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- L’ENVOL de PIETRO MARCELLO - Avec JULIETTE JOUAN, LOUIS GARREL, NOÉMIE LOVSKY…
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Raphaël (Raphaël Thiéry), soldat rescapé de l’horreur des tranchées, rentre du front et retrouve ses terres du Nord de la France. Tentant tant bien que mal de se reconstruire, il élève seul sa fille Juliette (Juliette Jouan). En grandissant, la jeune femme se découvre une passion pour la musique, art qui pourrait lui permettre de quitter enfin son village reculé. C’est alors qu’une mystérieuse magicienne (Yolande Moreau) lui prédit que des voiles écarlates viendront bientôt l’emmener vers de nouveaux horizons. Quelque temps plus tard, Juliette fait la rencontre de Jean (Louis Garrel), un aviateur énigmatique…
Il y a quelque chose de très littéraire dans ce nouveau film (le premier en langue française) du cinéaste italien Pietro Marcello (Martin Eden). Et pour cause, L’Envol est une adaptation libre du roman Les Voiles écarlates de l’écrivain soviétique Alexandre Grine. Contemplatif, ce long-métrage à la beauté envoûtante est véritablement sublimé par la musique du grand Gabriel Yared (compositeur, entre autres, de la bande originale du Patient Anglais). Surtout, il révèle une grande comédienne en la personne de Juliette Jouan. Difficile de croire, devant son talent évident, qu’il s’agit de sa toute première expérience devant une caméra. Et à coup sûr, pas la dernière.
Recommandation : 4 cœurs.
Antoine Le Fur
- GRAND MARIN de DINARA DROUKAROVA - Avec DINARA DROUKAROVA, SAM LOUWYCK, DYLAN ROBERT…
Comme son titre ne l’indique pas, Grand Marin est l’histoire de Lila, qui a tout quitté pour réaliser son rêve : aller pêcher au large de l’Islande, sur les mers du Nord. Grâce à son charme de femme à la fois gracile, résistante, solitaire et tenace, Lila, qu’on surnomme « Moineau », va réussir à embarquer sur le Rebel, un chalutier dont l’équipage est composé exclusivement d’hommes. Elle ira loin pour acquérir et défendre sa liberté…
Pour son premier long métrage, la russe francophone Dinara Droukarova a choisi d’adapter le roman éponyme de Catherine Poulain publié en 2016 et elle a eu le cran de s’y octroyer le rôle principal, celui d’une femme qui réussit à s’imposer dans un milieu d’hommes au caractère bien trempé, sans jamais jouer les fanfarons ou les gros bras. On peut applaudir la primo réalisatrice. Non seulement son film est une grande réussite ( dialogues percutants, rythme parfait, distribution impeccable et photo magnifique, due, signalons-le, à Timo Salminen, le fabuleux chef op de Kaurismaki), mais elle, est sensationnelle dans le rôle de Lila, aimantant le regard de sa densité, de sa beauté et de sa féminité mystérieuse.
Recommandation : 4 cœurs.
Dominique Poncet
- LES RASCALS de JIMMY LAPORAL-TRESOR. Avec JONATHAN FELTRE, MISSOUM SLIMANI, JONATHAN EAP…
1984. Une année encore synonyme d’insouciance dans la France mitterrandienne. Et pourtant, derrière les messages d’espoir et d’intégration, le racisme et l’extrême-droite gagnent dangereusement du terrain. Une réalité qui rattrape vite les Rascals, une bande de jeunes de banlieue parisienne. À la suite d’un règlement de comptes avec un skinhead, ces six amis vont voir leur vie changer à jamais. Face à la haine, ils n’auront d’autre choix que de basculer dans la violence…
Les Rascals est le premier long-métrage de Jimmy Laporal-Trésor, cinéaste déjà remarqué pour Soldat Noir, nommé au César du meilleur court-métrage en 2022. Intense et édifiant à plusieurs moments (en particulier une scène de rixe dans le métro, qui restera dans les annales), le film pêche cependant sur certains aspects du scénario. Ainsi, l’histoire de Rudy, ce jeune homme antillais et considéré comme le leader des Rascals, s’imbrique de manière plutôt maladroite dans le reste de l’histoire. De petites erreurs pour un premier long-métrage qui reste, malgré tout, assez encourageant.
Recommandation : 3 cœurs.
