Infos & réservation
Et aussi
- TÁR de TODD FIELD- Avec CATE BLANCHETT, NOÉMIE MERLANT, NINA HOSS…
Après un Prix d’Interprétation amplement mérité à la Mostra de Venise, Cate Blanchett recevra-t-elle, une nouvelle fois cette année, l’Oscar de la meilleure actrice, récompense qu’elle avait déjà obtenue en 2014 dans cette même catégorie pour sa prestation dans Blue Jasmine de Woody Allen? En tout cas, l’actrice australo-américaine semble favorite pour rafler la prestigieuse statuette au vu de son éblouissante performance dans Tár, une histoire fictive où, visage diaphane et blondeur extrême, elle interprète une cheffe d’orchestre homosexuelle (elle vit avec la première violon de son orchestre, formidable Nina Hoss), à la fois géniale, autoritaire et ivre de pouvoir, mais dont la carrière, que rien ne semblait pouvoir arrêter, va se déliter à la suite d’un scandale Me Too au féminin.
Également scénariste de ce film fleuve (2h38), le réalisateur Todd Field (In the Bed Room et Little Children) dit qu’il ne l’aurait pas tourné si Cate Blanchett l’avait refusé. On le comprend. Quelle autre actrice aurait pu interpréter avec autant d’intensité et de subtilité l’inflexible Lydia Tár (le nom de l’héroïne qui donne son nom au film) ? En outre, sous le récit de la trajectoire descendante d’une idole jusqu’alors incontestée, Tár soulève de passionnantes interrogations, notamment en ce qui concerne l’influence toxique des réseaux sociaux et des jeux de pouvoirs. Bien qu’un peu froid, captivant de bout en bout.
Recommandation : 4 cœurs.
Dominique Poncet
- Neneh Superstar de RAMZI BEN SLIMAN- Avec OUMY BRUNI GARREL, MAÏWENN, AÏSSA MAÏGA, CÉDRIC KAHN…
Neneh (Oumy Bruni Garrel) a douze ans et la danse dans le sang. Lorsqu’elle intègre l’école de ballet de l’Opéra de Paris dirigée par la sévère Marianne Belage (Maïwenn), c’est un rêve qui se réalise pour cette gamine issue d’une cité de la banlieue parisienne. Mais sur place, la jeune fille découvre un univers régi par des codes stricts et où les rivalités sont inévitables. Pour se faire une place dans le monde impitoyable de la danse classique, Neneh devra faire preuve d’une incroyable force mentale…
Neneh Superstar pourrait se donner à voir comme un « Billy Elliot à la française ». Comme dans le classique réalisé par Stephen Daldry, le déterminisme social du personnage principal semble incompatible avec l’univers feutré et élitiste de la danse classique. Et pourtant, comme le spectateur s’en doute, à force d’abnégation, la jeune héroïne va pouvoir réaliser ses rêves. Si le film de Ramzi Ben Sliman (Ma révolution) n’est pas d’une grande originalité scénaristique, il n’en reste pas moins émouvant et pertinent sur certains sujets comme le racisme. Pour son premier grand rôle, Oumy Bruni Garrel (fille de Valeria Bruni Tedeschi et Louis Garrel) fait des étincelles. Oumy superstar !
Recommandation : 4 cœurs
Antoine Le Fur
- UN PETIT MIRACLE de SOPHIE BOUDRE- Avec ALICE POL, JONATHAN ZACCAÏ, EDDY MITCHELL…
Rien ne va plus pour Juliette (Alice Pol, délicieuse de justesse et d’entrain) ! L’école dans laquelle elle enseignait a brûlé et, à part dans une maison de retraite voisine qui dispose de place, elle ne sait pas où aller s’installer avec les élèves de sa classe. Seulement voilà, le directeur de cet établissement, un peu trop psychorigide (Jonathan Zaccaï, irrésistible) s’y oppose. Juliette finira par gagner la partie, et plus rien ne sera jamais comme avant, ni pour elle, ni pour les élèves, ni pour les pensionnaires de la maison de retraite (dont le tendre et malicieux Eddy Mitchell), ni non plus pour son directeur dont le cœur se remettra enfin à battre…
Inspiré d’une expérience réelle, Un petit miracle est un petit bijou de comédie (romantique) comme on aimerait en voir plus souvent sur les écrans français. Tout y est : la pertinence du sujet ( fédérateur et intergénérationnel), la poésie, la fraîcheur, la tendresse, l’humanité, la drôlerie, la distribution et la direction d’acteurs. C’est la première fois que Sophie Boudre, spécialiste depuis longtemps de films publicitaires, se lançait dans le long métrage. On espère que ce n’est pas la dernière, tant son film est subtil et divertissant, sans tomber à aucun moment dans la facilité.
