Napoléon
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Thème
A plus de 80 ans, Ridley Scott, le formidable réalisateur de Kingdom of Heaven, Les Duellistes, Alien …s’est attaqué à la vie et à l’œuvre de Napoléon Bonaparte.
61 jours de tournage et des centaines d’heures de montage plus tard, il en est résulté une fresque monumentale, placée sous le prisme de la passion que le génie militaire devenu empereur - incarné par l’iconique Joaquin Phoenix - portait à Joséphine.
Après une époustouflante séquence d’ouverture sur la décapitation de Marie-Antoinette, le 16 octobre 1793 place de la Concorde, ce film, en forme d’épopée, retrace le parcours d’un ambitieux petit Corse qui parvint à se faire sacrer Empereur des Français le 2 décembre 1804 à Notre-Dame de Paris. De 1793 où, alors simple capitaine d’artillerie inconnu, ses initiatives audacieuses permirent aux Français de reprendre la ville de Toulon tenue par les Anglais… Jusqu'en 1821, année de sa mort, sur l’Île de Saint-Hélène où on l’avait relégué en tant qu’Empereur déchu, ce sont ses 28 années les plus capitales qui vont défiler sous nos yeux. 28 années marquées par les batailles, sanglantes et meurtrières, qu’il mena en tête de ses troupes et remporta toutes, à l’exception d’une seule (Waterloo), mais aussi par les moments d’intimité, souvent tumultueux, qu’entre deux montées au front, il partagea avec l’amour de sa vie, l’inconstante Joséphine de Beauharnais.
Points forts
- Le scénario…Quand on s’appelle Ridley Scott et qu’à son actif, on a l’une des plus prestigieuses filmographies du monde, il est impossible de ne pas se singulariser lorsqu’on se lance sur un sujet déjà mille fois abordé sur le grand écran, celui d’un des plus grands chefs militaires de tous les temps, à savoir Napoléon. Le cinéaste le sait : d’autres que lui, et non des moindres ( entre autres, Stanley Kubrick et Patrice Chéreau ) s’y sont cassés les dents. Mais comme il adore les récits historiques et que, surtout, Napoléon le fascine à cause de ses légendaires succès militaires, il tient à venir à bout de son projet. A force de chercher un angle, il finit par le trouver. Grâce au proverbe français qui affirme que « derrière chaque grand homme, se cache une femme ». Quoi qu’il en soit, son film s’articulera autour des rapports passionnels que Napoléon entretint avec Joséphine de Beauharnais.
Lumineux, nouveau, mais sacrément …casse-gueule. Epaulé au scénario par une pointure du genre, David Scarpa, et, par un historien spécialiste de l’Empire, Ridley Scott finit par accoucher d’une histoire aussi ample et ambitieuse que brillante et qui va naviguer entre grandiose (les reconstitutions des batailles) et intime (les scènes de sa vie avec Joséphine). - Un autre des points forts du film de Scott, c'est sa mise en scène. Est-ce parce que le réalisateur - qui, en cinquante ans d’expérience, en a accompli d’autres - est capable d’utiliser six ou huit caméras en même temps ? En tous cas, sa mise en scène époustoufle. Les longues séquences consacrées aux batailles napoléoniennes (Austerlitz et Waterloo entre autres) sont d’une beauté jusque là inégalée sur grand écran, filmées à bonne distance pour qu’on en perçoive l’ampleur, le tragique et l’horreur, mais sans que pas un instant pourtant, le regard du spectateur ne puisse être épouvanté. Fin connaisseur de la peinture française, Ridley Scott a poussé l’élégance et le savoir-faire jusqu’à reconstituer, au cœur de ces séquences, les toiles les plus célèbres (dont celles de David) représentant son héros et ses hommes au combat.
- On n’en finirait pas d’énumérer les autres atouts de ce film (sa photo, sa musique, sa prise de son, son mixage), mais il faut s’arrêter quand même sur son casting, tant il est exceptionnel. Ridley Scott a confié à Joaquin Phoenix, qu’il considère l’un des plus grands acteurs américains, le soin de donner vie à Napoléon. A la fois tragique, mystérieuse et passionnée, l’interprétation de la star américaine (qui, il y a vingt-trois ans fut le Gladiator de Scott) devrait faire date. Celle, incarnée et incandescente, de Vanessa Kirby en Joséphine aussi. A l’écran, ce duo d’acteurs fait des étincelles.