Antoine Le Fur
- AU REVOIR LE BONHEUR de KEN SCOTT- Avec FRANÇOIS ARNAUD, ANTOINE BERTRAND, LOUIS Morissette…
Quatre frères, que tout oppose, se promettent de mettre leurs différends de côté pour rendre ensemble, dans la maison familiale, un dernier hommage à leur père récemment décédé. Ça va mal commencer : au cours du voyage, l’un d’entre eux va perdre l’urne funéraire qui contenait les cendres du disparu. Les conflits vont refaire surface…
Vous souvenez-vous de Starbuck, ce film dingue, sorti en 2012, où un ado attardé de 42 ans avait tant de fois donné son sperme qu’il se réveillait, un jour, père de 533 enfants? Au revoir le bonheur est signé du même réalisateur, le québécois Ken Scott. Une décennie s’est écoulée, mais apparemment, le temps n’a entamé ni la force de frappe comique de ce cinéaste désormais cinquantenaire, ni sa tendresse, ni son humanité. Il n’a pas eu raison non plus de sa mélancolie, qui rend si émouvants les films de ce réalisateur, archi-connu dans son pays. Tourné dans le sublime archipel des Îles de la Madeleine (dans l’embouchure du Saint-Laurent) et porté par le gratin des comédiens québécois, dont le génial Antoine Bertrand, Au revoir le bonheur a tout, en ce cœur d’hiver, pour réchauffer nos zygomatiques. Jubilatoire.
Recommandation: 3 cœurs
Dominique Poncet
- LES CYCLADES de MARC FITOUSSI- Avec LAURE CALAMY, OLIVIA CÔTE, KRISTIN SCOTT THOMAS…
Lorsqu’elles étaient adolescentes, Magalie et Blandine étaient les meilleures amies du monde. Mais le temps a fini par les séparer. Des années plus tard, les deux copines se recroisent de nouveau. Si Magalie (Laure Calamy) n’a rien perdu de son excentricité et de sa joie de vivre, il en est tout autrement pour Blandine (Olivia Côte) qui mène désormais une vie en toute discrétion. Malgré leurs différences, les deux femmes décident toutefois de faire ensemble le voyage de rêve dont elles ont toujours rêvé. Direction la Grèce pour un séjour qui leur promet le meilleur comme le pire !
Marc Fitoussi est un réalisateur fascinant. Après son dernier film Les Apparences, sulfureux thriller à l’ambiance chabrolienne, le voici de retour à la comédie, un genre auquel il s’est essayé à de nombreuses reprises (Copacabana, Pauline Détective…). Les Cyclades joue sur l’un des ressorts comiques les plus utilisés au cinéma : le choc des cultures. C’est simple mais ça fonctionne grâce au tandem Laure Calamy / Olivia Côte qui, après avoir déjà fait des merveilles dans le désopilant Antoinette dans les Cévennes, ravit de nouveau nos zygomatiques. La comédie coup de cœur de ce début d’année !
Recommandation : 4 cœurs
Antoine le Fur
- LA LIGNE de URSULA MEIER- Avec STÉPHANIE BLANCHOUD, VALERIA BRUNI TEDESCHI, INDIA HAIR…
Après avoir violemment agressé sa mère Christina, (scène inaugurale du film, montée magistralement au ralenti, sur une musique de Vivaldi), Margaret, 35 ans, doit se soumettre à une stricte valeur d’éloignement en attendant son jugement. Pendant trois mois, elle ne doit, ni voir sa mère, ni s’approcher de la maison familiale à moins de 100 mètres. Marion, sa petite sœur, trace une ligne bleue autour de cette maison. Mais ces mesures qui condamnent Margaret l’exaltée à vivre comme « enfermée dehors » ne vont qu’exacerber son désir de revoir les siens…
Une plongée dans un univers familial en crise, c’est ce que propose le nouveau film de la réalisatrice de Home (2008) et de L’Enfant d’en haut (2012). Visuellement très belle, cette chronique familiale, bien qu’un peu statique, percute le spectateur par sa violence et sa tension. Une tension insufflée par des comédiens de haut vol, Valéria Bruni-Tedeschi, India Hair et surtout Stéphanie Blanchoud. Cette interprète venue du théâtre, également co-autrice du scénario, joue Christina, la mère, toxique, les nerfs à fleur de peau, désespérée. Sa prestation nous poursuit longtemps.
Recommandation : 4 cœurs.
Dominique Poncet
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