Rock’n roll

Dommage que le film ne tienne pas la distance
De
Guillaume Canet
Avec
Guillaume Canet, Marion Cotillard, Gilles Lellouche, Yvan Attal, Johnny Hallyday, Camille Rowe, Kev Adams, Philippe Lefebvre, Ben Foster.
Notre recommandation
3/5

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Thème


Tout va pour le mieux pour Guillaume Canet en personne, l’acteur que nous connaissons et qui se met lui-même en scène, avec ses amis, sa compagne, mais pas son fils (« Je ne voulais évidemment pas le mêler à ça », dit-il. Alors il a pris à la place un garçon de son âge). Au début de « Rock’n roll », Guillaume tourne dans un film d’auteur assez différent de son univers. C’est le cinéaste Philippe Lefebvre qui dirige son ami Canet. Par la suite vont intervenir, comme dans la vraie vie, des amis de Guillaume, Gilles Lellouche, Yvan Attal et même Johnny Hallyday. Mais n’anticipons pas. 

Le tournage du film d’auteur s’arrête brusquement quand la jeune comédienne (Camille Rowe) qui donne la réplique à Guillaume lui laisse entendre qu’il n’est plus tout à fait jeune, ce qui n’est pas faux. 

Pour lui prouver qu’elle a tort, cette très jeune fille qui pourrait être sa fille, Guillaume Canet se lance dans une course folle au rajeunissement. Vraiment folle. C’est le sujet de « Rock ‘n roll ».

Points forts

- La première partie du film est hilarante. La compagne de Guillaume, Marion Cotillard, doit aller tourner au Québec – ce qu’elle a fait d’ailleurs pour le film de Xavier Dolan, « Juste la fin du monde ». Pour parfaire son accent québécois, elle s’oblige à parler québécois à la maison, au lever, au coucher ; souvent Guillaume n’y comprend rien tandis que le spectateur suit les dialogues en sous titres. L’effet est hilarant.
 
- La crise de la quarantaine pour un jeune premier est une catastrophe annoncée. Certains acteurs ne s’en remettent pas. Guillaume Canet, 43 ans, y a visiblement beaucoup pensé. Il étale ses états d’âme sur le mode comique. En rire plutôt que d’en pleurer. Et il participe grandement au lancement de cette petite histoire qui n’engendre pas la mélancolie. Il met en péril le tournage de son film d’auteur et n’en a cure. Son seul souci, son seul but : retrouver sa jeunesse. Mission impossible.

Quelques réserves

« Rock ‘n roll » dure deux heures. L’intrigue, avec ses multiples rebondissements, fonctionne bien pendant une heure quinze. Ensuite on est dans la répétition tandis que la fin est grotesque. C’est d’autant plus dommage que l’idée de base est excellente et peut traitée au cinéma.

Encore un mot...


Il est intéressant que ce soit un homme qui soit pris dans la tourmente de l’âge. On se soucie plus du vieillissement des actrices. Des stars ont arrêté en plein vol pour ne pas vieillir à l’écran, Greta Garbo, Brigitte Bardot. D’autres ont duré et dure encore comme Catherine Deneuve, Miou Miou, Isabelle Huppert et même Danielle Darrieux qui tournait encore il y a quelques années – elle aura cent ans le 1er mai. D’autres encore ont réussi à durer malgré la beauté perdue comme Simone Signoret. Chez les hommes, Gabin a continué à tourner après avoir perdu sa belle gueule, Delon a réalisé des thrillers pas très bons où il se mettait en scène. Ce sont les comédiens moins connus qui souvent font des carrières sur le tard au cinéma comme Michel Serrault. 

Le thème est riche, qu’on le traite en tragédie ou en comédie. À condition de ne pas faire trop long…

Une phrase

- « Aucun comédien n’est content de vieillir ; pas tellement à cause des emplois qu’il ne pourra plus tenir mais parce que le chemin se réduit ». Philippe Lefebvre
 
- « On se voit tous, à un moment ou à un autre, vieillir à l’écran. Cela peut être d’autant plus perturbant et déstabilisant que certains continuent de s’identifier à une version d’eux jeunes ». Marion Cotillard
 
- « Lire dans les journaux qu’une telle, très refaite, ne vieillit pas… Bien sûr que si, elle vieillit ! ». M.C.

L'auteur

Avant de réaliser son premier long métrage, « Mon idole », en 2002, avec François Berléand, Clotilde Courau, Gilles Lellouche, Jean-Paul Rouve et Diane Kruger, Guillaume Canet avait déjà une longue carrière d’acteur. Parmi la soixantaine de films qui l’ont porté sur le devant de la scène, citons, récemment, « Cézanne et moi », où il était Zola, « Jappeloup », qui a révélé sa passion pour l’équitation, « Joyeux noël », « Jeux d’enfants », « Ensemble, c’est tout », « L’affaire Farewell »…

En 2006, le beau succès de « Ne le dis à personne » puis des « Petits mouchoirs » l’installe au sommet des réalisateurs qui attirent le public. 

Mais l’échec critique et public de « Blood Ties », en 2013, un polar trop ambitieux et ampoulé tourné aux Etats-Unis et coscénarisé par le cinéaste américain James Gray, le fait dégringoler de l’olympe. 

Parviendra-t-il à  remonter la pente avec cette comédie déjantée et très « rock’n roll »? La réponse appartient au public.

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