MADRE
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Thème
Dans un appartement madrilène, Elena (Marta Nieto) reçoit un coup de téléphone de son fils Ivan, six ans. Le petit garçon qui est en vacances en France avec son père, semble terrorisé. Il est seul sur une plage déserte. Un homme s’approche de lui. Sa mère l’incite à fuir. L’enfant crie, la communication téléphonique s’interrompt brutalement.
Dix ans plus tard, on retrouve Elena. Elle est serveuse dans un bar d’une côte française qu’elle arpente sans cesse dans l’espoir de retrouver son petit garçon disparu. C’est là qu’elle va rencontrer Jean (Jules Porier), un adolescent à la fois beau, disert et sûr de lui, qui pourrait avoir l’âge de son fils. Tous les deux vont entamer une relation faite de trouble et de fascination.
Points forts
La construction du scénario. C’est une idée audacieuse que d’avoir pris comme point de départ d’un nouveau film, un court métrage de 17 minutes, haletant et d’une intensité folle : une mère qui entend son enfant disparaître en hurlant son effroi au téléphone, sans qu’elle sache où il se trouve et donc sans pouvoir intervenir.. Et puis décider de donner une suite à cette histoire atroce, d’inventer une nouvelle vie à cette mère qui n’a pas réussi à faire le deuil de son enfant, et le recherche en arpentant sans relâche une plage dont elle ne peut même pas être certaine que c’est là qu’il a disparu. C’est magnifique parce que le réalisateur filme cette mère belle et solaire malgré elle et en même temps si douloureuse, qui essaie de vivre quand même un nouvel amour et, après sa rencontre avec ce si bel adolescent, tente de se projeter de nouveau à travers lui comme une mère follement aimante, trop?
La façon dont Rodrigo Sorogoyen filme cette « seconde » vie d’une mère qui ne l’est plus, est bouleversante. Il ne la quitte pratiquement jamais, choisit de la suivre dans de longs plans-séquences, parfois en plans larges. On pourrait croire que cette manière de faire dilue l’émotion. C’est tout le contraire. Plus le film se déroule, plus on s’attache à cette mère endeuillée à jamais, plus on sent à quelle point sa douleur lui est consubstantielle.
Marta Nieto, la comédienne qui joue cette mère est fascinante de fausse abnégation, de détermination et de douleur rentrée. Jules Porier qui interprète l’adolescent dont elle pense qu’il pourrait être pour elle comme un fils de substitution, est formidable de naturel. Comme le sont aussi ceux qui jouent ses parents et qu’on a plaisir à retrouver dans ce film espagnol, Anne Consigny et Frédéric Pierrot, qui démontre ici, une fois encore à quel point il sait choisir ses rôles.
Quelques réserves
Sauf à détester les longs plans-séquences, on n’en voit pas.
Encore un mot...
Rodrigo Sorogoyen n’a même pas quarante ans et en cinq films seulement, il est devenu la nouvelle star du cinéma espagnol. Malgré sa distinction à la Mostra de Venise par le prix Orizzonti de la meilleure actrice pour Marta Nieto, Madre arrivé en juillet dernier sur les écrans français n’avait pas eu la carrière qu’il méritait. Espérons que cette sortie DVD, agrémentée de bonus très intéressants, lui offre une seconde chance.
Une phrase
« Au début, nous imaginions un film avec un point de vue unique, celui d’Elena. Mais si nous voulions raconter une histoire d’amour, il fallait connaître l’autre point de vue, celui de Jean…Le souffle au cœur de Louis Malle a été une grande source d’inspiration. Nous avons tenté de créer ce réalisme et cette tendresse qui inondent tout le film pour dresser le portrait de ce garçon spécial et de sa famille » (Rodrigo Sorogoyen, réalisateur).
L'auteur
Après avoir travaillé à l'École de Cinéma et d’Audiovisuel de Madrid, Rodrigo Sorogoyen, né le 16 septembre 1981 à Madrid, commence à travailler comme scénariste pour des séries du petit écran. A 25 ans, en 2008, il se lance dans la réalisation d’un long métrage. C’est 8 Citas, qui bénéficie d’un accueil chaleureux.
En 2011, après avoir travaillé de nouveau comme scénariste pour d’autres séries télé, il fonde avec trois associés Caballo films. En 2013, il réalise Stockholm. Ce film, qu’il a coécrit avec Isabel Peña et qui a été financé grâce à des fonds participatifs, est une des révélations de l’année. Il obtient de multiples récompenses, dont, en 2014, le Goya du meilleur espoir masculin. En 2016 le jeune cinéaste fait de nouveau la une des rubriques de cinéma avec Que Dios nos perdone, un thriller qui va mettre le feu aux poudres de la critique et remporter de multiples prix dont celui du meilleur scénario au festival de San Sebastian. En 2018, son quatrième long métrage, El Reino, un thriller sur la corruption dans le monde politique espagnol lui vaut de rafler 7 Goya.
Inspiré de son court-métrage sorti en 2017 sous le même titre, Madre est le cinquième film de Rodrigo Sorogoyen. Il était sorti sur les écrans français en juillet dernier.
Bonus : Entretien avec Rodrigo Sorogoyen, modules Making of, scènes coupées, essais casting et répétitions, bande-annonce.
