Vingt dieux
Infos & réservation
Thème
Totone, dix-huit ans (Clément Faveau) passe le plus clair de son temps à boire des bières et à écumer les bals du Jura avec ses potes. La mort accidentelle de son père va le ramener à la réalité. Pour pouvoir rester à la ferme paternelle et garder sa petite sœur (Luna Garret) avec lui, il est mis dans l’obligation de gagner sa vie. Mais travailler pour les autres, très peu pour cette forte tête. Après quelques échecs, Totone se met en tête de fabriquer le meilleur comté de la région, celui avec lequel il pourrait remporter la médaille d’or du concours agricole et 30 000 euros. Au cours de ses recherches, il va rencontrer celle qui va lui apprendre l’amour physique, une jeune agricultrice prénommée Marie-Lise (Maïwène Barthélémy).
Points forts
La justesse narrative du scénario. Pour l’écrire, Louise Courvoisier s’est inspirée de gens qui l’entourent depuis son enfance. Totone et ses amis sont un peu, dit la cinéaste, ses « collègues » de village dont, constate-elle, la plupart ont arrêté tôt leurs études pour travailler avec leurs parents dans des exploitations agricoles. Cette façon de procéder donne au film un vibrant réalisme documentaire.
L’emprunt du film aux codes du western. Tourné en cinémascope, Vingt dieux alterne « panoramiques » (plans larges ) et plans serrés. En perspective du portrait d’un jeune rural se dessine ainsi en même temps celui d’une région qu’il veut conquérir, une région encore peu exploitée au cinéma : le Jura.
Le culot de faire du comté un personnage du film, ce fromage n’étant pourtant pas a priori des plus cinématographiques !
La photo. Généreuse en couleurs et en luminosité, elle apporte au film quelque chose d’à la fois brut et sensuel.
Le choix des comédiens. Tous non-professionnels et tous issus de la région, ils sont tous formidables de naturel, de sincérité et d’énergie tour à tour tendre et rugueuse . Comme ces interprètes ont tous aussi l’accent jurassien, ils apportent au film un surplus d’authenticité, sans racolage folklorique.
Encore un mot...
Aucune. Scénario, dialogues, photo, rythme, décors (signés Ella Courvoisier, la soeur de Louise, la réalisatrice)…tout est réussi dans ce Vingt dieux, tout, y comprise sa musique, composée elle aussi par des membres de la famille de la cinéaste (sa mère et un de ses frères). Aussi épurée que expressive, cette partition renforce astucieusement le côté western de ce film si abouti.
Une phrase
Pour son premier long métrage qui évoque Petit Paysan, Louise Courvoisier signe un film magistral sur la jeunesse rurale jurassienne, ses difficultés, ses grands et petits bonheurs et son attachement à la terre. Pas étonnant que cette « épopée sentimentale et fromagère » (selon la définition qu’en donne son auteure !) arrive sur les écrans bardée de récompenses et auréolée de critiques plus que enthousiastes. On est même prêt à parier que Vingt dieux figurera sur la liste des nominés aux Césars.
L'auteur
«J’avais besoin de filmer la campagne jurassienne, de la filmer à des moments précis de la journée sans tomber dans la contemplation. Je voulais qu’on reste accroché à Totone et son histoire, et ne pas s’égarer vers le film bucolique. Il fallait trouver le juste milieu entre un regard brut, frontal et une approche poétique car il ne s’agissait pas non plus d’être totalement âpre. » ( Louise Courvoisier, réalisatrice).
Le clin d'œil d'un libraire
Née en Suisse en 1994 de parents musiciens devenus agriculteurs, Louise Courvoisier grandit dans le Jura avant d’étudier le cinéma à la Ciné Fabrique à Lyon. Son court métrage de fin d'études Mano à Mano remporte le premier prix de la Cinéfondation à Cannes en 2019. L’année suivante, elle réalise La Jarretière, un autre court métrage remarqué aussi. En 2022, soutenue par la maison de production Ex Nihilo, elle se lance dans le long. C’est Vingt dieux. Tournée dans le Jura avec des acteurs non-professionnels, cette comédie dramatique est présentée en avant-première à Cannes dans la section Un Certain Regard.
Elle va repartir avec le Prix de la jeunesse. Sélectionnée ensuite en compétition au Festival du film francophone d’Angoulême, elle va y rafler le Valois de diamant et le Valois des étudiants. En octobre dernier, elle a en outre reçu le prestigieux Prix Jean Vigo, qui depuis 1951, distingue « l’indépendance d’esprit, la qualité et l’originalité d’un cinéaste ». Toutes ces récompenses pour un premier film ! Vingt dieux a fait de Louise Courvoisier la réalisatrice la plus scrutée de cette fin d’année…
Ajouter un commentaire