Rocketman
Construit autour de la vie d'Elton John, "Rocketman" est un film spectaculaire, drôle, émouvant, ambitieux, généreux, inventif, rythmé, et merveilleusement interprété. Ca vous suffit, non ?
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Thème
Entre fantaisie, réalisme, danse, concerts et répétitions, c'est un film en forme de comédie musicale, qui raconte, avec une inventivité et un rythme fou, l'incroyable vie de l'un des plus grands mythes de la pop culture, Elton John. Depuis son enfance malheureuse de jeune pianiste prodige entre un père absent et psychorigide et une mère égoïste, jusqu'à sa métamorphose en star planétaire. Sans oublier aucune des épreuves (alcool, sexe, drogues, solitude inouïe, désillusions amoureuses, rapports cruels avec ses parents) que traversa ce jeune artiste homosexuel, né Réginald Dwight dans un milieu populaire, avant de s'imposer sous le nom d'Elton John. Le tout, évidemment, porté par les plus grands tubes du chanteur, dont Rocketman qui donne son titre à ce biopic sans équivalent.
« Ce film retrace les débuts de ma célébrité. Il ressemble à ce que je voulais qu'il soit » dit aujourd'hui l'intéressé, anobli en 1998 par la Reine d'Angleterre
Points forts
- Il a fallu beaucoup de souffle et de patience à tous ses protagonistes (producteurs et réalisateur) pour faire aboutir ce projet. Dix années exactement, puisque l'idée d'un biopic autour d'Elton John, due à David Furnish, le mari de la star – avec son assentiment –, remonte à 2009. Au début, l'idée séduit, puis effraie la Paramount : comment raconter, sans se censurer, la vie, ou plus exactement les mille et une existences successives et/ou simultanées d'un artiste prodige.
- Tout le monde finit par se mettre d'accord : pas question que ce biopic soit une banale reconstitution de vie. Il doit à l'image de son sujet : extravagant, flamboyant, musical et, surtout, honnête.
- Elton John qui a finalement décidé de co-produire le projet donne carte blanche à l'équipe. Une perle est trouvée pour l'écriture du scénario, Lee Hall. « Lee a fait un travail magnifique dit le producteur Matthew Vaughn. Il a amené le film entre la comédie musicale, le biopic, une rêverie inspirée de la réalité et une réalité inspirée du rêve ».
- Aux manettes de la réalisation, on place un as en la matière, Dexter Fletcher. Il est l'homme de la situation : en plus d'être à l'origine du projet, il est le sauveur de Bohemian Rhapsody (abandonné par son réalisateur initial)
- Pour incarner Elton John, l'unanimité se fait autour de Taron Egerton (Kingsman). Le britannique de 29 ans sait tout faire. Non seulement il joue, mais il chante, danse et se débrouille au piano. Il a, en outre, de la sensibilité, de la vulnérabilité, et de la détermination... Son travail va se révéler époustouflant. Sans être mimétique, le comédien est authentique, plus vrai que nature. Et, évènement rare dans ce genre de film, il interprète lui-même les tubes de son personnage ! Un exploit qui a laissé tout le monde pantois, même Sir Elton.
Quelques réserves
- Sauf à détester les biopics, je n'en vois aucun !
Encore un mot...
Projeté au festival de Cannes en avant-première, hors compétition, sous le regard ému, bienveillant et émerveillé d'Elton John en personne, Rocketman a reçu un accueil délirant. Normal : il est spectaculaire, drôle, émouvant, ambitieux, généreux, inventif, rythmé et surtout, répétons le, il est porté par un interprète du tonnerre, Taron Egerton.
Rocketman fera-t-il mieux au box-office que son illustre prédécesseur, Bohemian Rhapsody ? Les paris sont ouverts.
Une phrase
« Ce que je voulais transmettre à travers le film, c'est le prix exorbitant de la célébrité et le sentiment de solitude qu'on peut ressentir, les séquelles que nous laissent notre éducation, et aussi ce qui arrive si on ne se ressaisit pas très vite pour mettre un terme à ses addictions et à ses mauvaises habitudes. Mais je voulais bien sûr que tout ça soit présenté avec un certain humour. » (Elton John )
L'auteur
Né le 31 janvier 1966 dans le quartier londonien d'Enfield, Dexter Fletcher est d'abord comédien avant d'être réalisateur. Il fait ses débuts au cinéma en 1976, en jouant, à dix ans, dans la comédie musicale Du Rififi chez les mômes, d'Alan Parker. Au cours des quatre décennies suivantes, il donne la réplique à des stars comme Al Pacino, Anthony Hopkins et Liam Neeson. Il joue aussi sous la direction de cinéastes de la trempe des Derek Jarman, David Lynch ou Guy Ritchie, qui lui apprennent les rudiments du métier de réalisateur.
En 2013, après être sorti d'une période de scoumoune, il se lance dans la réalisation. C'est Sunshine on Leith. Le succès commercial de cette comédie musicale autour de la musique des Proclaimers lui permet d'enchainer en 2016 avec Eddie the Eagle, l'histoire vraie du champion de saut à ski Eddie Edwards. Dans la foulée, le cinéaste reprend les rênes du biopic Bohemian Rhapsody. Au final, ce film, au générique duquel le cinéaste ne figure pas (c'est le réalisateur démissionnaire Bryan Singer qui est resté crédité), va rapporter plus de 900 millions de dollars de recettes et rafler 4 Oscars.
