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Thème
Ferrara recompose une journée de la vie de Pasolini à Rome (pour parodier Stefan Zweig:"Vingt quatre heures de la vie d'un metteur metteur en scène").
C'est une description d'un quotidien ordinaire vécu dans l'intimité de sa famille avec sa mère qu'il chérit,sa soeur,son actrice de passage; se rendant pour diner dans des pizzerias ordinaires, tard,dont il est connu et client habitué, et où il revient dans la nuit avec un jeune éphèbe qu'il a racolé.
Ces scènes sont filmées avec une économie de décors et une qualité de quadrages qui en font autant tableaux intimistes.
Elles sont "trouées" d'échappées fantastiques érotico pornographiques,avec feux d'artifices de groupes homosexuels mixtes signifiant et illustrant les déviances et les pulsions de Pasolini, et de plusieurs envolées lyriques conduites par un Ninetto Davoli, en Peppino, dans le style du clown à l'italienne proche des personnages de Fellini,s'envolant vers des paradis irréels, mythiques.
Puis l'assassinat sordide, dans la nuit, dans un terrain vague, comme une punition du vice, une interruption de la vie ordinaire,brutalement achevée, pour une mort dont on ne sait si elle conduit au néant, ou à un paradis de lumière.
Points forts
Il faut considérer les vices et les vertus, les fulgurances et les tourments de Pasolini, avoir une dilection pour ce metteur en scène de génie, pour être ébloui par la réalisation de Ferrara.
Elle est d'une sensibilité et d'une audace, d'une fidélité intime à la personnalité et à la sensibilité de Pasolini qui sont troublantes et passionnantes.
La qualité cinématographique du film est exceptionnelle dans les images, les travellings, les enchainements, les directions d'acteurs (le personnage de Pasolini, interprété par W Dafoe, est troublant de vérité et de sensibilité).
Et quelle illustration de la quotidienneté de la mort qui survient un jour ordinaire et rêvé!
On doit pouvoir exécrer ou s'éblouir; j'ai été stupéfait.
Quelques réserves
Si l'on admet l'option de Ferrara d'un hommage à la personnalité intime de Pasolini, on ne peut pas trouver de point faible à cette oeuvre d'art.
Encore un mot...
A ne conseiller qu'aux admirateurs de Pasolini dont Ferrara retrouve le style pour peindre la personnalité.
L'auteur
Abel Ferrara, neworkais d'origine italienne, a à son palmarès des films étranges dans leurs sujets, et très maîtrisés dans leurs mises en scènes, leurs scénarios et leurs direction d'acteurs: "Welcome to New York", "4h44 dernier jour de la terre", "Salo ou les 120 jours...", "Go get some Rosemary". Il prépare un film sur l'aventure newyorkaise de Dominique Strauss Kahn, avec Gérard Depardieu dans le rôle principal.
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