Quelques réserves
- Initialement, le film devait durer 4h40. Pour sa première diffusion en salles, la production a décidé d’en couper presque deux heures, ce qui se traduit par quelques ellipses plutôt rudes dans le récit et aboutit à une alternance un peu trop systématique des reconstitutions de batailles et des scènes d’intimité. Pour le moment, on ne sait pas quand sortira la version intégrale, ni sur quel support, ni sous quelle forme.
- Ridley Scott reconnaît que son film est truffé d’inexactitudes historiques. Parce que ces dernières n’obèrent pas son enjeu dramatique, et que les biopics ne sont pas assujettis à la même rigueur biographique que les documentaires, les amateurs de grand cinéma ne devraient pas y trouver à redire. Contrairement aux historiens, qui eux, hurleront sans doute à la trahison.
- Certains spectateurs seront peut-être gênés par le fait que, dans un film mettant en scène des personnages français, les comédiens s’expriment en anglais. A ceux-là, on conseille (pour une fois !) la VF, qui a été particulièrement soignée.
Encore un mot...
Comment ne pas recommander ce Napoléon de Ridley Scott, dernier en date de l’impressionnante série des films (plus de 1000 !) qui ont été consacrés à l’Empereur français ? Il est le premier à étudier son ascension irrépressible et sa chute brutale à la lumière de sa relation avec l’unique femme de sa vie, Joséphine de Beauharnais, dévoilant par ce biais à quel point, hors les champs de bataille, ce vaillant combattant était un homme complexe, fragile et tourmenté. Il est aussi le plus somptueux : jamais on n’avait vu les campagnes du génie militaire reconstituées avec autant de faste et de minutie. Et puis, et puis aussi bien sûr, qui l’enrichit encore, il bénéficie d’une interprétation hors norme, en tête de laquelle, celles de Joaquin Phoenix et de Vanessa Kirby. Quand l’Histoire de France est racontée, sur grand écran, d’une manière aussi spectaculairement splendide, on en redemande. Et tant pis pour les petites inexactitudes historiques ! Chapeau, monsieur Scott !
Une phrase
« Sentimentalement, je vois Napoléon comme un romantique avec un cerveau de mathématicien. Il voulait parler avec le cœur mais les lettres qu’il adressait à son épouse étaient souvent kitsch. On a parfois l’impression de lire les mots d’un adolescent amoureux qui plagie de la poésie. Ce trait de caractère le rendrait plutôt attachant s’il n’était pas responsable de la mort de millions de personnes. » ( Joaquin Phoenix, Sud-Ouest du 19 novembre 2023).
L'auteur
Né le 30 novembre 1937 à South Shields en Grande Bretagne, d’un père colonel, Ridley Scott est un producteur et réalisateur adulé dans le monde entier.
Sa marque de fabrique ? Les films à grand spectacle et budgets y afférents.
Frère aîné du réalisateur Tony Scott (aujourd’hui décédé), avec lequel il fonda, en 1995, la société de production Scott Free Productions, Ridley Scott - qui a pourtant attendu d’avoir 40 ans pour se lancer dans le long métrage de fiction avec Les Duellistes - est aujourd’hui à la tête d’ une filmographie impressionnante. Parmi ses œuvres les plus connues Thelma et Louise (1991) Gladiator (2000), Hannibal (2001), Robin des Bois (2010) ou encore Exodus : Gods and Kings ( 2014 ), Le dernier duel, House of Gucci (2021).
C’est surtout dans le genre spatial-science-fiction qu’il s’est distingué, avec d’abord Alien qui, en 1979, le révèle au grand public, puis en 1982, Blade Runner, devenu un classique de la SF et en 2015, Seul sur Mars, qui sera son plus grand succès.
Multi-récompensé, ce cinéaste prolifique a reçu, en 2003, l’insigne de Knight Bachelor (Chevalier) pour services rendus au cinéma britannique. Il est ainsi devenu Sir Ridley Scott. Son Napoléon qui sort aujourd’hui en France est le film le plus attendu de cette fin d’année. Le cinéaste serait déjà en train de préparer le tournage de Gladiator 2.
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