The Rider
Infos & réservation
Thème
Aujourd’hui, dans la réserve indienne de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud.
Brady Jeandreau, vingt-deux ans, un cowboy indien star montante du rodéo (Brady Jeandreau lui même) apprend qu’après son tragique accident de rodéo qui s’est soldé par la pose d’une plaque de métal dans son crâne, il lui est désormais interdit de s’adonner à ce qui est à la fois sa passion et son gagne pain : le « débourrage » de chevaux sauvages.
Il n’obéira pas longtemps aux médecins et reprendra vite ses dressages et ses chevauchées fantastiques.
Points forts
En 2013, lors de son tournage des Chansons que mes frères m’ont apprises dans la réserve indienne de Pine Ridge , Chloé Zhao avait rencontré Brady, un jeune cowboy sioux descendant de la tribu Lakota qui passait son temps à risquer sa peau en montant « à cru » des chevaux sauvages jusqu’à ce que, enfin domptés, ils soient aptes à la vente. Brady sortait du lot des autres cowboys indiens. A vingt ans, il ne vivait que pour sa passion, consacrant ses rares heures perdues à chasser ou à pêcher, ou encore à s’occuper soit de son père, Tim, un homme dépensier et porté sur la bouteille depuis la mort de sa femme, soit de sa petite sœur Lill atteinte du syndrome d’Asperger. Ce jeune homme, taiseux, à la fois si courageux et si tendre, si tête brûlée aussi, avait tellement fasciné la cinéaste qu’elle s’était jurée de lui consacrer un portrait.
Quand elle est revenue, Brady sortait de l’hôpital après son terrible accident. Elle décida de filmer quand même.
Ce n’est donc pas seulement à un documentaire sur le quotidien de ce cowboy d’aujourd’hui auquel on va assister, mais à la « remise en selle » (au sens propre et au sens figuré du terme) de ce dernier, à sa longue, difficile et douloureuse sortie de l’enfer du handicap et de l’enfermement.
C’est d’autant plus émouvant que Brady est confronté, dans des séquences poignantes, à la tétraplégie de son meilleur ami, consécutive à un accident de monte de taureau.
Filmé dans des paysages parmi les plus impressionnants du Far West, The Rider, en plus d’être bouleversant de vérité, est d’une somptuosité qui coupe le souffle. Voir Brady essayer d’apprivoiser et de dompter ses chevaux dans la beauté des couchers de soleil de cette région est un spectacle qui imprime la rétine pour longtemps.
Quelques réserves
Sauf à détester, en vrac, les chevaux, les cowboys, les Indiens, les atmosphères viriles et les paysages du Dakota du Sud, il n’y a rien qui vienne entacher la splendeur de ce film.
Encore un mot...
Il est difficile de classer ce film qui emprunte à la fois au western et au documentaire, au portrait intimiste et au film sociétal. Mais, au fond, qu’importe le flacon! Ici on a l’ivresse que procure une histoire édifiante, contée avec autant de brio que de sensibilité. Porté par des protagonistes qui tiennent tous leur propre rôle (aucun comédien professionnel), The Rider est la fois ode à la vie, exhortation au courage, et célébration de la nature. On attend avec impatience le troisième opus de Chloé Zhao.
Une phrase
« A travers le voyage de Brady, tant à l’écran que dans la vie, j’aspire à explorer notre culture de la masculinité et à offrir une version plus nuancée du cowboy américain classique. Je souhaite également proposer un portrait fidèle du cœur de l’Amérique, rocailleux, véritable et de toute beauté, que j’aime et respecte profondément » (Chloé Zhao, réalisatrice).
L'auteur
Née dans le Pékin de la Chine communiste, Chloé Zhao s’est installée à New York il y a une quinzaine d’années. Après avoir fait des études de sciences politiques au Mount Holyoke College, puis étudié le cinéma à l’Université de New York, elle devient réalisatrice par le court métrage. Elle en tourne quatre dont, en 2010, Daughters, grand prix au festival de Palm Springs, avant de se lancer en 2014 dans le long, avec Les Chansons que mes frères m’ont apprises.
Aujourd’hui, la jeune cinéaste, qui a conservé la nationalité chinoise, a ajouté une corde à son arc : elle est devenue productrice. Par la force des choses : elle a beaucoup de mal à trouver des financiers pour ses films.
