Sans jamais nous connaître
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Thème
Pour son cinquième long métrage, le réalisateur britannique Andrew Haigh offre une nouvelle pépite cinématographique. Librement adapté de Présences d’un été ( Strangers en anglais), le roman du japonais Taichi Yamada, à mi-chemin entre film fantastique et mélo, Sans jamais nous connaître raconte les fantômes qui nous hantent.
Scénariste en mal d’inspiration, Adam (Andrew Scott) vit dans une tour quasi inhabitée de Londres. Une nuit, son quotidien solitaire et monotone est interrompu par un mystérieux voisin, Harry (Paul Mescal). Malgré leur tempérament opposé (l’un est mélancolique et taiseux, l’autre, plus extraverti et d’une sensualité rayonnante), les deux hommes nouent une relation amoureuse dont la douceur et la délicatesse font remonter en Adam des souvenirs de son passé, restés jusque-là enfouis. L’envie le prend de retourner dans la ville où il a grandi jusqu’à la mort accidentelle de ses parents, il y a trente ans. Arrivé devant l’ancien pavillon familial, il a l’illusion de retrouver ces derniers bien vivants, tels qu’enfant, il les avait connus. Il entame avec eux une discussion qu’il n’avait jamais pu avoir. Le travail du deuil commence, l’acceptation de son homosexualité qui l’avait isolée du monde, aussi...
Points forts
- Est-ce la douceur extrême de son ton, la nostalgie triste de ses images (qui confinent au sublime) ? La solitude pudique de son héros? Ce film happe le spectateur dès ses premières minutes.
- La fluidité avec laquelle le film va et vient entre le réalisme d’une histoire d’amour déchirante (et même un peu mélo) entre deux hommes et l’onirisme du conte fantastique. On glisse de l’un à l’autre, sans s'en apercevoir.
- L’universalité du propos: l’amour, la solitude et l’empreinte indélébile de la famille.
- Le casting, dominé par deux acteurs irlandais phénoménaux : Andrew Scott (47 ans) qui, dans la peau d’Adam, tient son rôle principal le plus bouleversant et Paul Mescal (21 ans) qui, dans son personnage de Harry, impression.
Quelques réserves
Aucune. Comme on l’a noté plus haut, Andrew Haigh a même réussi les allers et retours dans le temps, entre les séquences d’aujourd’hui et celles, fantomatiques, des années 80.
Encore un mot...
Après six années d’absence du grand écran, le réalisateur britannique Andrew Haigh revient avec ce qui est, sans aucun doute à ce jour, son film le plus personnel : une romance gay fantastique, où le mélo et le film de fantômes semblent ne faire qu’un. Très bien accueilli à sa sortie en Grande Bretagne, Sans jamais nous connaître arrive en France précédé d’un succès critique hexagonal pour ainsi dire unanime. Il est vrai qu’il est difficile de résister à cette histoire d’amour queer, d’une douceur ineffable, d’une sensibilité peu commune et d’une poésie folle, d’autant qu’elle est très réussie sur le plan formel et est portée par une interprétation cinq étoiles. Bouleversant .
Une phrase
« L’adaptation a été longue et parfois douloureuse. J’avais envie de m’inspirer de mon propre passé, un peu comme le personnage d’Adam le fait dans le film. Ce qui m’intéressait, c’était de fouiller la complexité de l’amour familial et des relations amoureuses, mais aussi le vécu d’une génération bien particulière d’homosexuels qui a grandi dans les années 80. Je souhaitais m’éloigner du récit fantomatique du livre et aborder des enjeux plus psychologiques, quasi métaphysiques » ( Andrew Haigh, cinéaste).
L'auteur
Aujourd’hui producteur, scénariste et réalisateur, Andrew Haigh, né le 7 mars 1973 à Harrogate dans le Yorkshire, a commencé dans le cinéma comme assistant monteur, sur plusieurs films de Ridley Scott, dont Gladiator et La Chute du Faucon noir. En 2009, après plusieurs courts-métrages dont Oil en 2003 et Markings en 2005, il se lance dans le long. C’est Greek Pete, qui traite de la prostitution masculine à travers l’expérience d’un jeune homme qui loue son corps. Dévoilé au public au London Lesbian and Gay Film Festival, ce récit y reçoit une ovation.
En 2011, c’est Week-End, une comédie dramatique romantique qui décrit une relation d’un week-end entre deux hommes et remporte un grand succès. L’aura du réalisateur, ouvertement homosexuel grandit. En 2015, son 45 Years est sélectionné pour la compétition officielle de Berlin. Il y remporte l’Ours d’argent de la meilleure actrice pour Charlotte Rampling et L’Ours d’argent du meilleur acteur pour Tom Courtenay. En 2017, c’est La Route sauvage, un drame qui, en autres récompenses, vaudra à son interprète principal, Charlie Plummer le Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir de la Mostra de Venise.
Du très sensible Sans jamais nous connaître, qui sort ce mercredi sur les écrans français, Andrew Haigh dit qu’il est son film le plus autobiographique, moins parce qu’il met des homosexuels à l’écran que parce que ce « mélo fantastique » l’a poussé à une certaine introspection.
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