Sparrows
Infos & réservation
Thème
Sa mère ayant décidé de rejoindre son nouvel époux en Afrique, Ari, 16 ans, enfant de chœur doué d’une voix merveilleuse, est contraint d’aller vivre dans la région isolée des fjords islandais, chez son père, Gunnar, qu’il n’a pas revu depuis 6 ans.
S’il est chaleureusement accueilli par sa grand-mère paternelle et son amie d’enfance Lara, la réception que lui réserve Gunnar, qu’il découvre alcoolique, est plutôt froide; et celle d’Einar, le petit ami de Lara, ouvertement hostile.
Dans l’attente du début de l’année scolaire, il est embauché à l’usine de poissons locale. Commence pour lui le temps des épreuves qui le mèneront au pardon et à l’amour.
Points forts
- La profonde sensibilité de ce film sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte, un sujet, certes, rebattu mais fort, ici, du regard infiniment subtil du réalisateur à faire ressortir la lente et bouleversante évolution des émotions et des sentiments comme il se doit pour toute initiation.
- La lumière et le magnifique paysage de la région nord islandaise de Westfjords ainsi que de ses villages de pêcheurs de Flateyri et Isafjordur, où la noirceur des montagnes plongeant dans la pureté du bleu de la mer rendent parfaitement compte de l’esprit du film voulant que la vie soit une alternance de moments durs et doux.
- L’intelligence des cadrages qui, à partir de cette réalité paysagère et en filmant un horizon toujours coupé horizontalement (nuages, maisons, montagnes), donne une impression d’enfermement tout en opposant de façon permanente et discrète la verticalité des hauteurs montagneuses à l’horizontalité de la mer et des habitations pour en faire la métaphore des psychologies : il y a ceux qui veulent s’élever et ceux qui se contentent des plaisirs immédiats : alcool, sexe, travail…
- Le grain des images super 16 qui, contrairement à la perfection glaçante du numérique, instille par ses “imperfections” l’ambivalence confuse des sentiments.
Quelques réserves
- Ceux propres au cinéma nordique : une ambiance et un tempo pouvant sembler pesants car ne recourant à aucun procédé destiné à accélérer artificiellement le rythme ou susciter des montées d’adrénaline gratuites.
- Les spectateurs qui aiment le travail prémâché en seront donc pour leurs frais. Pour simple que soit sa narration et parfait le jeu des acteurs dans l’expression des émotions, sa richesse se trouve dans la finesse des détails de la réalisation que chacun pourra observer (cf ci-dessous).
Encore un mot...
Rúnar Rúnarsson est un réalisateur éminemment délicat pour qui a eu la chance de l’approcher. Son regard bleu lumineux contredit totalement l’apparente "sombreur" de son film. En réalité, et pour avoir eu le privilège de l’interviewer, l’homme propose bien une vision christique du pardon et de l’amour qui ne se conçoivent qu’au travers des épreuves et un certain don de soi. Ce n’est jamais ostensible et c’est son immense qualité. Il se perçoit ici à travers le fait, par exemple, que le jeune héros passe son temps sur les hauteurs soit qu’il les escalade (montagnes) soit qu’il s’y trouve en raison des circonstances (lieu de la chorale dans l’église ou le silo dans lequel s’élève son chant). De la même façon, les moments éprouvants du film sont à apprécier dans une approche globale véritablement féminine (au sens symbolique) de la relation humaine. Une telle intelligence et un tel propos sont plus que bienfaisants et roboratifs par les temps qui courent et expliquent la recommandation finale.
Une phrase
“La vie n’est pas noire ou blanche, elle est grise avec une échelle de nuances de gris. C’est la réalité et je veux que le public la perçoive”. Rúnar Rúnarsson.
L'auteur
Né à Reykjavik (Islande) en 1977, Rúnar Rúnarsson vit au Danemark pendant 7 ans, d’où il sort diplômé de la Danish Film School en 2009.
Avec onze courts-métrages à son actif, plus de 90 prix internationaux, la nomination de The last Farm pour l’Oscar du meilleur court-métrage en 2006 et celles de Two Birds pour la Palme d'Or du court-métrage à Cannes mais aussi auxEuropean Films Awards en 2008, il devient un des réalisateurs de cette catégorie les plus applaudis dans le monde.
Il tourne son premier long-métrage Volcano en Islande. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes en 2011, il reste inédit en salles à ce jour, le distributeur ayant estimé qu’ilrisquait de pâtir, par la proximité de son thème, du succès deAmour, le film de Haneke.
Depuis sa première mondiale au festival de Toronto en septembre 2015, Sparrows, son second long métrage, réalisé également en Islande, a obtenu de multiples prix (San Sébastian, Göteborg, Sao Paulo…) dont on retiendra plus particulièrement le Prix de la presse et la Flèche de cristal au Festival de cinéma européen des Arcs.
Ajouter un commentaire