Et aussi
- « Vent du Nord » de Walid Mattar
Ouvrier dans une entreprise d’emboutissage du Nord de la France, Hervé (Philippe Rebot) apprend que son usine va être délocalisée. Contrairement à ses camarades, il accepte cette nouvelle sans trop broncher car il a comme objectif de se reconvertir dans la pêche avec son fils (Kacey Mottet Klein). Mais il se heurtera assez vite au lacis inextricable des lois du travail.
Quelques mois plus tard, à 2000 kms de là, on découvre Foued, un jeune célibataire amoureux et idéaliste. Il a hérité du poste qu’occupait Hervé dans l’usine française maintenant délocalisée dans la banlieue de Tunis. Écœuré par les méthodes de management, il n’y restera pas longtemps.
Ce qui avait débuté comme une chronique sociale à l’italienne (l’humour et la fraternité comme remèdes à la misère) va se transformer en une sorte de comédie dramatique qui va mettre à jour les ressemblances entre deux sociétés pourtant apparemment très différentes. Car, au Nord comme au Sud, on souffre de la même inhumanité dans la gestion des personnels, des mêmes inadaptations des administrations vis à vis des besoins de la population, des mêmes désillusions des masses laborieuses.
Quelle belle idée que celle de Walid Mattar, d’avoir tressé, pour son premier film, par un joli tour scénaristique, les trajectoires de ces deux ouvriers. Elle illustre la difficulté qu’on a, parfois, à vivre la mondialisation des deux côtés de la Méditerranée.
Ce film pourrait être sombre, il est baigné de lumière et teinté de drôlerie désenchantée. Il bénéficie en outre des interprétations d’acteurs qui savent ce qu’« empoigner » un rôle veut dire. Parmi eux, Corinne Masiero et Philippe Rebbot.
RECOMMANDATION : EXCELLENT
- « Croc-Blanc » d’Alexandre Espirages
Après avoir grandi dans les espaces libres et enneigés du Grand Nord, Croc-Blanc, fier et courageux chien loup, est recueilli par Castor-Gris et sa tribu indienne. Hélas pour lui, après de graves mésaventures, il va se retrouver prisonnier d’un homme cruel et vénal… La suite sera plus heureuse… Commencé comme une épopée, ce film se finira comme un western.
Il y a (au moins) trois bonnes raisons de se précipiter pour voir ce film, avec ses enfants: d’abord, c’est la première fois que le livre culte de Jack London est adapté en film d’animation… Ensuite, cette adaptation est, indéniablement, très aboutie, qui ne cède à aucune« cucuterie » habituelle du genre. Exemples, les animaux ne parlent pas (pas d’anthropomorphisme) et les personnages ne sombrent à aucun moment dans un humour facile. Enfin, cocorico !, ce film sort d’un studio d’animation français.
Certes, il a bien quelques petits défauts (la réalisation manque parfois d’un peu de souplesse), mais ils sont largement compensés par le design très réussi des dessins, et le formidable doublage des personnages (humains), assumé notamment par Virginie Efira et Raphaël Personnaz.
RECOMMANDATION : EXCELLENT
- « Coby » de Christian Sonderegger
Dans un village du fin fond du Middle-Ouest américain, Suzanna, 23ans, veut changer de sexe et devenir un garçon, sous le prénom de Jack. Au cours de ce film qui se passe sur plusieurs années, on va la voir se débarrasser de cette féminité dont elle pense qu’elle a été une erreur de naissance et qu’elle n’a donc jamais acceptée. Dans la période de sa lente métamorphose réalisée à coups d’opérations et d’injections d’hormones, elle va se faire appeler Coby. A côté d’elle, ses parents, et sa compagne Sarah, tous les trois d’une bienveillance bouleversante…
A l’origine de ce film saisissant, il y a celle qui est finalement devenu… son « héros ». Voulant que sa transformation physique soit filmée, Coby avait demandé à son demi frère, le réalisateur Christian Sonderegger, de se charger de cette mission.
D’abord réticent, le cinéaste avait fini par accepter. Le résultat est captivant. Documentaire par son sujet, mais fiction par son traitement - c’est très écrit, très scénarisé -, Coby est un film qui frappe par sa sensibilité. Pas un instant, il ne cède ni au pathos ni au voyeurisme, cela, sans pour autant occulter aucun des problèmes de la transsexualité. Paradoxalement, il dégage, en plus, une douceur très féminine.
