Truth : le prix de la vérité
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Thème
En juin 2004, une équipe de CBS News, dirigée par la productrice Mary Mapes (Cate Blanchett) sort un scoop meurtrier contre George W. Bush qui est en campagne pour sa réélection. Le présentateur vedette de CBS News, Dan Rather (Robert Redford), révèle, au cours de l’émission « 60 minutes », que le candidat Bush s’est fait pistonner pour éviter d’être envoyé au Vietnam. A l’appui de cette info ravageuse, Mary Mapes a rassemblé avec l’aide de son équipe des photocopies d’archives. C’est là que le bât blesse : comment prouver la véracité de simples photocopies ? Le clan conservateur s’engouffre dans la brèche et Mary Mapes se fait étriillerr. Le débat se déplace alors vers les fameuses photocopies, les experts étant divisés quant à leur authenticité. Quant à l’information clé, à savoir que George Bush a évité le Vietnam, tout le monde s’en fiche. Dès lors, c’est la chaîne CBS qui est sur la sellette; et ses respnsables décident de sacrifier l’équipe de « 60 minutes » pour sauver le navire amiral. En septembre 2004, Mary Mapes et ses collaborateurs sont congédiés et Dan Rather invité à faire ses adieux. Au pays de la liberté d’expression, c’est le pouvoir politique qui, cette fois-ci, a muselé les journalistes.
Points forts
- Hollywood n’a jamais aimé Bush mais, soutenu par l’Amérique profonde, Bush n’a jamais été réellement inquiété par Hollywood. Aujourd’hui, l’empire du cinéma américain se venge en produisant ce film intense et corrosif sur les manipulations de l’époque Bush. C’est passionnant à regarder, un peu effrayant aussi. Le scénario souligne avec force comment les partisans de Bush ont habilement renversé la vapeur en détournant l’attention du public vers les archives controversées, si bien que plus personne n’évoquait le fond de l’affaire, celui de la défection du jeune Bush. Dès lors, le président candidat a pu continuer tranquillement sa campagne et se faire réélire.
- A peine sorti de son superbe rôle dans « Carol », Kate Blanchett s’impose à nouveau dans celui d’une grande productrice de télévision prise dans une tourmente politique qui la dépasse au risque de l’écraser. A côté d’elle, Robert Redford, indestructible et impérial, endosse le brillant costume d’une légende du journalisme, Dan Rather. Et l’on se demande lequel doit-on admirer le plus, l’acteur ou son personnage ? Sans doute les deux, mon général…
Quelques réserves
Si les controverses journalistiques et politiques sont passionnantes dans ce film, on est moins convaincu par les explications emberlificotées concernant les problèmes techniques posées par ces photocopies. La première partie du film consacrée à ces questions est donc moins entraînante que la seconde, quand une commission ad-hoc se réunit en interne au sein de la chaîne pour tenter de connaître la vérité et surtout pour faire le procès des journalistes de « 60 minutes », avant de les virer.
Encore un mot...
Le film s’inspire des mémoires de Mary Mapes publiées sous le titre « The Press, the president and the privilege of power ». Le réalisateur a réussi à en faire un spectacle de haut niveau où sont posées toutes les questions qui touchent à la mission de la presse dans une démocratie face à un pouvoir qui veut défendre ses intérêts. A noter que Mary Mapes n’a plus travaillé à la télévision depuis son licenciement.
Une phrase
Qui seront trois:
- « La mission du journaliste consiste à découvrir et révéler au public ce que le pouvoir en place veut dissimuler et garder secret. » Dan Rather
- « Ce qu'on a perdu de vue dans le vacarme assourdissant autour de l'authenticité contestée des documents, c'est que les faits évoqués dans l'émission “60 Minutes“ de Dan Rather sont fondamentalement vrais. Bush a reçu un traitement de faveur. » James C. Goodale, avocat de CBS
- « Rather était la bête noire des Républicains. Cela ne pouvait qu'influencer la direction de CBS. CBS doit passer par Washington pour obtenir son autorisation d'émettre. Toute cette affaire ressemble à un complot pour faire tomber Dan. » James C. Goodale
L'auteur
Né en 1975 dans une grande famille new-yorkaise, James Vanderbilt a écrit et produit une dizaine de scénarios parmi lesquels « Zodiac », de David Fincher, « Robocop », de José Padilha, « The amazing spider-man » 1 et 2, de Marc Webb, autant dire des films qui s’adressent au grand public, au moins pour les trois derniers, et qui n’ont d’ailleurs pas raté leur cible. « Truth : le prix de la vérité » est son premier film en tant que réalisateur et ce coup d’essai est un coup de maître, dans la tradition des grands films politiques hollywoodiens.
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