Et aussi
- COFFRET FRANÇOIS TRUFFAUT, 8 films des années 68 à 78 en version restaurée.
Fans de François Truffaut, vous qui vous désoliez de la mauvaise qualité des copies en vidéo d’une partie de ses films, réjouissez-vous ! L’Atelier d’images ( Arte Editions) vient de publier un coffret DVD/BLU-RAY de huit des films de votre réalisateur fétiche en version restaurée. Tous les huit correspondent à la seconde partie de sa carrière, celle qui s’étend de 1968 ( La mariée était en noir, avec Jeanne Moreau) à 1978 (La Chambre verte, avec François Truffaut et Nathalie Baye). Il s’agit des films coproduits avec United Artists alors implantée en Europe. Ce coffret qui contient aussi La Sirène du Mississippi ( avec Jean-Paul Belmondo et Catherine Deneuve), l’Enfant sauvage (avec Jean-Pierre Cargol et François Truffaut), Baiser volés ( avec Jean-Pierre Léaud, Claude Jade et Delphine Seyrig), Domicile conjugal (avec Jean-Pierre Léaud et Claude Jade), Les deux Anglaises et le Continent (avec Kika Markham et Stacey Tendeter et Jean-Pierre Léaud), Une belle fille comme moi ( avec Bernadette Lafont, Charles Denner et André Dussolier), La nuit américaine (avec Jacqueline Bisset, François Truffaut et Nathalie Baye ), l’Histoire d’Adèle H ( avec Isabelle Adjani) et l’homme qui aimait les femmes (avec Charles Denner et Brigitte Fossey) est un évènement. Il rappelle quel styliste hors pair fut Truffaut, quel révélateur d’actrices il fut aussi. Truffaut, l’homme de toutes les passions, le réalisateur qui sut conjuguer le cinéma, à tous les temps et dans tous les styles avec la même grâce et la même élégance.
Sortie DVD, BLU RAY- Arte Vidéo/ L’Atelier d’images.. Déjà sorti
Bonus : Archives et pépites inédites sur les tournages des films. Entretiens avec François Truffaut et ses proches collaborateurs, essais de comédiens, et un petit livre d’accompagnement constitué de textes critiques et de témoignages.
Recommandation : en priorité.
-LA VOIX DU SUCCÈS de NISHA GANATRA- Avec DAKOTA JOHNSON, TRACEE ELLIS ROSS, KELVIN HARRISON JR, MELANIE GRIFFITH…
Maggie, jeune femme passionnée de musique ( Dakota Johnson) travaille comme assistante personnelle de Grâce, une star vieillissante de la soul qui ne vit plus que de ses anciens succès. Alors qu’elle s’affaire à des tâches ingrates, Maggie ne rêve pourtant que d’une chose: produire des disques. Ceux de sa patronne, et aussi ceux de David, un jeune chanteur talentueux qu’elle a découvert dans la rue et qui l’a fait craquer. Elle va se lancer, bien sûr, d’abord en cachette et non sans quelques petits problèmes, jusqu’à ce que… Mais chut! Il ne faut rien spoiler…
Même si Dakota Johnson ( Cinquante nuances de Grey) n’a pas le panache et la présence de certaines de ses « consœurs », même si le scénario est un peu trop prévisible, La voix du succès est une comédie romantique idéale pour cette période de confinement. Tracee Ellis Ross est « presque » la fille de sa mère, Diana Ross.
Sortie DVD, BLU RAY. SORTIE LE 25 NOVEMBRE- UNIVERSAL
Bonus : scènes coupées, scènes alternatives, making of, La fabrique d’une légende: l’histoire de Grace Davis, clip « Like I do ».
Recommandation : bon.
- ADORABLES de SOLANGE CICUREL- Avec IONI MATOS, ELSA ZYLBERSTEIN, LUCIEN JEAN-BAPTISTE…
Emma et Victor sont les parents séparés de Lila. Alors qu’elle fête ses quatorze ans, elle commence une crise d’adolescence et passe d’une enfance parfaite à une ado insupportable. Victor tente d’apaiser les tensions, mais entre la mère et la fille, la guerre est déclarée . Tous les coups sont permis et plus question d’être « adorables ».
Adorables est une histoire qui commence bien ( l’entente -presque- parfaite entre une mère et une fille) et qui vire au cauchemar ( l’installation d’une mésentente apparemment irréductible entre cette mère et cette fille). C’est sans doute aussi l’histoire autobiographique, à peine romancée d’une réalisatrice au bord de la crise de nerfs et de sa fille qu’elle a tant aimée et choyée mais qu’elle ne comprend plus. C’est, enfin, une histoire universelle car nombreux sont les parents qui avouent vivre l’enfer lorsque leur enfant atteint l’adolescence. Cela pour dire que ce récit, évidemment drolatique, est tout public. Dans le rôle de la mère exaspérée, Elsa Zylberstein est très rigolote, dans celui de l’insupportable fille, Ioni Matos est épatante (c’est son premier rôle au ciné). Dans celui du père, Lucien Jean-Baptiste apporte son empathie et sa bonne humeur habituelles. On peut pardonner ses maladresses à un film qui fait dire à une mère désespérée : « Si je n’étais pas non-violente, je te dévisserais la gueule! ».
Sortie DVD, BLU RAY- UNIVERSAL PICTURES
Bonus : bande-annonce
Recommandation : bon
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