Un Homme d'Etat
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Thème
A quelques semaines de l’élection présidentielle, le Président de la République sortant, Jean-François Vannier (Patrick Braoudé) est au plus bas dans les sondages. Chef de file du plus puissant parti politique du pays (un parti de droite), sa seule planche de salut est d’aller chercher de nouvelles voix. Tenté un moment par celles de l’extrême-droite, il va finalement opter pour celles de gauche. Dans cet objectif, il se met en tête de monter une opération « séduction » envers une des figures emblématiques de la gauche française, un ancien leader qui s’est retiré dans un petit village du Gers...Tel sera pris qui croyait prendre, la roublardise n’étant pas toujours du côté que l’on croit…
Points forts
- Le sujet même de ce film. On se divertit ici devant cet « Homme d’Etat » qui s’attaque aux compromissions et « sorties de route » des politiques dans ces périodes de campagne électorale. On se distrait d’autant plus que les longs-métrages qui, sous couvert de fiction, soit s’attaquent, comme ici, aux pratiques de la vie politique hexagonale (comme « L’Exercice de l’Etat », de Pierre Schoeller), soit tirent le portrait d’hommes politiques ( tels que « Quai d’Orsay », de Bertrand Tavernier), ne sont pas légion sur les écrans français.
- Le côté prémonitoire du film. François Bégaudeau et Pierre Courrège en ont écrit le scénario en 2011. On le croirait daté de ce matin, tant la situation électorale du Président de la République du film (à partir de laquelle les scénaristes ont imaginé une stratégie de reconquête du pays) semble être celle de l’actuel Président français. C‘est de la politique fiction, bien sûr, mais élaborée à partir d’une situation qui s’avère vraie aujourd’hui.
- Les portraits des deux principaux protagonistes du film, dessinés à la façon kaléidoscope, empruntant à de vrais hommes politiques. On s’amuse à essayer de deviner à qui appartient quel trait ? Cela relève du jeu de piste. C’est donc assez divertissant..
- L’interprétation. Patrick Braoudé est formidable, qui, dans la peau de ce Président de cinéma, joue de sa ressemblance physique avec François Hollande, mais emprunte à Nicolas Sarkozy sa faconde et à Silvio Berlusconi sa vulgarité et sa rouerie. Quant à Pierre Santini, il apporte sa densité d’acteur, sa subtilité de grand interprète aussi, à être cette figure politique de gauche, qui, lorsque les circonstances l’exigent, peut teinter de rouerie cette intransigeance qui a fait sa notoriété.
Quelques réserves
- La paresse de certains dialogues, qu’on aurait aimés plus percutants et qui, du coup, désamorcent la charge dénonciatrice du film.
- Le montage un peu « à la hache » de certaines scènes. Ce qui laisse supposer qu’il n’y a pas eu beaucoup de prises et que la réalisation du film a pâti d’un sérieux manque de budget.
- La prestation de François Bégaudeau. Que fait le co-scénariste du film devant la caméra ? Il n’est pas comédien. Et, hélas, le film s’en ressent.
Encore un mot...
Malgré son manque de punch dans les dialogues et sa réalisation un peu « téléfilm », il faut aller voir ce « Homme d’Etat » car avec un à propos qui tombe à pic en ce (presque) début de période électorale, il éclaire sur les mœurs politiques françaises, et cela, sans parti pris, puisque la droite comme la gauche en prennent pour leur grade avec une belle (et rare) équité. On ajoute aussi qu’il donne l’occasion de voir dans des rôles importants deux comédiens trop peu présents sur le grand écran, Pierre Santini et Patrick Braoudé. (sortie le 15 juin).
L'auteur
Né à Auch dans le Gers, Pierre Courrège commence par filer en Italie pour y suivre des études de cinéma. Rentré en France, il devient assistant- réalisateur avant de se lancer, en 1997, dans la réalisation de longs métrages. Ce sera d’abord « La Cible », une comédie avec Anémone et Daniel Russo, dont il a co-écrit le scénario. En 2003, il sortira « Livraison à domicile ». Entre temps, cet homme de cinéma, discret, qui est aussi pédagogue (il enseigne dans plusieurs écoles d’acteurs) aura alterné les documentaires (dont « les Voix du sport »), et les films de fiction pour le petit écran, notamment, en 2005, « Face à face », une série policière dont il est également l’auteur.
En 2011, sa rencontre avec François Bégaudeau (le scénariste d’« Entre les murs », palme d’Or à Cannes en 2008) se solde par l’écriture, à quatre mains, d’ « Un Homme d’Etat ». Au moment du tournage, Pierre Courrège passe derrière la caméra, François Bégaudeau, devant.
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