Mauvaise Graine
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Thème
Ostie 1995. Amis d’enfance, dopés aux produits illicites, Vittorio et Cesare vivent de bagarres, trafics de drogue, vols… commandités par Moche, le caïd local.
Logé chez sa mère, Cesare n’en veille pas moins avec tendresse et attention sur sa petite nièce Debora, fille de sa sœur décédée du sida, fournissant notamment les médicaments dont elle a besoin car elle est gravement malade. Il lui offre un jour un ourson en peluche portant un sweat floqué de Non essere cattivo (Ne sois pas méchant).
Son ami Vittorio tombe amoureux de Linda, mère du jeune Tommaso. Comme elle refuse qu’il poursuive sa vie de délinquant, Vittorio va travailler sur les chantiers, suscitant les sarcasmes de ses amis. Tombant à son tour amoureux (de Viviane, l’ex de Vittorio), Cesare décide de le suivre. Mais on n’échappe pas impunément à son environnement…
Points forts
- Un regard intéressant sur la faune qui sévit dans la banlieue d’Ostie.
- Les nombreux clins d’œil à l’univers de Pier Paolo Pasolini, mentor du réalisateur, notamment à Accatone (1961) : paumés, plage infinie, terrains vagues, maisons délabrées, travail dépeint comme outil d’insertion mais aussi d’aliénation…
- Ses fulgurances poétiques (quand Cesare et Viviana dansent près de leur voiture toute musique hurlante ou encore le délirium de Vittorio totalement défoncé sur le pont).
- Le jeu écorché vif de Lucas Marinelli et d’Alessandro Borghi ainsi que le rythme du récit en parfaite harmonie avec leur consommation d’ecstasy.
- Un récit qui se suit avec plaisir et dont la fin s’ouvre sur un soupçon d’espérance.
Quelques réserves
- Bien que s’intéressant autant à la psychologie de ses héros qu’à leurs dérives, ce film risque de souffrir de la comparaison avec son illustre prédécesseur : Gomorra de Matteo Garrone (2008).
- On peut regretter que la banlieue d’Ostie soit réduite aux rares espaces fréquentés par nos héros, restreignant d’autant la dénonciation “entomologique” qu’ambitionnait Caligari ainsi qu’il s’en expliquait : “Aujourd’hui, toutes les dimensions religieuses ont disparu : aujourd’hui, Accatone va en boîte de nuit, consomme et deale de la drogue, et si les choses tournent bien pour lui, on pourra espérer au mieux une fin semblable à celle qui dans Rocco et ses frères scellait le destin ouvrier de Ciro, mais dans une autre tonalité que la déclinaison viscontienne des années soixante, optimiste et positive, de la grande industrie”..
Encore un mot...
Les spectateurs peu au fait du cinéma italien des 60’s en général et pasolinien en particulier pourront cependant apprécier ce film qui empreinte aussi au Scorsese époqueMean streets (1973) par son côté action et à Nos funéraillesd’Abel Ferrara (1996) pour le rôle joliment rédempteur des femmes.
Une phrase
“On a l’air de deux martiens mais on s’est gourés de planète” César.
L'auteur
Né à Arona (Piémont, Italie) en 1948, Claudio Caligari fait ses premières armes en tournant de nombreux documentaires sur le monde de la drogue et les collectifs militants des années 70.
En 1983, il réalise Amore Tossico, une histoire crue de dépendance à l’héroïne, interprétée par des acteurs non professionnels, film qui remporte, entre autres récompenses internationales, le Prix spécial de la section De Sica (Mostra de Venise), avant de devenir culte.
En 1998, il réalise son deuxième film, L’odore della notte, adaptation du roman de Dido Sacchettoni, également présenté (hors compétition) à la Mostra de Venise et qui, cette fois, se déroule dans le milieu du banditisme romain.
Le 26 mai 2015, dix-sept ans après son deuxième long-métrage, Claudio Caligari s’éteint des suites d’une longue maladie alors qu’il achève le montage de ce qui sera son dernier film : Mauvaise graine, laissant son ami, l’acteur Valerio Mastandrea (également producteur du film), en assurer la finalisation.
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