Toni, en famille

Le portrait épatant d’une mère solo de cinq enfants qui veut réinventer sa vie en reprenant des études. Le grand film populaire de la rentrée !
De
Nathan Ambrosioni
Avec
Camille Cottin, Léa Lopez (de la Comédie Française), Louise Labeque…
Notre recommandation
4/5

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Thème

Antonia, dite Toni (Camille Cottin) élève seule ses cinq enfants. Un job à plein-temps. Comme il lui faut bien, aussi, nourrir sa famille, elle chante le soir dans des bars. Chanter, Toni sait le faire. Vingt ans plus tôt, après avoir gagné un concours, elle avait même enregistré un single qui avait cartonné et, malgré ses obligations de mère, n’avait plus jamais arrêté de se produire.

Mais, aujourd’hui, elle en a assez : chanter ne l’intéresse plus. Ses deux aînés s’apprêtent à quitter la maison pour rejoindre l’université. Ses trois enfants suivants feront un jour de même. Toni s’interroge : que fera-t-elle quand ils auront tous déserté le domicile familial ? Elle se verrait bien professeur. Malgré ses 43 ans, l’incrédulité de sa marmaille et les problèmes administratifs, elle va prendre le taureau par les cornes ...

Points forts

  • Nathan Ambrosioni a beau dire qu’il adore le cinéma portraitiste, celui qui « dépeint un monde à notre hauteur et n’évoque pas l’extraordinaire », on est quand même bluffé par la justesse de ses dialogues, surtout ceux de son héroïne, Toni, une mère débordée qui a le double de son âge de jeune homme… célibataire ! C’est d’autant plus étonnant que son scénario date d’une dizaine d’années. Quelle précocité ! 
  • Est-ce pour être dans l’air du temps ?  Le cinéaste est parvenu à ne ni « genrer », ni sexualiser son regard sur son personnage principal. Toni n’est pas un prénom, mais un surnom ambivalent dont on ignore, avant de voir le film, s’il désigne une femme ou un homme. En outre, dans le scénario, il n’est pas question une seule fois pour Tony, d’amour ou de sexe. Le plus fort est que cela ne manque pas une seule seconde !
  • La distribution est formidable, dominée par une Camille Cottin qui aimante par sa sincérité, son naturel, sa sensibilité, son courage et sa tendresse.
  • D'un point de vue formel, le film est très réussi. Pas de caméra à l’épaule : ce sont les personnages qui lui impriment son rythme et ses mouvements. Cette façon de procéder lui donne une énergie très particulière. Il n’y a pas de temps mort, mais pas d’accélération intempestive non plus. Et quelle solarité dans l’image !

Quelques réserves

On a beau chercher, rien ne cloche dans cette comédie familiale. C’est d’autant plus remarquable que, comme à son habitude depuis ses débuts, Nathan Ambrosioni, 23 ans au moment du tournage, a tenu seul les manettes des trois des postes-clés du film : l’écriture du scénario, la réalisation et le montage.  

Encore un mot...

Et si le grand film populaire de la rentrée, c’était cette comédie dramatique, d’une touchante subtilité, signée d’un jeune réalisateur qui, bien que n’ayant pas encore l’âge de son héroïne arrive à la portraiturer avec une justesse et une maturité étonnantes? A en juger par l’enthousiasme de  son accueil  au Festival d'Angoulême, il se pourrait bien que Toni en famille, servi par un scénario, des dialogues et un casting impeccables, rafle la mise cette semaine. Ce serait amplement mérité.

Une phrase

« J’admire Camille Cottin depuis longtemps. Adolescent, j’étais fan de la série Connasse. Sa nonchalance était fascinante. Puis, il y a eu Dix pour cent, Stillwater, House of Gucci…Tous ses rôles m’ont accompagné. Elle était dans ma cinéphilie, elle a toujours été là. J’espérais que Toni ce soit elle » ( Nathan Ambrosioni, réalisateur).

L'auteur

Nathan Ambrosioni serait-il le nouveau prodige français du 7ème art ? On peut se poser la question, car  à tout juste 24 ans, ce jeune homme, qui a grandi à Grasse loin des métiers du cinéma, sort son quatrième long métrage, sans jamais avoir mis les pieds dans une école spécialisée.

C’est en 2009 qu’il se découvre  une passion pour le cinéma, après avoir vu, par hasard, Esther. Époustouflé  par ce film d’épouvante signé Jaume-Collet Serra, il se le promet, il se le jure: il sera cinéaste. Il a tout juste douze ans, il n’est qu’un  pré-ado, mais il fonce et écrit scénarios sur scénarios. Ses parents, qui ne sont pourtant pas du tout dans ce milieu, l’aident. A quinze  ans, il réussit à sortir son premier film, Hostile, un film d’horreur psychologique que la presse salue pour l’originalité de son scénario et sa beauté picturale. L’année suivante, c’est Therapy.

Est-ce parce qu’il est moins encensé par la critique ? En tous cas, le jeune cinéaste quitte l’horreur et propose, en 2018, les Drapeaux de papier, un drame bouleversant entre une sœur et un frère joués par Noémie Merlant  et Guillaume Gouix. Le succès (critique) revient. Le réalisateur décide de tourner un film dont le scénario traîne depuis des années dans ses cartons. C’est Toni en famille. Il offre à Camille Cottin l’un de ses plus beaux rôles. Un film est tellement épatant que Dominique Besnehard et Marie-France Brière en ont fait le coup de cœur de leur dernier Festival d’Angoulême. Le public a adoré…

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