Cette comédie, c'est de l'émotion, du rire, du sens, du charme, de la fraîcheur et de l'inédit. Pour employer des termes branchés, c'est un délicieux "feel good movie" rural.
Infos & réservation
Thème
Pour rendre ses poules heureuses, Raymond, exploitant d'une petite ferme bretonne avicole, a un secret : accompagné de Roxane, son gallinacé préféré, il leur déclame tous les jours des tirades de Cyrano de Bergerac. Ce charmant rituel semble porter ses fruits puisque les pontes quotidiennes sont en constante progression. Un jour, on annonce à Raymond que, pour des questions de rentabilité, la coopérative de la région ne va plus venir chercher ses œufs. Dans l'espoir de sauver sa ferme, il va alors tenter un truc aussi fou qu'incroyable : se mettre en scène dans des vidéos YouTube qui parleront à la fois de son amour des beaux textes classiques et de sa passion des poules. Le but : faire du buzz pour attirer, directement, les consommateurs d'œufs. Evidemment, comme il s'agit d'une fable, ce stratagème va marcher...
Points forts
- La réalité inspire souvent les meilleures fictions. Voilà qui se confirme une fois encore avec ce Roxane. Quand un producteur emballé par son court métrage propose à Mélanie Auffret de financer son premier long, la jeune réalisatrice n'a aucune idée de scénario. En retournant à la ferme familiale pour réfléchir, elle rencontre un agriculteur à la retraite qui lui raconte que, bien qu'ayant quitté l'école très tôt, il avait attrapé le virus des beaux textes, et qu'il profitait souvent de la traite de ses vaches pour en réciter à haute voix. Chez la jeune femme, l'anecdote fait tilt. De l'étable au poulailler... Elle franchit le pas...
- L'idée la séduit d'autant plus qu'elle y voit l'opportunité de faire le portrait d'une communauté en grave difficulté. « J'aime les films à la Full Monty, explique-t-elle. Ce sont des films qui ont un sens de l'authenticité très fort. Ils s'attaquent à des thèmes sensibles, mais ils dispensent un message optimiste ».
- Et parce qu'elle est romantique, Mélanie décide d'appuyer son scénario sur une belle histoire d'amour...
- C'est Guillaume de Tonquédec qu'elle choisit pour être Raymond, l'aviculteur amoureux des grands textes. En fermier déclamant Cyrano avec fougue et maladresse, l'acteur de « Fais pas ci, fais pas ça » est irrésistible, d'autant plus formidable qu'il s'est senti des affinités avec son personnage : lui aussi, enfant, il a eu beaucoup de difficultés à apprendre à lire et à écrire !
- Dans le rôle de sa femme, attentive et patiente, Léa Drucker est, comme toujours d'une justesse époustouflante.
- Quant aux poules, Roxane en tête, elles sont d'une « ciné-génie » assez renversante.
Quelques réserves
- Peut-on parler de points « faibles » à propos d'un film aussi singulier que délicieux ? On évoquera tout juste des petites maladresses, inhérentes à toute première œuvre, suffisamment vénielles pour qu'elles n'occultent jamais son charme fou.
Encore un mot...
De l'émotion, du rire, du sens, du charme, de la fraicheur, de la tendresse et de... l'inédit... Quel jolie comédie que ce Roxane ! Grâce à l'intrépidité candide d'une jeune réalisatrice, on a, en plus, la preuve qu'il est encore possible à notre époque, de marier pour le meilleur, culture et agriculture.
Une phrase
« Guillaume (de Tonquédec) a cette tendresse et cette bienveillance qui était nécessaire au personnage de Raymond. Dans cette histoire notre héros s'embarque dans une aventure que personne autour de lui ne comprend. J'avais donc besoin d'un acteur immédiatement sympathique auquel on pouvait s'attacher tout de suite » (Mélanie Auffret, réalisatrice)
L'auteur
Originaire de Vannes, petite fille d'agriculteurs, Mélanie Auffret, 27 ans cette année, passe tous les temps libres de son enfance dans la ferme familiale près de Corlay. Après des études de commerce, elle se tourne vers le théâtre et souhaite devenir comédienne. Mais le cinéma la démange. En 2013, elle remporte le Prix Eicar (Ecole internationale de création et de réalisation). Pendant les deux années qu'elle passe dans cette école (formation réalisation cinéma et télévision), elle réalise deux courts métrages dont Sois heureuse ma poule.
Inspiré par une loi qui oblige toutes les petites fermes avicoles à passer à l'élevage industriel, réalisé avec 1200 euros, ce film de 7minutes 20 est sélectionné au Festival de l'Alpe d'Huez 2016. C'est lui qui est à l'origine de ce savoureux Roxane.
Et aussi
- « Greta » de Neil Jordan - Avec Isabelle Huppert, Chloë Grace Moretz, Maika Monroë...
Frances, une jeune fille, fragilisée depuis la mort de sa mère, trouve un jour un sac de cuir luxueux dans le métro de New York. Après avoir hésité, elle décide de le rapporter à sa propriétaire, sans se douter qu'elle vient de tomber dans un piège. Greta, la propriétaire de ce sac, est en réalité une dangereuse psychopathe. Petit à petit, la terreur s'installe. Frances va vivre le pire...
