Seul dans Berlin

Dictature et vie quotidienne des gens ordinaires: impressionnant !
De
Vincent Perez
Avec
Emma Thompson, Brendan Gleeson, Daniel Brühl.
Notre recommandation
4/5

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Thème

Tandis que dans le Berlin de 1940, un peuple en liesse fête la victoire de l’Allemagne nazie sur la France, un couple de Berlinois, Otto et Anna Quangel, ne sont pas dans le ton. Ils viennent de perdre leur fils unique dans l’offensive contre la France. Pour le père, contremaître dans une petite entreprise, cette mort signe son entrée dans la résistance à Hitler. Il commence à placer des cartes postales dans les lieux publics, sur lesquelles il a écrit de petits textes violents contre le régime. Son épouse se joint bientôt à lui et tous deux parcourent la capitale pendant plusieurs mois sans se faire prendre. Mais un inspecteur travaille à plein temps pour les trouver et les confondre.

Points forts

- La mise en scène de « Seul dans Berlin » est plus que soignée, on s’y croirait dans cette ville en folie qui connaîtra la peur et la destruction. Mais qui s'en soucie en 1940 ? Dans les rues, dans les bus, les gens se sourient et se parlent spontanément. Le cinéma est d’abord un spectacle, ce principe de base s'applique à ce film pour le plus grand bonheur du spectateur.
 
- Parmi les atouts de la mise en scène, on notera encore le parti pris de ne jamais laisser à l’image une personne seule, comme pour montrer que dans ce temps-là, dans ce pays-là et dans ce régime-là, on est observé en permanence et nul n’a le droit de se sentir indépendant et libre. Tout le monde est scruté, tout le monde est sous le joug.
 
- Le couple qui va prendre en pleine figure la nouvelle de la mort de leur fils est interprété par des comédiens, Emma Thompson et Brendan Gleeson, qui manient l’émotion avec discrétion. Ils portent la charge de rendre crédible cette incroyable histoire vraie : dire non au moment où tout le monde est sous le charme de Hitler. 
  L'inspecteur de police qui finira par les pincer est pas mal non plus; c'est Daniel Brühl, découvert dans le fameux "Good by, Lenin!", et présent dans des films qui ne sont pas anodins, tels "Joyeux Noël" de Christian Carion ou "La femme au tableau" de Simon Curtis.

Quelques réserves

Le film est en langue anglaise pour des questions de coproduction sans doute, mais ceci affaiblit la force de l’intrigue.

Encore un mot...

L’histoire de « Seul dans Berlin » fait écho à la propre histoire de l’acteur cinéaste Vincent Perez dont la mère était allemande et le père espagnol. Née en 1939, sa mère a passé cinq ans avec ses parents sur les routes de l’exode vers l’Est avant de revenir en Allemagne une fois la guerre terminée. L’un de ses oncles a été tué sur le front russe et un grand-oncle a été interné dans un hôpital psychiatrique avant d’être gazé dans une chambre à gaz de la solution T4, un programme clandestin d’assassinats systématiques des handicapés physiques et mentaux séjournant dans les établissements publics dans l'Allemagne d'avant guerre. Ce programme d’euthanasie précéda d’environ deux ans le génocide des juifs. « Seul dans Berlin » ne se contente donc pas de suivre deux résistants dans la capitale nazie. Il montre en outre la persécution des juifs et l’enrôlement des enfants. C’est une fresque décrivant les répercutions d’une dictature dans la vie quotidienne des gens ordinaires.

Une phrase

- « Le premier pays envahi par les nazis a été l’Allemagne. Lorsque Dachau, le premier camp de concentration, a été construit [en 1933], c’était pour y mettre les opposants eu régime ». Vincent Perez
 
- « Le plus beau livre jamais écrit sur la résistance allemande antinazie ». Primo Levi

L'auteur

Vincent Perez a joué dans un grand nombre de téléfilms et de films dont les plus notables sont: en 1990, « Cyrano de Bergerac » de Jean-Paul Rappeneau, « Indochine » de Régis Warnier, sorti l’année suivante, « La reine Margot » (1994) et « Ceux qui m’aiment prendront le train » (1999), de Patrice Chéreau. 

Au théâtre, on l’a vu dans des pièces de Tchekhov, Billetdoux, Shakespeare, Laclos… 
Autant dire que son physique avantageux d'éternel jeune premier se double d'une tête bien faite qui lui a permis de concrétiser une belle seconde carrière, de réalisateur. Ce qu'il a entrepris en 2002 avec son premier long-métrage, « Peau d’ange », puis « Si j’étais toi » et aujourd’hui « Seul dans Berlin », adapté d’un roman de Hans Fallada publié en 1947 à Berlin Est et devenu un best seller international quand il a été traduit en anglais en 2009. La première édition française date de 1967 sous le titre « Seul dans Berlin » (Plon).

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