Médecin de Campagne
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Thème
Comme son titre l’annonce avec la simplicité chaleureuse de son auteur-réalisateur, ce film nous propose de suivre le quotidien d’un praticien (François Cluzet) en milieu rural. Un quotidien qu’on va découvrir fait de dévouement, d’écoute, d’instinct, et de bon sens. Un quotidien où, en raison de la raréfaction des vocations pour cet exercice très particulier de la médecine, on va s’apercevoir qu’il est impossible de compter ses heures de travail, impossible de refuser de sortir de jour comme de nuit, quel que soit le temps, mais un quotidien où, face à des situations souvent inédites, on doit être capable de faire preuve d’autant de savoir que de sens pratique.
Pour apporter de la « tension » à son film (restons dans le vocabulaire médical !), Thomas Lilti lui a inventé une intrigue. Parce qu’il se sait gravement malade, ce médecin se voit dans l’obligation de former une « remplaçante ». La seule candidate à ce poste est une ancienne infirmière hospitalière qui, toute jeune diplômée, ne connaît rien au terrain. Il va s’en suivre des scènes de bizutage, où l’ironie (plus ou moins bienveillante) va souvent le disputer à la cocasserie la plus inattendue. Ce qui avait débuté comme une chronique sociale va prendre des allures de comédie dramatique.
Points forts
- L’humanisme et la tendresse qui se dégagent de ce film réalisé comme un (magnifique) hommage aux médecins de campagne. Manifestement Thomas Lilti nourrit à leur égard autant d’affection que d’admiration. Et cela (on le perçoit à chaque séquence du film) pour leur abnégation, leur compassion et leur profonde connaissance de la nature humaine.
- L’aspect« reportage»du film. Pour toutes les scènes de visites et consultations de malades, Thomas Lilti dit s’être nourri de sa propre expérience, quand, jeune interne, il allait faire des remplacements chez des médecins de campagne chevronnés. Il restitue ce vécu avec une vérité, une justesse et une sensibilité rares, sans esbrouffe, ni effet particulier pour éventuellement « corser »son scénario (qui d’ailleurs n’en a pas besoin).
- Le message du film. On le sait, la désertification médicale des campagnes est devenue un problème de salubrité publique. En élevant son personnage de médecin rural au rang de héros positif, Thomas Lilti espère, clairement, qu’il suscitera des vocations. « Médecin de campagne » est une manière pour lui, avec ses moyens de cinéaste- ce qui n’est pas rien-, de contribuer à la réhabilitation d’une profession en voie de disparition. Un moyen aussi d’interroger les pouvoirs publics sur ce grave problème.
- La distribution. François Cluzet (qui confirme son excellence) et Marianne Denicourt (enfin dans un rôle à sa mesure !) déploient dans leur personnage respectif de médecin, une grâce infinie et une humanité bouleversante. Leurs gestes sont justes, leur ton (entre dédramatisation indispensable et écoute attentive) aussi. Ensemble ils forment un duo épatant, crédible, irrésistible, à la fois comique et romantique. On n’oubliera pas si vite ces deux là, qu’on se prend à rêver d’avoir pour médecins !
Quelques réserves
Sauf à détester les films sur les médecins et leurs malades, exception faite aussi d’une scène un peu trop appuyée (la visite du personnage incarné par François Cluzet à son cancérologue) il n’y en a pas.
Encore un mot...
On a coutume de dire qu’on ne parle bien que de ce qu’on connaît bien. Ce n’est pas toujours le cas. Mais en cette occurrence, cet adage populaire se révèle vrai. On a rarement vu sur les écrans un film qui « parle » aussi bien de la relation médecin- patient, un film qui exhale autant de compassion et de tendresse pour l’humanité souffrante et les gens qui la soigne.
Une autre des réussites de ce « Médecin de campagne »est que, malgré son sujet, le réalisateur n ‘oublie jamais la vie. Elle bruisse à travers chaque plan, malgré les malheurs et les drames. Et ça fait un bien fou.
L'auteur
Dans le milieu des réalisateurs, Thomas Lilti (né le 30 mai 1976) est, pour employer un terme médical, un « cas » à part, puisqu’il a longtemps hésité entre deux métiers. Celui de médecin (qu’exerçait son père) et celui de cinéaste (qui le fascinait depuis l’enfance). Etudiant brillant (il obtient son bac à seize ans), il va donc poursuivre deux cursus, celui, officiel, de médecin et celui de cinéaste, qu’il apprend sur le tas. Résultat : pendant ses études à la fac de médecine, il parvient à réaliser trois courts métrages, qu’il présente dans des festivals dédiés aux étudiants. Repéré par Alain Benguigui et Thomas Verhaeghe, il réussit à écrire et réaliser, en 2007, « Les Yeux bandés », son premier « long ».Pendant plusieurs années, il alternera pratique médicale et écriture de scénarii (notamment , en 2011 « Télé Gaucho » et « Mariage à Mendoza »). En 2014, il écrit et réalise « Hippocrate ». Inspiré par son expérience d’étudiant en médecine, ce film, qui raconte le parcours d’un jeune interne dans l’hôpital public, lui vaut, en 2015, le César du meilleur réalisateur. Il décide alors de se consacrer exclusivement au cinéma. « Médecin de campagne » dont il signe là encore scénario et réalisation, est donc son troisième long métrage.
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