Une vie rêvée

Valeria Bruni-Tedeschi trouve l’un de ses plus beaux rôles dans ce film doux-amer. L’une des plus jolies surprises de cette rentrée !
De
Morgan Simon
Avec
Valeria Bruni-Tedeschi, Félix Lefebvre, Lubna Azabal …
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

 Nicole (Valeria Bruni-Tedeschi) est une femme haute en couleurs. À plus de cinquante ans, cette banlieusarde farfelue tente tant bien que mal de joindre les deux bouts, tout en gardant un œil sur son fils unique, Serge (Félix Lefebvre). Tous deux essaient de cohabiter mais le comportement irresponsable de Nicole finit par avoir raison de la patience du jeune homme. La veille de Noël, une grosse dispute éclate entre mère et fils. Au fond du trou, Nicole va entrevoir une lueur d’espoir en se rapprochant de l’énigmatique Norah (Lubna Azabal) qui tient un café en bas de son immeuble…

Points forts

  • Son humour. Malgré un sujet de départ pour le moins plombant (la grande précarité), Une vie rêvée regorge de situations cocasses qui provoquent quelques sourires et plus encore. Notamment dans cette scène où le personnage de Valeria Bruni-Tedeschi se déshabille dans le bureau de son conseiller bancaire, pensant, à tort, qu’elle a rendez-vous avec son médecin.
  • Sa finesse d’écriture. De prime abord, ce deuxième long-métrage de Morgan Simon (remarqué avec l’épatant Compte tes blessures en 2017) pourrait laisser craindre un sentiment de réchauffé. Une mère borderline, un fils étouffé par l’amour de cette dernière… Difficile de ne pas songer au cinéma de Xavier Dolan. Et pourtant, le réalisateur parvient à déjouer les attentes du spectateur en signant un film qui aborde avec pertinence la question de la condition féminine, passée cinquante ans. Ici, l’héroïne tente de se réinventer, d’aimer de nouveau. C’est sobre, délicat et, au final, assez émouvant.
  • Valeria Bruni-Tedeschi. Jamais aussi bonne que lorsqu’elle joue des personnages lunaires (Ma Loute, La Fracture…), l’actrice et réalisatrice impressionne dans le rôle de Nicole, cette femme malmenée par la vie mais qui trouve la force nécessaire pour aller de l’avant. Une nomination au César de la meilleure actrice (au moins) serait tout à fait légitime.
  • Ses seconds rôles. Pas simple d’exister face à la prestation de Valeria Bruni-Tedeschi. Et pourtant, les autres acteurs parviennent à tirer leur épingle du jeu, de Félix Lefebvre en jeune homme effacé à Lubna Azabal, divine en girl next door de banlieue.

Quelques réserves

La mise en scène. Même si elle est loin d’être décevante, elle reste cependant assez anecdotique. Certaines séquences ont tendance à manquer de relief. Un bémol qui, heureusement, ne gâche pas le plaisir du spectateur.

Encore un mot...

 Avec ce deuxième long-métrage, Morgan Simon est parti d’un sujet qu’il maîtrise bien. Et pour cause. Une vie rêvée renvoie directement à sa propre vie et à sa relation avec sa mère. Un projet qu’il a mûri pendant une dizaine d’années, durant lesquels il a accumulé des idées, des dialogues mais aussi des choses que pouvaient dire ou faire cette femme à qui il rend ici un magnifique hommage.

 Pour l’anecdote, l’une des dernières scènes du film se déroule dans un restaurant avec un buffet à volonté. Un endroit qui n’a pas été choisi au hasard puisque c’est un établissement que Morgan Simon a l’habitude de fréquenter avec sa mère, qui habite d’ailleurs juste à côté…

Une phrase

 « Ce film, j’y pense et j’en ai rêvé depuis longtemps. C’est un film que j’ai commencé à écrire il y a dix ans à La Fémis. Il était centré sur le personnage du fils à la base et, au fur et à mesure, en ayant fait Compte tes blessures qui était aussi centré sur le fils, je me suis rendu compte que parler du personnage de ma mère avait un tout autre intérêt, c’était plus fort. Il y avait plus à raconter, des choses que je trouvais importantes. Notamment qu’à 50 ans, on peut se réinventer, se réapproprier sa vie, se redécouvrir, appréhender autrement la personne qu’on est et qu’on s’autorise à être ». (Le réalisateur Morgan Simon, dossier de presse du film).

L'auteur

 Morgan Simon est né en 1987, en banlieue parisienne. Après des études en biologie et en communication, il intègre la prestigieuse école de La Fémis dont il ressort diplômé, dans la section scénario. Il commence par réaliser plusieurs courts-métrages au début des années 2010 (American Football, Essaie de mourir jeune, Réveiller les morts…), sélectionnés dans plusieurs festivals de cinéma.

 En 2017, il signe son premier long-métrage, Compte tes blessures, qui reçoit 15 récompenses et est présenté dans une cinquantaine de festivals, dont celui de San Sebastian. En outre, il se retrouve nommé au Prix Louis-Delluc du meilleur premier film.

 Après deux courts-métrages (Plaisir fantôme et Nous nous reverrons), Morgan Simon réalise son deuxième long-métrage, Une vie rêvée, en 2024. Récompensé du Prix de la Fondation Barrière, il a été sélectionné cette année en compétition au Festival du Film Francophone d’Angoulême.

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