Mia Madre

Exigeant, mais drôle, intelligent, émouvant
De
Nanni Moretti
Avec
Margherita Buy, John Turturro, Giulia Lazzarini, Nanni Moretti et Beatrice Mancini
Notre recommandation
5/5

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Vu
par Culture-Tops

Thème

Alors qu’elle réalise un drame social, Margherita se délite entre Barry Huggins, un acteur américain aussi cabotin qu’incapable d’apprendre son dialogue (elle en comprendra la raison à la fin du tournage), la séparation d’avec Vittorio, son amant, l’agonie d’Ada,sa mère, ex professeur de lettres, latin et grec, victime d’une pneumonie, la crise d’adolescence de sa fille Livia et l’aide de Giovanni, son frère, dont la perfection l’étouffe. Une situation complexe qui va l’obliger à recentrer ses forces et affronter ses faiblesses pour se retrouver.

Points forts

- Un récit jamais ennuyeux, et aussi drôle qu’émouvant et intelligent.

- Une maîtrise absolue du montage dans l’entrelacs des temps, entremêlant passé et présent, chronologie et temps éclaté, rêve et réalité, sans jamais nous prévenir des changements et ,néanmoins, sans nous perdre.

- Une interrogation sur l’acceptation de la perte, la mémoire, la famille, la transmission, dans laquelle tout le monde peut se reconnaître

- Un parallèle subtil entre cinéma et vie réelle, à partir de ces questions : jusqu’où s’investir dans une réalité surtout douloureuse ? Faut-il être vrai ou faire semblant ? Confondre la représentation et l’être ?

- Une conclusion finalement optimiste, aussi bouleversante que magnifique, entre l’héroïne et sa mère, rappelant le simple verre d’eau que Moretti buvait à la fin de Carnet intime pour illustrer ce qu’est le bonheur.

- Des acteurs irréprochables et superbement dirigés, de Margherita Buy en femme, mère et réalisatrice se délitant, à John Turturro, comédien cabot, narcissique, mythomane et ingérable, sans oublier Nanni Moretti, aussi rassurant qu’étouffant en frère rationnel et responsable.

Quelques réserves

Moins faible qu’exigeant : il faut lâcher prise avec le réel pour adopter sans être déstabilisé la “philosophie temporelle” du récit qui mêle tous les temps en un seul temps. Mais quand on pense au passé pour le faire revivre n’est-on pas simultanément dans le présent ?

Encore un mot...

“Je vais dire quelque chose un peu douloureuse(…) : après la mort de ma mère, à travers les choses que me disaient ses anciens élèves, j’ai eu la sensation que quelque chose d’important de sa personne m’avait échappé, quelque chose que ses anciens élèves avaient réussi à saisir et à me communiquer. Quelque chose d’essentiel.”. Une leçon pour chacun : prenez la peine de connaître vos proches de leur vivant...

Une phrase

Qui seront deux:

 - “Le personnage doit être en retrait de l’acteur”. Margherita, la réalisatrice.

 - “Je dois faire semblant comme dans la vie ?”. Le comédien Barry Huggins (John Turturro)

L'auteur

Réalisateur, scénariste, producteur, distributeur et acteur de cinéma né en 1953 à Brunico (Italie),Giovanni Moretti, dit Nanni Moretti, construit, de film en film, une œuvre personnelle autant que cohérente, entamée en 1976 avec Je suis un autarcique. D’abord militante et satirique, sa filmographie connaît un tournant remarquable en 1993 avec Carnet intime dans lequel il évoque le cancer dont il a guéri. Depuis, à l’exception de Le Caïman, pamphlet anti-berlusconien (2006), il s’est lancé avec succès dans le drame, avec le poignantLa chambre du fils (2001), Palme d’Or à Cannes, et le profond Habemus Papam (2011). Dans Mia Madre, son 12ème film, il interroge son métier et le souvenir de sa mère, qui fut professeur  de Lettres et de latin-grec.

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