Quand on a 17 ans
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Thème
L’action se passe à la montagne, dans un village des Pyrénées, et on va y voir passer les trois saisons d’une année.
Damien (Kacey Mottet Klein), fils unique et aimé d’un père militaire, au front, et d’une mère, médecin rural (Sandrine Kiberlain), est dans la même classe que Tom, un jeune métis adopté par des fermiers (Corentin Fila).
Mutisme obstiné, regards agressifs, et même, bagarres sans raison ni motif... Quand le film commence, les deux adolescents semblent (et sont) incapables de verbaliser ce qui les pousse à s’affronter si violemment. Un jour, à cause d’un événement extérieur, la mère de Damien décide d’accueillir Tom sous son toit. Entre les deux garçons, tout va changer. De défis en corps à corps de plus en plus consentis, de provocations en confidences de plus en plus intimes, ils vont finir par accepter ce qui les pousse, en fait, l’un vers l’autre.
C’est difficile de s’accepter, tel qu’on est, quand on a dix-sept ans!
Points forts
- Le scénario. A travers le portrait de ces deux adolescents pourtant très différents, il peint, avec une justesse et une acuité bouleversantes, cette période si difficile et si mouvante de l’adolescence. Cette période où l’on n’est sûr de rien, où on a peur de tout, où on enrage de se sentir incompris, où on veut marquer sa différence, où on n’arrive pas à réfréner ses pulsions (sexuelles, mais pas seulement), où on aime à la folie sans pouvoir le dire, où on aspire à être libre tout en étant (souvent) incapable de quitter son foyer familial etc…
Ce scénario, André Téchiné l’a co-écrit avec Céline Sciamma. Entre le réalisateur des « Roseaux sauvages » et la réalisatrice de « Bande de filles », visiblement l’entente a été plus que cordiale! A eux deux, dans ce film qui mêle intimité et romanesque, trivialité et émotion pure, ils ont réussi à donner à voir (et à comprendre) les emportements et les embardées inhérents à ce passage si délicat, entre l’enfance et l’âge adulte.
- Le caractère positif du rapport entre Damien et sa mère. Le grand écran est souvent le lieu d’affrontements et de règlements de compte entre parents et enfants. Ici, c’est le contraire. Cette mère et son fils s’aiment. Elle le comprend et l’écoute, avec une fermeté douce, mais sans emprise. Elle ne le domine pas. Elle l’aide, avec un calme rassurant, à se débarrasser de ses frayeurs, de ses complexes et de sa violence. Et si elle pressent qu’il est homosexuel, elle a l’intelligence de le laisser le découvrir lui-même et assumer sa sexualité. Cette relation mère fils constitue un des bonheurs du film.
- La montagne. Superbement filmée dans toutes les saisons, elle symbolise à merveille la vitalité irrépressible des deux garçons.
- Les comédiens. Ils sont tous confondants de spontanéité. A commencer par le duo d’adolescents. Dans des rôles sûrement très difficiles pour eux à cause de leur inexpérience professionnelle, Corentin Fila (Tom) et Kacey Mottet Klein (Damien) sont, chacun dans leur genre, exceptionnels de vérité. Robuste et mystérieux, le premier est capable d’une candeur stupéfiante. Quant au second, tout en fièvre et attente, il vibre d’émotions (plus ou moins) contenues, de la première à la dernière image. Dans le rôle de la mère, Sandrine Kiberlain est, comme d’habitude, remarquable. Elle apporte à son personnage cette humanité tressée de compassion, de simplicité, de légèreté, d’humour aussi, qui a fait d’elle l’une des comédiennes les plus aimées de sa génération.
- La musique. Signée du jeune Alexis Rault, elle accompagne discrètement le film avec grâce, sans redondance aucune.
Quelques réserves
Sauf à détester les films qui parlent de l’homosexualité (ce qui n ‘est d’ailleurs pas le sujet du film, celui-ci étant l’adolescence), il n’y en a pas.
Encore un mot...
Bonne nouvelle pour les cinéphiles! Ce « Quand on a 17 ans » marque le retour du meilleur Téchiné, celui des « Roseaux sauvages », celui qui filme avec simplicité et exaltation, fluidité et limpidité, les élans de la vie. Ici, il débusque ceux, erratiques, de l’adolescence. Et, émotionnellement, c’est très fort.
L'auteur
Né le 13 mars 1943 à Valence d’Agen, André Téchiné est frappé très jeune par une passion inextinguible pour le cinéma. Après avoir passé une grande partie de son adolescence dans les salles obscures, il monte à Paris à vingt ans. S’il échoue au concours de l’Idhec, il intègre la rédaction des " Cahiers du cinéma". En1965, parallèlement à son travail de journaliste, il réalise son premier court-métrage. Quand il tourne son premier « long », en 1968, « Paulina s’en va », avec Bulle Ogier, il abandonne le métier de critique, pour se consacrer exclusivement à la réalisation.
Parce qu’il est un directeur d’acteurs exceptionnel, et que son cinéma a une vraie singularité, la crème des comédiens français ne cessera de lui apporter son soutien : à ses débuts, entre autres, Gérard Depardieu, Isabelle Huppert, puis, plus tard, Emmanuelle Béart, Daniel Auteuil, et surtout Catherine Deneuve (qui deviendra son actrice fétiche).
Aussi personnel qu’il soit, André Téchiné ne cantonne pas son cinéma à un seul genre. Il ne cesse d’alterner les grands récits romanesques et les histoires intimistes, et aborde, aussi, des sujets de société, dont l’homosexualité, thème qui le concerne personnellement.
Parmi ses films les plus marquants, « Souvenirs d’en France » (1975), « Rendez-vous » (1985, prix de la mise en scène à Cannes), « les Roseaux sauvages » (I995, César du meilleur film), « Impardonnables » (2011).
« Quand on a 17 ans » est son vingt-deuxième long métrage de fiction.
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