant de Nicolas Philibert. 

 L’Adamant est le nom d’une péniche amarrée non loin du Quai d’Austerlitz, à Paris. Un endroit insolite qui fait également office de Centre de Jour pour des adultes souffrant de troubles psychiques. Face à un secteur psychiatrique qui peine à leur offrir un accueil décent et des soins nécessaires, l’Adamant s’impose comme une solution adéquate pour tous ces laissés-pour-compte…

Il y a quelques semaines, le français Nicolas Philibert remportait la plus haute distinction à la Berlinale 2023 : l’Ours d’or pour son nouveau film, Sur lAdamant. Une récompense méritée pour ce grand documentariste que l’on ne présente plus (Être et avoir, Nénette, La Maison de la radio…). Si ce nouveau long-métrage reste remarquable dans la qualité des témoignages et dans la justesse de ton de Nicolas Philibert, force est de reconnaître que Sur lAdamant (premier volet d’un triptyque à venir) n’a pas tout à fait cette intensité et cette singularité que l’on retrouve d’ordinaire dans ses autres films.

Recommandation : 3 cœurs

Antoine Le Fur

 

  • La plus belle pour aller danser de Victoria Bedos - Avec Brune Moulin, Philippe Katerine, Pierre Richard…

A quatorze ans, Marie Luce (Brune Moulin, d’un naturel bluffant)  traverse une passe difficile. Entre son nouveau collège où elle n’arrive pas à se faire d’ amis, et la pension de famille pour séniors dirigée par son père (Philippe Katerine) où elle vit, elle est complètement déphasée. Un jour, elle s’incruste à une fête déguisée en garçon et se découvre tout à coup un pouvoir de séduction insoupçonné. Regonflée, elle tombe sous le charme d’Emile. Mais la malchance la poursuit : Emile préfère les garçons, les vrais…

Elle était entrée dans le monde du cinéma comme scénariste (La Famille Bélier, c’était elle), la voici qui y revient en tant que scénariste et réalisatrice avec ce film d’initiation très intéressant et charmant . Tous ces jeunes gens charmants qui se cherchent et jouent avec leur sexualité évoquent un Marivaux qui serait d’aujourd’hui…Et cette maison de retraite peuplée de pensionnaires charmants et délicieux qui perdent la tête…Comme il est difficile de ne pas y voir un tendre hommage de la réalisatrice à Guy Bedos, son père disparu. Et cette jeune héroïne, si délicieuse, tellement bien choisie qu’on pourrait voir en elle, l’arrière petite fille de Line Renaud…La plus belle pour aller danser est sans conteste une des plus jolies comédies de ce printemps, d’autant qu’elle est portée par une belle distribution, en tête de laquelle Pierre Richard, Philippe Katerine, et, répétons-le, la jeune Brune Moulin. Charismatique, bluffante de naturel, cette jeune comédienne de quinze ans au regard bleu azur a d’ailleurs remporté le Prix d’interprétation au Festival de l’Alpe d’Huez. Pas mal pour  un début de carrière !

Recommandation : 4 cœurs

Dominique Poncet 

 

  • Chien de la casse de Jean-Baptiste Durand. Avec Raphaël Quenard, Anthony Bajon, Galatea Bellugi… 

 Dog (Anthony Bajon) et Mirales (Raphaël Quenard) sont amis d’enfance et vivent dans un petit village du Sud de la France. Passant la majorité de leurs journées à traîner dans les rues, ils attendent surtout que le temps passe. Un jour, Elsa (Galatea Bellugi), une étudiante venue de Rennes, débarque au village et tombe amoureuse de Dog. L’amitié de ce dernier avec Mirales va s’en trouver bouleversée…

Réalisateur de plusieurs courts-métrages (Il venait de Roumanie, Piano Panier), Jean-Baptiste Durand réalise son premier long-métrage avec Chien de la casse. Si le film a le mérite de parler de jalousie et de toxicité dans une relation amicale et non dans une histoire amoureuse (ce qui est finalement assez rare au cinéma), force est de reconnaître que le scénario manque singulièrement de ressorts dramatiques. Assez peu inspiré sur le plan cinématographique, ce Chien de la casse vaut néanmoins le détour pour Raphaël Quenard, acteur abonné aux seconds rôles, qui trouve enfin ici une partition à la mesure de son talent.