RECOMMANDATION : EXCELLENT
- « Le Collier Rouge » de Jean Becker
Été 1919. Pour avoir commis un acte jugé antipatriotique par ses supérieurs, le caporal Morlac (Nicolas Duvauchelle) a été enfermé dans la geôle d’une caserne où il attend d’être jugé. Ce sera la mission du chef d’escadron Lantier (François Cluzet), un militaire qui, malgré la rigidité de sa fonction, n’a pas oublié ce que le mot compassion veut dire. Dehors, un chien hurle jour et nuit à la mort. Il guette Morlac, dont il a été le fidèle compagnon au front, pendant les années de guerre… Tiré du roman éponyme de Jean-Christophe Ruffin, le Collier rouge restitue, avec une fidélité minutieuse, la tension de cet ouvrage. Il évoque les désillusions des « poilus » de la guerre 14-18, leur courage et aussi les atrocités auxquelles ils furent confrontés.
Un peu trop sage, l’adaptation de Jean Becker ? Un peu trop classique, dans sa forme ? Peut-être, mais quelle « belle ouvrage », comme on disait, naguère, de certains travaux artisanaux! Les reconstitutions sont parfaites, les cadres, magnifiques, et la direction d’acteurs, ciselée. Nicolas Duvauchelle alterne avec subtilité morgue, colère et émotion. Quant à François Cluzet, ici parfait d’humanité dans son rôle de juge militaire, on sent qu’il a eu un grand plaisir à retrouver, celui qui l’avait mis en scène, voici 35 ans, dans L’Été meurtrier.
RECOMMANDATION : BON
- « Carnivores » de Jérémie Rénier et Yannick Rénier
Sam (Zita Hanrot) a tout : un mari aimant, un petit garçon adorable, un bel appartement et un statut de star de ciné. Mona, sa sœur, elle (Leila Bekhti), n’a rien. Devinez laquelle des deux va avoir envie de prendre la place de l’autre ? Ce qui devait arriver, arrive donc. Mona va profiter d’un « pétage de plombs » de sa sœur sur un tournage pour, insidieusement, essayer de se substituer à elle, dans tous ses rôles, actrice, mère, épouse, etc... Pour pimenter cette histoire, ses réalisateurs lui ont inventé plein de rebondissements. Mona va-t-elle coucher avec le réalisateur de sa sœur ? Cette dernière, qui disparaît brutalement après sa « crise », est–elle morte ou s’est-elle seulement enfuie ? Son mari va-t-il l’oublier dans les bras de Sam?
On aurait pu être passionné par ce Carnivores qui explore les rivalités fraternelles. On aurait pu, s’il ne tombait pas dans la caricature, l’attendu et le tarabiscotage inutile. Dommage, car ce premier film des frères Rénier, excellemment défendu par ses deux interprètes principales, est réalisé assez adroitement. Visuellement, on est très loin d’un téléfilm ! Les cadres sont « chiadés » et la lumière, très belle. Dans son rôle de cinéaste dirigiste et égocentrique, le belge Johan Heldenberg (le héros du bouleversant Alabama Monroe) confirme que décidément, il est un grand acteur.
RECOMMANDATION : BON
- « Madame Hyde » de Serge Bozon
On aurait bien aimé écrire avoir adoré le nouveau film de Serge Bozon, l’un des cinéastes les plus « décalés » de l’Hexagone. Son précédent Tip-Top, avec une irrésistible Isabelle Huppert, nous avait enchantés par sa loufoquerie et sa liberté de ton. Hélas, son nouvel opus, l’histoire d’une prof de physique timide et empruntée, Madame Géquil (Isabelle Huppert, encore une fois), qui, à la suite d’une expérience de laboratoire, va se transformer en une femme aussi inquiétante que pleine d’assurance, déçoit un peu.Trop tarabiscoté, trop tiré par les cheveux, peut-être aussi, trop « écrit ».
Cette Madame Hyde est à voir tout de même, pour l’originalité de son scénario, pour Isabelle Huppert que-personnellement-je ne me lasse pas de voir jouer, et aussi pour un Romain Duris génial dans un rôle de proviseur aussi zinzin que suffisant.
RECOMMANDATION : BON
Ajouter un commentaire