Remember
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Thème
Un homme de 90 ans, Zev Guttman (Christopher Plummer), qui n’a plus toute sa tête ni ses jambes, quitte en douce sa maison de retraite pour un périple que lui a concocté son ami de pension, Max Zucker (Martin Landau). Il s’agit pour les deux hommes de retrouver un certain Rudy Kurlander, ex-nazi du camp d’Auschwitz, qui a détruit leur famille. Le vieil homme traverse ainsi une partie des Etats-Unis à la recherche du vrai Rudy Kurlander car ils sont au moins quatre à porter le nom du bourreau…
Points forts
- Le scénario est remarquablement infernal. Il joue habilement de plusieurs genres, le thriller, le film de société et la fresque historique, en se concentrant sur la personnalité émouvante des deux vieux rescapés d’un monde englouti.
- Le réalisateur dirige des légendes du théâtre et du cinéma. Christopher Plummer débuta à New York en 1954, joua en 1964 dans « La chute de l’empire romain », en 1965 dans « La mélodie du bonheur » et en 1969 dans « La bataille d’Angleterre ». Il incarne un vieil homme perdu depuis la mort de sa femme, absent à lui-même, et l’on comprend bien pourquoi dans les dernières minutes de ce scénario, répétons-le, brillant.
- L’homme qui tire les ficelles et met en mouvement son ami sans mémoire est interprété par une autre légende hollywoodienne, Martin Landau, qui a tourné avec Hitchcock (« La mort aux trousses », 1959), Mankiewicz (« Cléopâtre », 1963), et Coppola, Tim Burton, Woody Allen. Dans « Remember », son personnage est en fauteuil roulant mais son cerveau fonctionne à cent à l'heure. Il sait parfaitement où il veut en venir et réserve ainsi à son ami et aux spectateurs une sacré surprise.
Quelques réserves
Sans doute la fiction imaginée par notre génial scénariste, Benjamin August, peut être qualifiée d’incroyable dans tous les sens du terme. Donc peu crédible ? N’empêche qu’on est pris dans les filets de son intrigue.
Encore un mot...
Atom Egoyan explique que l’idée centrale du scénario – rechercher un criminel de guerre pour l’éliminer – repose sur l’âge des personnages. À 90 ans, ils n’ont plus aucun espoir dans la justice qui sera trop lente pour punir les derniers coupables. Voilà pourquoi ils entreprennent de se faire justice eux-mêmes.
Une phrase
- Christopher Plummer à Atom Egoyan : « Je suis meilleur avant le déjeuner, alors essaye de mettre les scènes compliquées le matin ».
- Atom Egoyan à propos de Christopher Plummer : « Je n’ai pas cherché à rendre son visage romantique, je l’ai simplement montré tel qu’il est : marqué par la vie ».
L'auteur
Né au Caire, en 1960, de parents arméniens, Atom Egoyan est arrivé au Canada à l’âge de 3 ans. Il a débuté en 1984 avec « Proches parents » ,puis « Family Viewing » trois ans plus tard. En 1997, « De beaux lendemains », des gamins disparus dans un accident de car et un village en deuil, reçoit, à juste titre, le grand prix du jury à Cannes, celui de la critique internationale et celui du jury œcuménique. Dès lors, Egoyan devient un habitué de la Croisette avec « Le voyage de Félicia » (1999), « Ararat » (2002) et plusieurs autres films qui prennent à bras le corps les questions suscitées par le monde contemporain. Si l’on peut voir son nouveau film, « Remember », c’est que, cette fois-ci, il n’a peut-être pas emballé les sélectionneurs cannois qui sont en train de bâtir leur programme; et c’est tant mieux pour nous spectateurs qui n’avons pas à attendre l’après-festival. Le scénario, brillant, a été écrit par un jeune professeur d’anglais qui vit à Hanoï avec femme et enfant. Et la réalisation, soignée comme d’habitude, nous fait passer un moment fort.
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