Tunnel
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Alors qu’il retourne chez lui pour fêter, auprès de sa femme Se-Hyun, l’anniversaire de leur fille, Jung-Soo Lee, VRP chez Kia Motors, se retrouve enseveli sous 180 mètres de roche suite à l’effondrement d’un tunnel.
Le moment de sidération passé, il parvient à appeler les secours et Se-Hyun avec son mobile.
Grâce au décompte des ventilateurs d’aération, le chef des sauveteurs Dae-Kyung le repère, lui promet de le sauver en 7 jours et lui donne quelques conseils de survie
(rationner l’eau qu’il avait, boire son urine au besoin, etc).
Alors qu’en surface on s’agite (visites ministérielles, patrons du tunnel) et que les journalistes relayent les progrès des recherches, Jung-Soo aménage son recoin, rassure sa femme, s’accroche à ses discussions avec Dae Kyung.
Mais les choses ne tardent pas à se compliquer…
Points forts
On a découvert et apprécié Kim Seong-Hun au détour de son ironique voire subversif Hard Day (2014). Un accident mortel de la route amenait un inspecteur de Police à vouloir se débarrasser d’un cadavre. Au passage, ce thriller irrésistible et angoissant vitriolait la corruption policière.
Si on retrouve en filigrane le même souci de dénonciation de certaines déviances de son pays (compétition à outrance, cynisme des conglomérats, course à l’audience des media etc), le film est, sur le plan formel comme sur le fond, plus conventionnel que le précédent et, du même coup, accessible à un public plus large : histoire linéaire, action, caractères archétypiques, critique politique et sociétale adoucie, etc. Par là-même, le spectacle est d’une indéniable efficacité.
Chacun ne peut que s’identifier à la victime, le montage parallèle est particulièrement bien rendu et narquois entre ce qui se déroule sous terre, avec un héros calme, confiant, obéissant et partageant naturellement ses maigres ressources avec une rencontre inattendue… et les gesticulations de la surface où les peurs, les égoïsmes, les enjeux financiers vont anéantir toute notion d’humanité.
Le rythme ne flanche jamais sans que le réalisateur n’use d’artifices narratifs de diversion (multiplier les pistes et rebondissements surprise).
Mais plus que tout, l’impression d’oppression est redoutable. On se surprend à plusieurs reprises à respirer profondément et tout spectateur claustrophobe aura sa dose de suées ! Il faut sans doute remonter à Buried (2010) pour ressentir avec autant d’acuité et d’authenticité une telle sensation.
Plus anecdotique mais pas moins louable, Kim Seong-Hun a l’élégance de
nous épargner le pathos d’usage, notamment en tenant la petite Su-Jin, fille du couple, à l’écart (ou presque) de l’histoire.
Quelques réserves
Précisément la simplicité de la narration et de sa mise en image, en ce sens que ce film finit par ressembler à tous ceux du genre.
Les musiques sont appuyées et “violoneuses”.
Kim Seong-Hun a fait le choix de ne pas s’attarder sur la psychologie et le “background” (CV) intime des personnages au profit du rythme et des émotions. On n’est pas obligé de souscrire à ce point de vue réducteur de la part de ce réalisateur original et talentueux.
Encore un mot...
Bien que réduit ici à sa portion congrue, le “message” politique perce sous le spectacle. Il faut en effet savoir que la Corée du sud est aujourd’hui en tête du classement des pays de l’OCDE en termes de décès par accident, principalement du fait d’un développement économique à marche forcée ces trente dernières années, (le fameux “palipali”, ie “toujours plus vite” en français), souvent au détriment
de la sécurité.
Sans lui faire un sort, donc, Kim Seong-Hun dénonce en filigrane la collusion entre les chaebols (conglomérats) et les bureaucrates, véritable problème structurel de la Corée du Sud, comme vient de le rappeler son actualité avec la destitution de sa Présidente Park Geun-Hye et le naufrage du Sewol en avril 2014.
Une phrase
- “Que ressentez-vous ?” (Le reporter de la chaine SNC à Lee Jung-Soo, enseveli sous 180 mètres d’éboulis !).
L'auteur
En 2006, KIM Seong-hun réalise How the Lack of Love Affects two Men”,
son premier long métrage, une comédie rythmée aux personnages
pétillants.
Bousculant les conventions de genre du thriller, son
deuxième film, Hard Day (2014) remporte de multiples prix en festivals
internationaux et est présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au
Festival de Cannes où il est très bien accueilli. Simultanément, le
film est un succès populaire en Corée, avec 3,4 millions d’entrées. Ce
succès ouvre les portes de la scène internationale au réalisateur.
Avec 7 millions d’entrées enregistrées depuis sa sortie en août,
"Tunnel" est le succès de l’été 2016 au box office coréen, le deuxième
après le très drôle et très réussi film de zombies "Dernier train pour
Busan", de Sang-Ho Yeon (2016).
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