Strictly criminal

La quintessence du film de gangster
De
Scott Cooper
Avec
Johnny Depp, Joel Elgerton, Benedict Cumberbatch, Julianne Nicholson, Juno Temple
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

L’histoire commence dans les années 1970 et s’inscrit dans le quartier populaire de South Boston. Deux amis d’enfance d’origine irlandaise, l’agent du FBI, John Connolly (Joel Egerton), et le petit gangster, James Bulger (Johnny Depp), décident de faire une alliance contre nature – gendarme et voleur – pour faire tomber le chef de la mafia italienne. L’homme du FBI se voit monter en grade et le gangster étendra sa zone de marché illicite. Dans un premier temps, ça marche. Mais bientôt le petit malfrat, que rien n’arrête, devient terriblement gênant pour son copain du FBI. C’est l’histoire vraie de l’ascension d’un gangster psychopathe finalement arrêté en 2011 et condamné à perpète et d’un policier dont la naïveté l’a condamné à quarante ans de prison…

Points forts

- Le déroulement dramaturgique allié à une vaste mise en scène aboutissent à une sorte de quintessence du film de gangster, un genre qui s’épuise si on ne le renouvelle pas. Ici, le filon redémarre.

- Johnny Depp s’est fait une tête effrayante ; dans le film, il n’y a que sa mère qui n’a pas peur de lui. Joel Edgerton est parfait en flic perdu. Benedict Cumberbatch, sénateur et frère du gangster, s’est composé une tête d’honnête homme qui sait tout mais ne veut rien savoir pour passer entre les gouttes. Il finira par se faire tremper. Au passage signalons que dans ce grand pays d’Amérique les gangsters et les hommes politiques peuvent se retrouver le soir à dîner avec maman sans que cela ne gêne personne...

- Au total, on retrouve dans ce film la même atmosphère poisseuse et tendue que dans les films de Martin Scorsese, ce qui n’est pas une critique négative.

Quelques réserves

C’est le genre qui veut ça, mais certaines scènes sont d’une extrême violence, puisque le personnage principal laisse des dizaines de cadavres derrière lui, qu’il prend plaisir à tuer lui-même après les voir torturés, hommes et femmes sans distinction. Cœurs sensibles s’abstenir.

Encore un mot...

Le film est adapté d’un livre éponyme qui vient de sortir en France (édition Hugo Doc), une enquête rédigée par un professeur de journalisme à l’université de Boston, Dick Lehr, et le rédacteur en chef du Boston Globe, Gérard O’Neill, qui a reçu le prix Pulitzer pour ses articles sur la Mafia. Pour le film, il a fallu concentrer l’intrigue afin qu’elle entre dans une durée raisonnable et modifier certains faits pour que le public se laisse prendre par cette histoire au long cours. Résultat : on est scotché sur son siège pendant deux heures et c’est tout ce qu’on demande à un bon film.

Une phrase

« Nous autres gamins irlandais du quartier de ‘Southie’, on a commencé à jouer aux flics et aux voleurs et puis on s’est retrouvés dans les mêmes rôles pour de vrai. Et comme quand on était petits, ça n’a pas toujours été facile de nous distinguer ».

L'auteur

Acteur, producteur, cinéaste, Scott Cooper, né le 20 avril 1970 à Abingdon, Virginie, a écrit, produit et réalisé, en 2009, un premier film attachant, « Crazy heart », qui plonge dans l’histoire et l’univers du Country Rock. Jef Bridges a obtenu pour ce film l’oscar du meilleur acteur, en interprétant un chanteur sur le déclin. Cooper a également signé « Les brasiers de la colère » (2013), avec Christian Bale, Casey Affleck, Forest Whitaker, Willem Dafoe, Sam Shepard; une belle distribution pour un thriller social de grande envergure mais à l’intrigue convenue. Ce n’est pas le cas pour « Strictly criminal », fondé sur une histoire vraie, et qui est une grande réussite.

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