The Program
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Thème
Pour une fois, tout le monde connaît l’intrigue avant d’avoir vu le film, depuis les sept victoires consécutives d’Armstrong aux sept tours de France de 1999 à 2005, jusqu’à l’annonce par l’Union Cycliste Internationale, en 2012, du retrait de ces sept victoires. Le cinéaste britannique s’est inspiré du livre publié en 2012 par le journaliste d’origine irlandaise, du « Sunday Times », David Walsh (Chris O’Dowd), « Seven deadly sins. My poursuit of Lance Armstrong » (Sept péchés capitaux, à la poursuite de Lance Armstrong).
Frears montre l’affrontement entre les deux hommes, la lutte du journaliste pour convaincre son rédacteur en chef dubitatif, et les méchantes menaces d’Armstrong pour le faire taire. Emma O’Reilly (Laura Donnelly), masseuse du champion entre 1996 et 2000, a décrit pendant l’enquête l’adoption progressive d’un programme de dopage au sein de l’équipe US Postal, d’où le titre du film (« The program »), dont l’un des protagonistes est le sulfureux docteur italien Michele Ferrari (Guillaume Canet).
Le 14 janvier 2013, Lance Armstrong s’est confessé à Oprah Winfrey à la télévision américaine; il a enfin avoué avoir eu recours à l’EPO (érythropoïétine), à la cortisone, à la testostérone, à l’hormone de croissance et, bien sûr, à de multiples transfusions sanguines pour purifier le sang et masquer tout le reste…
Points forts
« L’histoire de Lance Armstrong est tellement connue, tellement documentée, tellement factuelle, qu’il me semble difficile de la raconter plusieurs fois. Nous avons gagné la course », affirme le cinéaste, faisant allusion à d’autres biopics américains en préparation. Frears a pris tout le monde de vitesse en déballant tout. Il a rencontré la plupart des acteurs de l’époque comme David Millar, dopé repenti qui a écrit un livre sur son expérience, « Racing through the dark » (La course dans les ténèbres). Le cinéaste confie qu’il n’a eu qu’à tendre la main pour ramasser les informations car tous les anciens partenaires d’Armstrong avaient raconté leurs pratiques en détail devant les commissions d’enquête et dans les médias. C’est ainsi que « The program » est un mélange réussi de fiction – des coureurs professionnels ont participé au tournage des étapes de montagne - et d’images d’archives.
Quelques réserves
C’est l’envers de la médaille : même si le dosage est subtil et le travail de mise en scène remarquable, on a parfois l’impression de suivre le Tour de France devant son poste de télévision. Les passionnés du Tour, nombreux, y trouveront leur compte. Ceux qui viennent pour voir un film de Stephen Frears seront peut-être déçus par ce qui ressemble à un long reportage sur la vie d’un champion maudit. Sauf lorsqu’apparaît Dustin Hoffman en représentant des assurances américaines. Là nous retournons à Hollywood…
Encore un mot...
Stephen Frears a été fasciné par la personnalité d’Armstrong. Il a donc fait en sorte que Ben Foster, qui interprète le champion, lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Il a tourné dans les Alpes et dans les Ardennes, montré la terrible solitude du vainqueur du Tour, après la découverte de ses mensonges, dans sa belle maison américaine que Frears a visité et qui « sent la mort », dit-il.
Une phrase
Qui seront deux:
- « Je n’ai pas voulu contacter Armstrong. Il aurait cherché à contrôler le projet. Après tout, je n’ai pas non plus rencontré la reine avant “The Queen” ».
- « Armstrong a été victime de sa propre ambition. Sa vie, c’est “Scarface” ! J’ai donc fait un film de gangsters. Mais à présent, je crois qu’il a surtout besoin d’un excellent psychanalyste ! ».
L'auteur
On a tous quelque chose de Stephen Frears… Nous avons tous craqué pour l’un de ses vingt-trois films aux sujets si différents les uns des autres mais reliés par une exceptionnelle maîtrise de la mise en scène et, pour tout dire, du spectacle. En ce sens, « The Queen » (2006) est l’une de ses plus belles réussites. Mais on pourrait citer aussi « Madame Henderson présente » (2005), sur la survie d’un théâtre à Londres pendant la guerre de 40/45. Touche à tout de génie, le cinéaste britannique a réalisé des drames sociologiques tels que « Philomena » (2014), sur une jeune mère célibataire irlandaise dont le bébé fut vendu par des religieuses, des comédies sociales telles que « The snapper » (1993) et « The van » (1996), des adaptations comme « Les liaisons dangereuses » (1988) couronnées par trois oscars, des films hollywoodiens, « Les arnaqueurs » (1990), « Héros malgré lui » (1992)… Et voici son vingt quatrième film, un biopic sur l’ascension et la chute du champion cycliste Lance Armstrong (joué par Ben Foster).
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