Recommandation : 2 cœurs

Antoine Le Fur

 

  • Habib, la grande aventure de Benoît Mariage - Avec Bastien Ughetto, Sofia Lesaffre, Ahmed Benaïssa, Thomas Soliveres …

Habib (Bastien Ughetto, formidable) est un jeune acteur qui ne rêve que de théâtre et de cinéma, mais qui, dans la réalité, n’enchaîne que des figurations et autres « silhouettes » furtives. Au grand dam de sa famille belgo-marocaine qui comprend mal que son métier, pourtant réputé, ne lui rapporte pas de quoi vivre. Un jour, au hasard d’un casting, l’apprenti comédien parvient à décrocher un petit rôle de gigolo aux côtés de Catherine Deneuve (sensationnelle dans son propre rôle). Il pense qu’il va enfin pouvoir se réconcilier avec ce milieu si ingrat (ici malicieusement égratigné) et sa famille, si injuste. C’est en fait, pour lui, le début d’une longue, déstabilisante et parfois douloureuse ou ubuesque, quête spirituelle et identitaire, au cours de laquelle il va apprendre à s’accepter, comme interprète et comme être humain.

Après neuf ans d’absence, Benoît Mariage (un des réalisateurs  de l’iconique émission de télévision belge Strip-tease) revient sur le grand écran avec une comédie décalée, un genre dans lequel il excelle. Si, comme les précédentes, cette comédie  est pimentée à l’humour belge (certaines de ses séquences sont inénarrables), elle est, pour une fois, dénuée d’ironie moqueuse. Ce qui la rend touchante, sans toutefois lui enlever un gramme de drôlerie et de loufoquerie. 

Recommandation : 3 cœurs

Dominique Poncet 

 

  • Avant leffondrement dAlice Zeniter et Benoît Volnais. Avec Niels Schneider, Souheila Yacoub, Ariane Labed… 

 Tristan (Niels Schneider) est un jeune directeur de campagne d’une candidate aux élections législatives à Paris, Naïma (Myriem Akheddiou). Son quotidien bascule le jour où il reçoit un courrier anonyme contenant un test de grossesse positif. Potentiellement atteint d’une maladie génétique et incurable, le jeune homme décide de retrouver la mystérieuse personne à l’origine de cette missive. Au cours de son enquête qui le conduira des rues d’un Paris écrasé par la canicule au fin fond de la Bretagne, Tristan sera amené à se confronter à son passé et à retrouver celle qui fut son plus grand amour, l’énigmatique Pablo (Souheila Yacoub)…

On la connaissait surtout comme écrivaine (Sombre Dimanche, Juste avant lOubli, LArt de perdre…) et on la découvre aujourd’hui en tant que cinéaste. Dans Avant leffondrement, son premier film qu’elle coréalise avec Benoît Volnais, Alice Zeniter dirige le décidément incontournable Niels Schneider dans ce qui pourrait s’apparenter à un drame amoureux mâtiné de thriller politique et d’essai écologique. Un drôle de mélange pour un film assez bancal et dont le spectateur a un peu de mal à saisir où les réalisateurs veulent clairement en venir, malgré un très beau trio de comédiens (Niels Schneider, Souheila Yacoub, Ariane Labed).

Recommandation : 2 cœurs

Antoine Le Fur

 

  • La dernière reine de Damien Ounouri et Adila Bendimerad - Avec Adila Bendimerad, Mohammed Tahar…

Algérie, 1516. Le pirate Aroudj Barberousse (Dali Benssalah) libère Alger de la tyrannie des Espagnols et apporte sa paix au royaume. La quiétude ne dure  pas longtemps : peu de temps après avoir scellé une alliance avec le libérateur, le roi Salim Toumi est assassiné. Une rumeur se met à courir qui accuse Barberousse de cet assassinat. Une femme va oser tenir tête au pirate, c’est la  reine Zaphira (Adila Bendimerad), d’une force de caractère peu commune. Va s’en suivre, entre histoire et légende, un récit passionnant, plein de bruit et de fureur, d’affrontements sanglants et de manipulations politiques. Shakespeare n’est pas loin… 

Pour son premier long métrage de fiction, l’actrice et metteuse-en-scène de théâtre Adila Bendimerad fait sensation. Non seulement avec sa Dernière Reine , elle propose un drame romanesque  à la fois ambitieux (scénario, très abouti; costumes et décors, somptueux; chorégraphies très élaborées; beauté formelle, époustouflante) et féministe (son héroïne est une femme déterminée et courageuse), mais elle ouvre une nouvelle voie au cinéma de son pays. C’est en effet  la première fois que l’Histoire ancienne de l’Algérie est évoquée sur grand écran. Spectaculaire et captivant. 

Recommandation : 4 cœurs

Dominique Poncet

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