Une Affaire d’honneur
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Thème
1887. Encore traumatisé par la défaite de l’armée de Napoléon III à Sedan, Paris se passionne pour les duels, une pratique officiellement interdite et, pourtant officieusement tolérée, pour ne pas dire encouragée. Chaque journal, ou presque, possédant sa salle d’armes, la capitale pullule de maîtres escrimeurs. Le plus célèbre d’entre eux est Clément Lacaze (Roschdy Zem). Sombre et taciturne, pas encore remis des violences de la guerre, il exerce son métier essentiellement pour apprendre l’art de la défense à ceux auxquels on jette souvent le gant (beaucoup de journalistes).
Un jour, son neveu est tué au cours d’un combat avec le colonel Berchère (Vincent Perez), un bretteur violent qui dégaine son épée pour un oui pour un nom. A cause de cet homme dont il est l’exact opposé, Lacaze se retrouve malgré lui dans une spirale de violence et de vengeance. C’est à ce moment-là qu’il va faire la connaissance de Marie-Rose Astié (Doria Tillier), une femme insolente et féministe qui revendique le droit, pour ses congénères, de porter le pantalon et de croiser le fer…
Points forts
- Le sérieux avec lequel Vincent Perez a documenté son scénario. Pour le lester, il a passé des mois à s’immerger dans ces années de la fin du XIXème siècle et aussi à lire des ouvrages sur l’art du duel. C’est de ces recherches qu’a émergé le personnage de Lacaze dont il a fait le pivot de son histoire. Un pivot certes romanesque, mais surtout solide et indiscutable, à un point tel qu’il donne l’impression d’avoir réellement existé. Le réalisateur avoue l’avoir nourri aussi de tous les maîtres d’armes qui l’avaient marqué.
- L’introduction d’une femme dans ce film d’hommes. Ce n’est ni un anachronisme, ni une concession faite aux divers mouvements féministes d’aujourd’hui. Marie-Rose d’Astié de Valsayre a réellement existé. Le cinéaste a découvert son existence en lisant Le Petit Journal. L’Histoire avait oublié cette femme qui avait fondé la première Ligue féminine d’escrime, sans avoir pu pourtant obtenir le droit de combattre un homme. Vincent Perez l’a réhabilitée.
- L’incroyable réalisme des scènes de duel. Pour parvenir à la perfection de leur rendu, le cinéaste les a d’abord écrites et dessinées (chacune des quatre a son identité et sa rythmique propre), et il les a ensuite peaufinées avec Michel Carliez, le maître d’armes qu’il avait rencontré sur les tournages de Cyrano, du Bossu et de La Reine Margot. On a rarement eu de vision aussi crédible et aussi belle de ces combats singuliers.
- L’exceptionnel niveau du casting, au premier rang duquel Roschdy Zem, impressionnant dans le rôle du charismatique et nostalgique Lacaze; Doria Tillier, impériale dans le personnage si libre, si moderne, si impertinent de Marie-Rose d’Astié, et Vincent Perez en personne (pour une fois devant ses propres caméras) fascinant de violence rentrée dans l’uniforme de l’implacable Colonel Berchère. Dans des rôles secondaires, sont formidables aussi Guillaume Gallienne (de la Comédie Française) et Damien Bonnard.
- - La beauté formelle du film. Tout flatte le regard : la photo, les décors et les costumes. Vincent Perez a réalisé son film avec l'œil du photographe qu’il a été et est encore.
Quelques réserves
Aucun bémol, si ce n’est, ça et là, quelques répliques un peu trop littéraires, mais néanmoins vite « embarquées » dans le rythme du film.
Encore un mot...
Donner à comprendre les ritualisations, les enjeux et aussi, l’absurdité des duels à la fin du XIX°, tout en donnant à percevoir l’effervescence de cette période (qui allait s’ouvrir au modernisme et au féminisme), en dénonçant, au passage, la violence aveugle de la guerre… Pour son quatrième film, Vincent Perez avait une triple ambition… Il a gagné sur tous les tableaux. Sans « spectacularisation » excessive, Une Affaire d’honneur est un drame historique (et romanesque) qui restera parmi les plus marquants, les plus riches et les plus intéressants de ces dernières années. A ne pas rater.
Une phrase
« Pendant le tournage, on me demandait si mon film allait faire l’apologie du duel, et je répondais que je ne pouvais pas vraiment répondre à la question, parce que le sujet du film était le duel proprement dit…Mais si on regarde attentivement Une Affaire d’honneur, on s’aperçoit que plus on avance dans le récit, plus il révèle le caractère implacable de cette pratique…En même temps, une partie de moi reste assez séduite par le fait que le duel réglait une fois pour toutes le conflit entre ses deux protagonistes, qu’il ait été mortel ou non pour l’un d’entre eux » ( Vincent Pérez, réalisateur).
L'auteur
Après des études de photographie au Centre d’enseignement professionnel de Vevey, Vincent Perez, né à Lausanne en 1964, s’est ensuite tourné vers l’art dramatique, auquel il s’est initié à Lausanne et qu’il a perfectionné au Conservatoire de Paris, puis à l’école des Amandiers de Nanterre sous la direction de Patrice Chéreau, qui deviendra son mentor.
C’est en 1990 qu’il s’impose sur le plan international en jouant dans Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau. Suivront une multitude de téléfilms et films dont, en 1991, Indochine de Régis Warnier ; en 1994, La reine Margot de Patrice Chéreau; en 1998 Le Bossu de Philippe de Broca ; et en 1999 Ceux qui m’aiment prendront le train, également de Chéreau. Au théâtre, on l’a vu dans des pièces de Tchekhov, Billetdoux, Shakespeare, Choderlos de Laclos…
Un parcours sans faute pour l’acteur qui, parallèlement à son métier de comédien, entreprend, en 2002 une carrière de scénariste et de réalisateur. Son premier long métrage, Peau d’ange, sera suivi en 2007 par Si j’étais toi, puis, en 2016, par Seul dans Berlin , adapté d’un roman de Hans Fallada publié en 1947 à Berlin. Une affaire d’honneur est le quatrième film de cet artiste éclectique et rigoureux, qui se trouve être aussi un passionné d’escrime, discipline qu’il maîtrise à la perfection.
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Commentaires
Superbe film ! tout est parfait... les acteurs sont incroyables... tout est bien construit et on est captivé du début à la fin. Bravo !
après le thème reste au goût de chacun... mais pour ceux qui aiment ce sujet n'hésitez surtout pas !!!
Ce film a été un vrai régal pour moi.
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