Adoubé par Elton John en personne, qui le coproduit, Rocketman vient donc d'être présenté hors compétition au festival de Cannes. Si on se fie à l'accueil du public cannois, ce biopic sur la plus grande icône de la culture pop, devrait s'envoler vers un joli succès planétaire.
Et aussi
- « Sibyl » de Justine Triet- Avec Virginie Efira, Adèle Exarchopoulos, Niels Schneider, Gaspard Ulliel...
Romancière reconvertie en psychanalyste, Sibyl, la quarantaine abstinente après des années passées à s'abimer dans l'alcool, se voit un jour rattrapée par son désir d'écriture. Elle décide alors de quitter la majorité de ses patients. Alors qu'elle cherche l'inspiration, Margot, une jeune comédienne en détresse la supplie de la recevoir : en plein tournage, elle est tombée enceinte de l'acteur principal... qui est en couple avec la réalisatrice du film. Pendant que la jeune interprète lui expose son désarroi, Sibyl l'enregistre à son insu. La parole de sa nouvelle patiente va lui servir de matière romanesque, et, parallèlement, lui faire revivre son passé. Tout va s'accélérer lorsque Margot va lui demander de la rejoindre sur son tournage, à Stromboli...
Trois ans après Victoria, la réalisatrice Justine Triet retrouve Virginie Efira pour un autre portrait de femme au bord de la crise de nerfs. Mais le ton de Sibyl est plus sombre que celui de Victoria. Nous sommes dans une tragicomédie dont l'héroïne ne va évidemment pas sortir indemne...
Indéniablement, il y a du Cassavetes dans ce film qui donne l'illusion de se balader entre réalité et fiction. Souvenirs et présent s'y télescopent, sensualité et frustration s'y entrechoquent. Virginie Efira incarne le rôle titre avec l'abandon et la séduction qu'il appelle : elle est magnifique. En comédienne amoureuse et paumée, Adèle Exarchopoulos est formidable de naturel et de sincérité. Dommage que Sibyl, sélectionné pour la Compétition officielle de Cannes en soit reparti bredouille.
Recommandation : excellent (sorti le 24 mai)
- « Venise n'est pas en Italie » d' Yvan Calbérac- Avec Benoit Poelwoorde, Valérie Bonneton, Hélie Thonnat...
D'un côté, Bernard, un père un peu doux dingue qui fait vivre sa famille dans une caravane. De l'autre, Annie, une mère extravagante qui livre des produits bio dans une drôle de voiture. Et au milieu, les cheveux teints en blond par sa fantasque de mère, Emile, un ado mal dans sa peau, qui va tomber amoureux de Pauline, une camarade de lycée. Un problème de taille va surgir quand Pauline, fille de bourgeois aisés, ayant invité Emile à la rejoindre en Italie, les parents de ce dernier vont décider de l'accompagner là bas, en caravane... En avant pour un périple rocambolesque et... une comédie tendre et débridée..
Après l'avoir porté au théâtre, Ivan Calbérac a décidé de transposer son roman, Venise n'est pas en Italie sur grand écran. Cette décision aurait pu faire perdre au texte son sel initial. C'est tout le contraire parce qu'Ivan Calberac ( L'Etudiante et Monsieur Henri) a non seulement un vrai sens de la réplique, mais aussi un bel instinct du casting. Dans le rôle des parents un peu dézingués, le duo Valérie Bonneton-Benoit Poelwoorde s'en donne à cœur joie, au meilleur de sa verve comique. Benoit Poelwoorde surtout, décidément en pleine forme, qu'on ne se lasse pas de regarder jouer cette année, (Le Grand bain, Raoul Taburin, Deux fils), avec une jubilation communicative.
Recommandation : excellent
- « Le fils » d'Alexander Abaturov- Documentaire
C'est un film choc qui nous entraîne pour la première fois dans l'univers clos des futurs Spetsnaz, les unités d'élite de l'armée russe. On y suit les étapes de la formation de ces soldats dévoués corps et âmes à leur patrie, du premier jour de leur entrée dans la carrière où on leur met la boule à zéro jusqu'à leur examen final pour devenir « béret rouge ». Des parcours du combattant dans la boue, jusqu'à l'épreuve finale comportant un match de boxe (au cours duquel les instructeurs n'hésitent pas à « massacrer » les impétrants) en passant par les cours de secourisme et les manœuvres en forêt entre explosions et rafales, on ne sautera aucune étape de cette impitoyable préparation militaire.
Alexander Abaturov explique qu'il a eu l'idée de ce documentaire lorsqu'il apprit, en 2013, la mort de son cousin Dima qui appartenait à ce corps d'élite russe. Il lui a fallu quatre années pour venir à bout de ce film conçu en mémoire du disparu. Entre les séquences consacrées au quotidien bruyant et brutal des jeunes soldats, il en insère d'autres, silencieuses et dramatiques sur celui des parents du jeune patriote mort en mission.
C'est beau, fort, bouleversant, incarné, cruel, édifiant.
Recommandation : excellent
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