Tracks
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Thème
1975, Australie : s’ennuyant dans la ville et la vie, orpheline de mère depuis son enfance, fille d’un père baroudeur, la jeune et frêle Robyn Davidson décide, sans réelle raison apparente, de traverser les 3000 kilomètres de désert séparant Alice Springs de l’Océan Indien, avec 4 dromadaires et sa chienne Diggity. Après deux ans de petits boulots pour acheter ses camélidés, elle se lance dans l’aventure, à raison de 30 km/jour, entre soleil de plomb, tempêtes de vent, nuits étoilées et rencontres inattendues. Elle est suivie par Rick Smolan, reporter à la revue National Geographic, qui la sponsorise. Un incroyable défi dont Rick tirera un article à succès et, deux ans plus tard, Robyn un best-seller.
Points forts
- Tournée dans un somptueux 35mm, alternant splendeur des plans consacrés au désert et intimité de ceux évoquant les souffrances de l’héroïne, cette histoire est tirée d’un fait réel.
- Loin des films tel Lawrence d’Arabie, Wild ou La captive du désert, pour ne citer qu’eux, le désert n’a ici rien de fascinant ni de mythique.
- Le réalisateur n’a pas cherché à booster son scenario au détour de rencontres ou d’événements artificiels. Le désert en tant que tel, la compagnie des dromadaires, les quelques mirages dont Robyn est victime, les ossements d’animaux jonchant le sol, les humains qu’elle va croiser et les réminiscences de son enfance via les rêves, les objets qu’elle a emportés ou ses confidences à Rick sont les seuls fondements de son émouvante progression intérieure.
- L’hommage rendu aux aborigènes à travers M. Eddy est aussi beau que pudique et le rapport entre l’énergique Rick et la gracile Robyn d’une sensibilité aussi subtile que roborative.
- Certains moments allient superbement humour et psychologie. Ainsi lorsque le dresseur de chameau, castrant celui de Robyn, explique : “Quand un chameau en rut a une idée en tête, plus rien ne l’arrête”, métaphore involontaire de la volonté de Robyn mais aussi prémonitoire de l’instant où elle se “jettera” sur Rick pour lui faire l’amour.
- Le lien entre le présent et le passé n’est ni envahissant ni pesamment explicatif.
- Les deux acteurs principaux sont absolument parfaits.
Quelques réserves
Ceux de ce style de film, un genre en soi, initiatique, beau mais demandant à se laisser envahir par une certaine dilatation du temps, de l’observation et des sensations, parallèlement à l’héroïne.
Encore un mot...
- "J’étais tellement puriste que je ne voulais pas que Hollywood fasse ce film. J’étais convaincue qu’il devait être australien, qu’il devait porter ses propres valeurs, proches de ce que le voyage et le livre signifient. (…) Ce qui m’a vraiment décidé a été le choix de Mia Wasikowska. (…) Je n’ai pas été déçue, car c’est une actrice magnifique et adorable. Bien sûr, je n’ai jamais pensé que le film pouvait être une transcription exacte du livre et je pense qu’un scénariste qui croit que le film peut être totalement fidèle au livre est naïf. Au finale, c’est leur vision, et cela me va très bien comme ça". (Robyn Davidson)
- "Quand j’avais 24 ans, j’ai décidé d’aller en Australie et je ne me souviens pas vraiment pourquoi j’ai fait ça. J’ai voyagé avec un sac à dos, et quelqu’un m’a parlé du livre de Robyn Davidson. Je ne l’avais pas lu, mais je savais de quoi il s’agissait. Quand des années plus tard, le producteur Emile Sherman m’a contacté pour adapter le livre, j’ai été vraiment touché par le fait que ce récit avait saisi une époque, des lieux et une expérience dont je me sentais très proche. Cette idée de bouleverser votre vie, quand vous vous sentez un peu coincé, résonnait profondément en moi, parce qu’au même âge j’avais fait quelque chose d’un peu similaire en venant m’installer en Australie." (John Curan)
Un respect mutuel qui atteint son but à travers une belle œuvre.
Une phrase
- “Je n’aurais jamais dû partir, je me sens si seule”. Robyn à Rick.
- “On l’est tous”. Rick à Robyn.
L'auteur
Aujourd’hui considéré comme une icône du cinéma australien, John Curran commence sa carrière avec le film indépendantPraise (1998), l’histoire d’une relation amoureuse d’un couple, essentiellement basée sur le sexe, l'alcool et la drogue, film qui reçoit l’International Critics’ Award (FIPRESCI) au Festival de Toronto International et est nominé pour la Meilleure Réalisation à l’Institut de Film Australien en 1999.
Ce succès lui permet de travailler avec Naomi Watts, Mark Ruffalo, Laura Dern, et Peter Krause dans We don’t live here anymore (2004), film relatant les naufrages conjugaux de deux professeurs de lettres, sélectionné la même année aux Festivals de Sundance et Deauville. John retrouve l’actrice Naomi Watts dans Le voile des illusions (2006), sorte de Mme Bovary se situant dans l’Angleterre et la Chine de 1920. S’ensuit Stone en 2010, thriller autour d’un détenu utilisant sa femme pour manipuler son avocat et obtenir sa libération conditionnelle, avec Edward Norton, Robert De Niro et Milla Jovovich au générique.
Il est actuellement en train de développer sa première série télé chez HBO qui relate les histoires des explorateurs Lewis and Clark.
Tracks apparaît comme une optimiste bouffée d’oxygène dans sa cinématographie!
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