Tout pour être heureux
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Thème
A presque quarante ans, Antoine (Manu Payet) n’arrive toujours pas à se comporter comme une personne raisonnable. Professionnellement, c’est un musicien égoïste et dilettante, qui joue avec l’argent de ses producteurs et mise, avec désinvolture, sur… sa bonne étoile. Côté vie privée, c’est « un panier percé », infantile et fantasque, aussi incapable de s’occuper de sa femme, magistrat, Alice (Audrey Lamy), que d’assumer sa paternité. Il est pourtant père de deux petites filles, de cinq et neuf ans.
Un jour, fatigué de ce qu’il est devenu, un être immature dépendant de sa femme et des autres, il décide de larguer les amarres de sa vie conjugale et familiale…
Confronté à sa nouvelle liberté, Antoine va petit à petit acquérir un statut d’adulte, c’est à dire, essentiellement, devenir un père responsable. Par ricochet, sa vie professionnelle s’en trouvera transformée…
Points forts
- Le scénario. Au vu du « pitch », on pouvait s’attendre à une énième comédie à la française sur le couple et ses aléas, vannes poussives, situations invraisemblables et montage à la hache. On se retrouve, certes dans une comédie, mais une comédie très nuancée, très inventive, très réaliste aussi, sur la paternité et la filiation. Avec des ruptures de ton qui font qu’alternent, avec une fluidité très maitrisée, scènes légères, et moments plus empreints de gravité. Exactement comme dans la vraie vie où, de situations banales, peuvent naître de la gaité ou de la tristesse.
- La façon dont sont (d)écrits les personnages principaux. A commencer par celui du père. C’est à petites touches, très subtilement, qu’on va voir celui qui n’est encore qu’un homme-enfant au début du film, se métamorphoser en papa aimant et responsable. Le rôle de la mère est très juste aussi, qui montre une femme battante, aimante et droite, et qui, mine rien, en obligeant son ex-mari à endosser ses responsabilités, lui fera prendre le chemin d’une paternité assumée.
- Les personnages secondaires. Aucun ne sert ici, comme trop souvent, de faire-valoir. Ils sont très bien dessinés, ont un vrai parcours (notamment le personnage de la sœur, très bien incarné par Aure Atika ) et s’insèrent tout naturellement dans le film.
- La chanteuse dont Antoine, dans le film, est le manager. Elle s’appelle Joe Bel. Retenez bien son nom. Sa présence, indéniable, son timbre, de velours, le léger voile de sa voix et… son charme fou, risquent de la propulser bientôt en haut des affiches. Elle a aussi composé la bande originale du film et sortira un album à la fin de l’année.
- La distribution. Elle est épatante. Et d’abord, quelle riche idée d’être allé chercher Manu Payet pour le rôle du père. Il l’habite formidablement d’un bout à l’autre, dans les scènes d’humour comme dans les scènes de tendresse. Décidément la quarantaine va comme un gant à ce comédien qui, depuis quelque temps, s’avère aussi doué pour la comédie que pour des registres plus graves.
Autre belle surprise : Audrey Lamy. En femme et maman responsable, elle montre ici qu’elle aussi peut sortir de son emploi de comique et qu’elle possède un vrai potentiel dramatique.
J'ajouterai que tous les autres comédiens du film ( Aure Atika et Pascal Demolon, entre autres) sont formidables d’humanité et de drôlerie mélangés.
Quelques réserves
Paradoxalement, par moments, des dialogues un peu trop « écrits ». Ce qui, certes, empêche le film de tomber dans le « raccoleur », mais en jugule parfois un peu trop l’émotion.
Encore un mot...
Un film tendre et intelligent sur la paternité... Sauf à être allergique au genre « comédie », ou aux œuvres qui placent, en leur centre, les enfants, on peut, les yeux fermés, acheter son ticket pour ce « Tout pour être heureux ». D’autant plus que Manu Payet y est au top, qu’Audrey Lamy s’y révèle comédienne dramatique, que les petites filles de ce très bon duo de cinéma, divinement dirigées, y sont craquantes et que ce film est l’occasion de découvrir une chanteuse hors pair, Joe Bel. Cyril Gelbat a tout bon !
L'auteur
On ne sait pas grand chose de ce cinéaste discret, né à Nice le 14 juin 1977 et qui cumule les casquettes de producteur, producteur délégué, réalisateur et scénariste. Son premier court-métrage, « Ages ingrats », date de 2002; le second, « Le Ballon prisonnier », de 2008. Cette année même où il signa et réalisa son premier « long », « Les Murs porteurs ». Une chronique douce amère sur le temps qui passe et la filiation (avec Miou-Miou et Charles Berling), qui lui valut d’obtenir le trophée du premier scénario.
Son deuxième film, « Tout pour être heureux », inspiré - très librement - du livre de Xavier de Moulins, « Un Coup à prendre » (Editions du Diable Vauvert), appartient au genre comédie. Il en a également signé le scénario.
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