Pupille
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Thème
Dès sa naissance sous X, Théo a été remis à l’adoption par sa mère étudiante qui ne veut pas le garder. Cette dernière dispose de deux mois pour se rétracter et revenir, ou pas, sur sa décision. Comme pour tous les nourrissons nés dans les mêmes conditions, les services de l’aide sociale à l'enfance vont donc avoir soixante jours pour agir. Soixante jours d’incertitude et d’angoisse pendant lesquels, ils vont devoir à la fois s’occuper de Théo et en même temps lui trouver une maman adoptante. C’est ce parcours là que Pupille nous propose de suivre. On va voir comment Théo va passer des bras des sages-femmes de la maternité où il est né, à ceux de l’assistant maternel (Gilles Lellouche) qui va le prendre en charge jusqu’à son adoption définitive par celle qui a été choisie pour devenir sa mère; en l’occurrence, ici, Alice, une femme qui, après cinq FIV infructueuses, était depuis dix ans en mal de maternité (Elodie Bouchez).
Points forts
- Ce n’est pas la première fois qu’un film traite de l’adoption. Mais en général, il s’agit surtout d’évoquer la quête des enfants pour retrouver leurs parents d’origine. La particularité de Pupille est qu’il aborde ce sujet dès qu’il est posé, c’est-à-dire dès la naissance de l’enfant abandonné. Que devient-il ? Qui le prend en charge ? Qui s’en occupe ? Comment lui trouve-t-on une famille ? A quelles obligations légales les adoptants d’un côté et les intervenants sociaux de l’autre, doivent-ils se soumettre ? Etc. Sur le papier, on se dit qu’on tient là tous les éléments pour faire un documentaire en forme de passionnant jeu de piste.
- Sauf qu’ici, surprise, Pupille est un vrai film de fiction. Tout est juste, tout sonne vrai, alors que que tout a été écrit et scénarisé, et que les intervenants sont joués par des acteurs. La différence est énorme : s’ils se donnent le droit de laisser paraître leurs émotions et savent en transmettre au spectateur, ces interprètes s’interdisent tout débordement dans la sensiblerie, toute plongée dans le pathos.
- Il faudrait citer tous ces interprètes, tant ils sont tous exceptionnels, d’engagement et de vérité. A commencer par Sandrine Kiberlain et Clotilde Mollet, toutes deux magnifiques d’humanité et de naturel dans leurs rôles respectifs d’intervenantes sociales. En mère adoptante, Elodie Bouchez est émouvante comme jamais. La scène où elle prend pour la première fois le petit Théo dans ses bras fait monter les larmes aux yeux. Quant à Gilles Lellouche, dans ce rôle complètement inattendu d’assistant familial, il bouleverse d’un bout à l’autre, à la fois si solide et si remué par la fragilité du petit bonhomme qu’on lui a confié provisoirement, le temps de lui trouver une maman. On découvre chez cet acteur, jusque là plutôt habitué aux rôles un tantinet macho, une douceur insoupçonnée et une capacité d’amour confondantes.
Quelques réserves
Je n'en vois aucun. Les dialogues sont parfaits, les cadrages aussi. On est dans un vrai film de (bon) cinéma où rien, ni le suspense, ni l’émotion, ni l’humour, ni l’humanité n’a été oublié .Tout est fluide, tout semble couler de source.
Encore un mot...
« Originalité du scénario, maitrise formelle… ». Dès son premier film, Elle l’adore (une comédie aux accents de thriller), Jeanne Herry avait surpris son monde. Quatre ans après, elle frappe de nouveau très fort avec ce Pupille. Décrivant avec réalisme et clarté, délicatesse et méthode, les différentes étapes du parcours de l’adoption (jamais montrées sur grand écran aussi minutieusement), la cinéaste qui est aussi l‘auteur du scénario, réussit à ne jamais basculer dans un didactisme pesant. C’est très fort. On le dit sans ambage, Pupille, est l’un des plus beaux films de cette fin d’année. L’un des plus achevés, l’un des plus touchants aussi. Grâce à son sujet, bien sûr. Mais grâce aussi à ses acteurs, en tête desquels un Gilles Lellouche d’une bouleversante humanité.
Une phrase
« Quand j’écrivais, je me disais, on a une équation simplissime, une femme qui ne veut pas de son enfant, et une autre femme qui veut un enfant. Maintenant il faut nourrir, étoffer cette équation qui est belle et sèche comme un énoncé de logique. Et raconter tout ce collectif qui se mobilise et se met en branle pour rendre cette équation possible » (Jeanne Herry, réalisatrice scénariste).