Quand deux actrice d'exception (Isabelle Huppert, souverainement perverse dans le rôle-titre, et Chloë Grace Moretz, craquante de douceur naïve dans un rôle de victime) sont mises face à face par le réalisateur irlandais Neil Jordan (The Crying Game, Entretien avec un vampire) pour jouer un scénario que n'aurait pas désavoué Stephen King, cela donne ce brillant thriller psychologique horrifique. Il y a six ans qu'on n'avait rien vu de Neil Jordan, par ailleurs brillant écrivain, aux manettes d'un film. Présenté l'année dernière au Festival de Toronto, ce Greta signe enfin son retour.
Recommandation : excellent
- « Lune de miel » d'Elise Otzenberger - Avec Judith Chemla, Arthur Igual...
Anna et Adam, un couple de Parisiens d'origine juive polonaise part en Pologne pour commémorer le 75° anniversaire de la destruction d'un village où ont vécu les grands-parents d'Adam. En son for intérieur, ce dernier aurait préféré aller à New-York en amoureux avec Anna. Mais pour elle, ce voyage tombe à pic : elle veut en profiter pour découvrir la terre qui fut celle de sa grand-mère... Au début, ce voyage sur les routes de Pologne donne lieu à d'inénarrables chipotages entre Anna et Adam, puis il s'accompagne de considérations plus graves sur l'identité juive... Pour son premier film, Elise Otzenberger a fait preuve d'ambition : aborder sous la forme d'une comédie romantique à la Woody Allen, la question de la transmission dans les familles qui furent victimes de la Shoah. Son pari est réussi. Porté par deux acteurs au charme indéniable ( l'adorable et fantasque Judith Chemla et le très juste Arthur Igual), Lune de Miel est un film doux amer à la fois drôle, léger et bouleversant.
Recommandation : bon
- « Un havre de paix » de Yona Rozenkier- Avec Yoel Rosenkier, Micha Rosenkier, Yona Rosenkier...
Trois frères se retrouvent dans le kibboutz de leur enfance pour enterrer leur père. Avishaï, le plus jeune, doit partir à la frontière libanaise où un nouveau conflit a éclaté. Tiraillé entre la peur et le sens de son devoir, il sollicite les conseils de ses frères. L'un, Yoav, traumatisé par la guerre, va le pousser à rester. L'autre, Itaï, l'inciter, au contraire, à se comporter en viril patriote. Dans la fratrie, des dissensions vont éclater, d'autant plus violentes que le testament du père va réveiller des blessures secrètes et des souvenirs d'enfance.
Résignation des uns, désir d'en découdre des autres, volonté de s'échapper des troisièmes... Pour son premier long métrage tourné en famille dans le kibboutz de son enfance, Yona Rozenkier a choisi d'explorer les conséquences traumatiques de la guerre sur les jeunes gens d'Israël. L'originalité de son film est de le faire à travers les réactions de trois frères qui, à eux seuls, représentent tous les combattants. Aucune image du front n'est montrée. Même si les protagonistes en viennent aux mains, la violence est, ici, essentiellement verbale, adoucie par les deux seuls biens que ces trois garçons ont en commun : leur sentiment d'appartenir à un même pays et aussi, un grand sens de l'humour. Entre tragédie et burlesque, voilà un film sur Israël en guerre qui échappe a beaucoup des défauts dont sont souvent affublés ses semblables : le manichéisme et le militantisme.
Recommandation : excellent
- « Piranhas » de Claudio Giovannesi - Avec Francesco Di Napoli, Ar Tem, Alfredo Turrito...
Nicola et ses copains ont entre dix et quinze ans. Ils sont armés, aiment ce qui brille, se déplacent en scooter et se rêvent parrains de la mafia. Pour échapper à leur misère sociale et devenir, à leur tour, les rois de Naples, ils ne vont reculer devant rien. Ni la prison ni même la mort ne vont faire peur à ces jeunes conquérants qui ont choisi la guerre par inconscience...
Après le Gomorra de Matteo Garrone (Grand Prix du Festival de Cannes 2008), voici, Piranhas de Claudio Giovannesi. Le premier explorait le quotidien des mafieux napolitains à l'ancienne, le second exploite le même thème, mais à travers le prisme de leur relève, des caïds pré-ados qui mettent la ville en coupe réglée. Le point commun entre ces deux films est d'avoir été tirés de deux romans signés Roberto Saviano, des romans forts, édifiants et basés sur des faits réels. Si, formellement Gommora s'appuyait sur une écriture filmique ultra-stylisée et très esthétisante, Piranhas, au contraire, joue la carte du néo-réalisme. Interprété par des jeunes acteurs napolitains non-professionnels, mis en scène avec une énergie qu'on dirait puisée dans l'âge de ses protagonistes, ce film sous haute tension fascine autant qu'il emporte, bluffe par sa vérité, étonne par son absence totale de complaisance. (Déjà en salles).
Recommandation : excellent
Commentaires
Tout est à côté de la plaque et mal traité...avec une musique " HORS SUJET "
Ajouter un commentaire