Mal de Pierres
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Thème
Adapté du roman éponyme de Miléna Angus, paru en 2006, « Mal de pierres » relate, dans la France rurale des années 50, l’histoire de Gabrielle, une jeune femme éprise de liberté et d’absolu.
A cette époque où le destin des femmes était de devenir des épouses soumises, Gabrielle, la fière et la mutique, dérange. Exaspérés, ses parents vont l’unir, presque de force, à un ouvrier saisonnier qu’elle n’aime pas.
Lors d’une cure thermale où on l’a envoyée pour soigner son « mal de pierres » (l’appellation courante des calculs rénaux, connus jadis sous le nom de gravelle), Gabrielle rencontre André Sauvage, un beau lieutenant blessé en Indochine qui va raviver sa soif d’absolu. Elle espère fuir avec lui et accomplir son rêve de passion unique. Las…
Points forts
- Et d’abord, l’interprétation, il faut bien dire, sublime, de Marion Cotillard, qui a la charge de Gabrielle. Dans ce personnage de femme exaltée, impérieuse, introvertie, à la fois prisonnière de ses désirs et ne survivant que grâce à eux, la jeune comédienne fascine. Elle ne « compose » pas, elle "est" Gabrielle, émouvante, à fleur de peau, vulnérable, entièrement soumise à ses pulsions physiques et sa soif d’absolu. Celle qui fut entre autres, en 2007, une inoubliable Piaf dans la « Môme » d’Olivier Dahan et, en 2014, une non moins mémorable ouvrière privée de son emploi dans « Deux jours, une nuit » des frères Dardenne, démontre, une fois encore, s’il en était besoin, qu’elle a la grâce, l’engagement et le naturel des plus grands interprètes. Nicole Garcia dit qu’elle l’a attendue pour être « la » Gabrielle de son film. Quand on voit le résultat, on se dit que la réalisatrice a bien fait d’être patiente.
- Le scénario. Il dessine, ici, sur dix-sept ans, un très beau portrait de femme, qui malgré sa souffrance et sa condition de femme mariée, parvient à n’abdiquer en rien et à rester elle-même. Ce portrait est juste, sensible, subtil. Gabrielle est une héroïne de cinéma dans les années 50, mais elle pourrait être le modèle de nombreuses femmes, dans la vraie vie d’aujourd’hui.
- La photo du film. Nicole Garcia a vécu son enfance en terre méditerranéenne. La cinéaste rend ici hommage à la beauté, si singulière, de sa lumière et de ses paysages.
Quelques réserves
- S’il fallait trouver un « maillon » faible dans cette belle et ample réalisation, ce serait peut-être sa « sagesse », qui empêche d’être complètement emporté. C'est comme si Nicole Garcia, ayant eu peur d’être « emballée » par son sujet, avait placé sa mise en scène sous le boisseau d’un classicisme de bon aloi. D’où un léger manque d’émotion.
- On regrette aussi le déficit d’expressivité de Louis Garrel. Pour ce rôle de soldat, certes blessé, certes mourant (mais quand même !), le comédien semble n’avoir voulu jouer que de sa ténébreuse beauté. Cette attitude est dommageable, d’autant plus incompréhensible que le comédien nous avait, jusqu’à présent, plutôt éblouis. Tant au théâtre qu’à l’écran.
Encore un mot...
« Mal de pierres » avait tout pour mériter d’entrer dans la catégorie des très grands films: son scénario, tendu, sans défaillance, jusqu’au dénouement ; l’interprétation de son héroïne, au delà des plus hautes exigences; ses seconds rôles, très bien distribués (Alex Brendemühl, remarquable dans son costume d’époux malheureux) ; son rythme, à la fois paisible et soutenu, et sa beauté formelle, indéniable.
Il reste pourtant à la porte du cercle si fermé des chefs-d’oeuvre, sans doute pour les deux raisons évoquées plus haut.
Reste un très beau film, qu’on conseille vivement d’aller voir, pour son sujet, pour l’éblouissante prestation de Marion Cotillard, pour Nicole Garcia aussi, qui, à travers ce « Mal de pierres », rappelle aux femmes, leur droit inaliénable au rêve et à la liberté.
Une phrase
« Si j’ai aimé cette histoire, c’est qu’elle résonne aussi avec ma vie. Elle représente ce qu’est pour moi l’imaginaire, sa puissance et sa force de réparation » ( Nicole Garcia).
L'auteur
Née le 22 avril 1946 à Oran, en Algérie, Nicole Garcia grandit au bord de la Méditerranée. En 1962, elle vient s’installer en France, d’abord à Montpellier, puis à Paris, pour y suivre des études de philosophie. Mais l’art dramatique la rattrape. Elle s’inscrit au Conservatoire national et en sort, en 1967, avec un premier prix en comédie moderne. La même année, paraît le premier film dans lequel elle joue, « Des Garçons et des filles », d’Etienne Perrier, mais elle attendra 1975 pour que sa notoriété s’envole, avec « Que la fête commence », de Bertrand Tavernier.
Elle tournera ensuite avec la crème des cinéastes ((dont Lelouch, Sautet, Resnais et Bertrand Blier), avant de se lancer elle-même dans la réalisation, en 1990, avec « Un week-end sur deux ». Depuis, celle qui est la seule artiste à avoir été nommée à six Césars différents, alterne deux carrières, celle de comédienne et celle de réalisatrice. « Mal de pierres », qui sort ces jours-ci, est son huitième film. Sélectionné pour la Compétition Officielle du dernier festival de Cannes, il en était reparti bredouille, malgré l’accueil chaleureux du public et de la critique.
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