L'auteur
Fille de Miou-Miou et de Julien Clerc, Jeanne Herry, née le 19 avril 1978, a grandi entre les plateaux de cinéma et les salles de concerts. En 1990, à l’âge de 12 ans, elle fait une première apparition au cinéma dans Milou en mai de Louis Malle, dans lequel elle interprète la fille du personnage joué par sa mère. Son bac en poche, elle envisage un temps de devenir avocate, mais finalement, elle choisit d’entrer au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris. Elle tourne dans quelques films, dont en 2005, Gabrielle de Patrice Chéreau et, en 2006, Jean-Philippe de Laurent Tuel. Mais, finalement elle décide de délaisser son métier d’actrice pour devenir réalisatrice. En 2014, elle se lance, avec Elle l’adore, une comédie dramatique où une groupie mythomane accepte de dissimuler un homicide pour aider son idole. Présenté à Angoulême la même année, ce film remporte un triomphe et rafle le Valois d’or. Avant de revenir au cinéma avec ce Pupille qui est donc son deuxième long métrage, la cinéaste s’est essayée, avec bonheur, à la série télévisée : elle a réalisé deux épisodes de la saison 1 de Dix pour Cent. Elle est également l’auteur d’un roman, 80 étés, un ouvrage paru chez Gallimard en 2005.
Et aussi
« Astérix et le secret de la potion magique » d’Alexandre Astier et Louis Clichy.
Alors que perché dans un arbre, il coupait du gui avec sa serpe, Panoramix est tombé. Ebranlé, le vieux druide se lance à la recherche de son éventuel successeur. Mais trouver celui à qui il va devoir transmettre le secret de la potion magique ne va pas se révéler si facile…
Inutile de fouiller dans vos albums, cette nouvelle aventure d’Astérix est une histoire originale, sortie de l’imagination de Louis Clichy et Alexandre Astier, un tandem qui avait déjà fait ses preuves en la matière puisqu’il était le père du Domaine des Dieux, sorti en 2014. Le sujet paraît mince ? Peut-être, mais on s’en rend à peine compte, tant les dialogues sont vifs, les calembours irrésistibles, les gags savoureux, le rythme soutenu et les « voix » (dont celles de Florence Foresti et de Christian Clavier) formidables.
Les fans des irréductibles Gaulois ne devraient pas être déçus.
Recommandation : BON
« Marche ou crève » de Margaux Bonhomme - Avec Diane Rouxel, Jeanne Cohendy, Cédric Kahn…
Adolescente fougueuse et passionnée, Elisa, dix-sept ans (Diane Rouxel, d’une justesse et d’une sensibilité exceptionnelles) aimerait bien profiter de l’été pour partir voler de ses propres ailes. Pas de chance, c’est sa mère qui s’en va, la laissant seule, dans son village natal du Vercors, avec son père (Cédric Kahn) et sa petite sœur si lourdement handicapée qu’elle ne peut jamais rester seule ( Jeanne Cohendy, bluffante de vérité). Cette responsabilité va peser de plus en plus lourd sur Margaux, qui, malgré son amour et son dévouement pour sa sœur, va finir par perdre pied…
Pour son premier film, Margaux Bonhomme a choisi d’aborder un sujet qu’elle connaît bien, puisqu’elle même a vécu avec une sœur handicapée. L’entreprise était audacieuse, qui risquait de tomber dans le pathos et le lourdingue. Margaux Bonhomme évite ces écueils. Son film déborde d’énergie et sinon, de gaité, du moins cette forme d‘amour qui rend heureux. Il est en plus très soigneusement filmé. La photographie (qui fut le premier métier de la cinéaste) est très belle.
Recommandation : BON
« Les Confins du monde » de Guillaume Nicloux - Avec Gaspard Ulliel, Guillaume Gouix, Gérard Depardieu…
Indochine 1945. Le soldat français Robert Tassen ( Gaspard Ulliel, excellent) est le seul survivant d’un massacre, qui s’est soldé, entre autres, par la mort de son frère, sous d’affreuses tortures. Dès lors, il n’aura de cesse de retrouver l’auteur de ce crime abominable. Sa quête, obsessionnelle, irraisonnée, le mènera au plus profond de la jungle. Il s’ y perdra, physiquement, mais aussi psychologiquement, devenant de plus en plus fasciné par l’horreur et la bestialité, de moins en moins capable d’éprouver sentiments et compassion pour autrui. Ce qui gâchera l’histoire d’amour qu’il ébauchera avec une prostituée locale.
