A Most Violent Year
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Thème
Les vicissitudes d'un chef d'entreprise new yorkais (Abel Morales) qui cherche à prospérer dans le secteur du pétrole. Au cours du terrible hiver de l'année 1981, considérée comme la plus violente aux Etats Unis, il devra lutter contre les vols perpétrés par ses concurrents liés au milieu mafieux, les déboires d'un de ses employés, et le zèle d'un procureur résolu à le faire tomber.
Points forts
- Une brillante mise en scène et une très belle plongée dans le New York industriel des années 80. Le réalisateur capte parfaitement l'ambiance froide et métallique de l'époque et magnifie les décors, volontairement très épurés, de la ville. Pendant deux heures, le spectateur s'imprègne du silence des entrepôts et des odeurs de fuel qui émanent des cuves tandis que la caméra s'attarde sur les interminables files de voitures qui encombrent les ponts de la ville, sur les rails des chemins de fer désaffectés, ou sur les échoppes et les tripots enfumés de Brooklyn.
Il s'en dégage un charme très particulier.
- Le charisme des deux acteurs principaux. Oscar Isaac livre une prestation sobre et convaincante en entrepreneur immigré, pugnace et audacieux qui place la réussite de son entreprise au dessus de tout mais s'efforce de ne pas dévier du droit chemin. L'acteur d'origine guatémaltèque apporte beaucoup de nuances à son personnage aussi implacable devant ses adversaires que faible et désarmé face à sa femme. Femme qui offre justement un superbe rôle à Jessica Chastain. La rousse est incandescente en âme damnée de son époux, en fille de voyou qui joue les grandes de ce monde mais dont la violence latente est à glacer le sang.
- Un western urbain et noir qui s'inscrit dans la lignée des grands films de gangsters New Yorkais. Le film est d'ailleurs émaillé de références subtiles à des classiques du genre. La course poursuite qui tient le spectateur en haleine pendant près de 10 minutes rappelle la scène mémorable du métro de French Connection mais Chandor emprunte également à Mean Streets ou the Yard.
Quelques réserves
- Malgré une réalisation intelligente et très personnelle, le film propose une énième déclinaison du rêve américain et du cliché de l'immigré qui réussit malgré tous les obstacles qui entravent sa route.
- Quelques intrigues parallèles inutiles. Le scénario s'éparpille un peu en s'attardant sur quelques histoires annexes sans grand intérêt ou peu crédibles. Les malheurs de Julian, un chauffeur/livreur en cavale, desservent le propos et agacent légèrement. Le rôle de père d'Abel Morales est également abordé sans grande conviction.
Encore un mot...
J.C. Chandor parvient à proposer un film captivant à partir d'une histoire finalement assez banale. A Most Violent Year vaut moins le détour pour son message convenu sur l'American dream que pour son approche très descriptive et presque naturaliste. Ce traitement froid et détaché d'un hiver de l'histoire new yorkaise confère une atmosphère très étrange et intéressante au film, un mélange inédit de sophistication et de candeur.
Les acteurs, aussi impeccables soient-ils, sont relégués au second plan, presque éclipsés par la ville de New York qui demeure la seule véritable héroïne du film.
L'auteur
En deux films très remarqués : Margin Call et All is Lost, J.C. Chandor s'est imposé comme l'une des valeurs sûres du cinéma de demain. Après avoir exposé sa vision de la crise des subprimes (Margin Call) et proposé une odyssée, sans dialogue et avec un unique acteur (All is lost), le réalisateur poursuit sa réflexion sur l'Amérique en s'attaquant cette fois aux liens entre capitalisme et criminalité dans le New York des 80's.
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