Recommandation : 3 cœurs.
Dominique Poncet
- TU CHOISIRAS LA VIE de STÉPHANE FREISS- Avec RICCARDO SCAMARCIO, LOU DE LAÂGE…
Chaque été, une famille juive ultra-orthodoxe d’Aix-les-Bains se rend dans une ferme du sud de l’Italie afin de participer à la récolte des cédrats, considérée comme une mission sacrée. Un rituel avec lequel la fille du rabbin, Esther (Lou de Laâge), a bien du mal à s’accommoder. En pleine remise en question des dogmes qui régissent sa communauté, la jeune fille se retrouve troublée le jour où elle fait la connaissance du propriétaire de la ferme, Elio (Riccardo Scamarcio)…
Le premier long-métrage du comédien Stéphane Freiss est plutôt une bonne surprise. Malgré une mise en scène peu surprenante, Tu choisiras la vie est un film assez captivant. En jeune femme troublée par ses sentiments et qui doit faire un choix décisif, Lou de Laâge est impressionnante. Jusqu’à la dernière minute, le suspense est mené tambour battant. Un premier film encourageant.
Recommandation : 3 cœurs
Antoine Le Fur
- VAINCRE OU MOURIR de PAUL MIGNOT et VINCENT MOTTEZ- Avec HUGO BECKER, JEAN-HUGUES ANGLADE, GILLES COHEN…
Pour son premier pas dans le long métrage de fiction, la toute jeune filiale cinéma du Parc vendéen du Puy du Fou propose un film historique autour de celui qui fut (et reste) une des grandes figures de la région, le marquis de Charette, un petit hobereau vendéen qui fort de sa bravoure, de son panache et de son talent d’orateur entreprit une jour de 1793 de booster, hors de sa région, les « bleus », ces soldats sanguinaires qui, depuis 1789, tentaient d’imposer la République en France par une féroce répression. La bataille sera sanglante, des deux côtés, mais surtout de celui des Chouans, qui combattaient, pour la plupart, fourche à la main, le Sacré-cœur de Jésus accroché sur leur poitrine. Fait prisonnier, Charette demandera à commander son propre peloton d’exécution. Il mourra en héros, ayant lavé à jamais de son sang le sol de sa Vendée.
Porté par un Hugo Becker intense et déterminé ( il interprète Charette) et quelques autres acteurs professionnels, Vaincre ou mourir est une fresque épique qui s’appuie, comme les spectacles du Puy du Fou, sur des centaines de figurants venus de toute la région. Bourré de références historiques, ce film est cependant une sorte d’Ovni, par moments très cinématographique, à d’autres, très » spectacle son et lumières », à d’autres encore, très documentaire. C’est à la fois surprenant et passionnant, surtout pour tous ceux qui s’intéressent à l’Histoire et aux épopées. Et au vu du taux de remplissage des avant-premières, il y en a beaucoup.
Recommandation : 2 cœurs.
Dominique Poncet
- ASHKAL, L’ENQUÊTE DE TUNIS de YOUSSEF CHEBBI- Avec FATMA OUSSAIFI, MOHAMED HOUCINE GRAYAA…
Avant que la révolution n’éclate en Tunisie en décembre 2010, le quartier des Jardins de Carthage à Tunis faisait office de beau projet immobilier. Mais la construction des bâtiments fut stoppée net dès le début du soulèvement de la population tunisienne. C’est dans l’un de ces chantiers qu’un cadavre calciné est un jour découvert. Deux policiers, Fatma (Fatma Oussaifi) et Balal (Mohamed Houcine Grayaa), sont chargés de l’enquête. Tout se complique lorsque de nouveaux corps, également carbonisés, sont de nouveau découverts les uns à la suite des autres…
Présenté lors de la dernière édition de la Quinzaine des Réalisateurs, Ashkal, l’enquête de Tunis est un polar qui ne laisse pas insensible le spectateur. Pour son premier long-métrage, le Tunisien Youssef Chebbi livre un film noir où la petite histoire s’entremêle habilement dans la grande histoire. Soit celle de la Tunisie chamboulée par la révolution de 2010 et de la chute de son président Zine el-Abidine Ben Ali. Déconcertant, choquant et intriguant, Ashkal, l’enquête de Tunis est de ces films que l’on n’oublie pas si facilement.
Recommandation : 4 cœurs
Antoine Le Fur
Ajouter un commentaire