Décidément Guillaume Nicloux (Une Affaire privée, Valley of love) ne remarche jamais dans ses pas, et change de registre à chaque film. Pour ce film-là, il a choisi de se pencher sur une guerre coloniale jusqu’à présent assez peu exploitée par le cinéma français (exception faite de la 317° Section de Pierre Schoendoerffer en 1965). Il s’y penche à sa manière, avec singularité . Son but est moins de montrer cette guerre (même si elle est ici parfaitement reconstituée dans la moiteur et la beauté étouffante de la jungle) que de donner à comprendre les tourments existentiels de son héros, tourments provoqués par les découvertes incessantes de corps de soldats et de civils suppliciés. Difficile de ne pas penser notamment, à Apocalypse now de Coppola. A la fois sensuel, intense, envoûtant, par moments dérangeant, mais d’un bout à l’autre très beau formellement, Les Confins du monde avait été sélectionné à Cannes en mai dernier à la Semaine de la Critique.
Recommandation : EXCELLENT
« Leto » de Kirill Serebrennikov - Avec Teo Yoo, Roman Bilyk, Irina Starshenbaum…
Connaissez-vous Victor Tsoï et Mike Naumenko ? Sans doute pas ! Et pourtant, dans le Leningrad des années 80 où il était encore interdit de danser pendant les concerts et où les disques de Lou Reed et de David Bowie s’échangeaient sous le manteau, ces deux là, qui, deviendront le groupe Kino, furent deux icônes du rock soviétique… Quand Victor fait la connaissance de Mike, il n’est encore qu’un jeune musicien prometteur. Mike, lui, marié à la belle Natacha, est déjà une figure emblématique du rock underground. Par leur liberté folle, leur non conformisme et leur soif de vivre, ces deux-là vont allumer le feu dans l’esprit de toute une jeunesse russe. Devenus inséparables, ils partageront tout, musique, idéaux, goût pour la fête, penchant pour la vodka et même, aussi, l’amour, puisque, comme dans Jules et Jim, ils aimeront la même femme.
C’est leur histoire et, à travers elle, celle de toute une génération qui rêvait d’émancipation, que le réalisateur russe Kirill Serebrennikov a choisi de raconter dans Leto (« été » en français). Avec une incroyable liberté de ton, qui mêle réalisme et onirisme, nostalgie et ironie, innocence et détermination, le cinéaste a réussi un film passionnant, qui sort des gonds huilés du traditionnel biopic, vibre comme un opéra punk mais avec des plages d’une grande douceur. Ce Leto magnifique avait été sélectionné pour la compétition officielle du festival de Cannes. Mais à la projection officielle, le fauteuil du réalisateur était resté vide. Assigné à résidence par le régime de Vladimir Poutine, celui qui est aussi un des plus grands et des plus novateurs metteurs en scène moscovites de théâtre, n’avait pas été autorisé à sortir de son pays. En ce mois de décembre, il est toujours retenu là-bas, soumis à l’interdiction d’entrer en contact avec l’extérieur. Ce n’est pas seulement par solidarité qu’il faut aller voir son film. Il faut y courir parce que c’est une magnifique ode à la liberté, d’une grande beauté formelle. Ses séquences en noir et blanc, notamment, sont splendides.
Recommandation : EN PRIORITE
« Ma Mère est folle » de Diane Kurys - Avec Fanny Ardant, Vianney, Patrick Chesnais, Arielle Dombasle…
Sexagénaire aussi fantasque qu’excentrique, Nina (Fanny Ardant) a dû hypothéquer sa maison pour rembourser le fisc. La somme ne suffisant pas, elle emprunte une voiture à une de ses copines aussi décalée qu’elle (Arielle Dombasle, impayable !), pour rapporter un paquet de drogue de Rotterdam, la ville qui abrite désormais les amours de son fils, le sage Baptiste, qu’elle n’a pas vu depuis longtemps pour cause de fâcherie. Nina va embarquer Baptiste, contre son gré, dans une folle équipée…
Avec un scénario aussi ténu, ça risquait de casser. Ca passe ! Et même assez allègrement, parce que cette comédie un brin déjantée offre à Fanny Ardant un rôle à la démesure de son extravagance et de sa fantaisie. On a plaisir à regarder la comédienne s’amuser dans ce personnage débridé. Signaler aux fans de Vianney que le chanteur fait ici ses premiers pas de comédien. Il joue Baptiste, le fils si réservé de Nina. Et il s’en tire avec les honneurs.
Recommandation : BON
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