L'image Manquante
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Thème
Le 17 avril 1975, alors que s’achève la Guerre du Vietnam, les troupes khmères rouges de Pol Pot entrent dans Phnom Penh sous le regard attentiste des habitants. En 1979, quand l’ancien allié vietnamien renverse le régime du Kampuchea démocratique, les Khmers Rouges laissent 1,7 million de morts (soit 21 % de la population cambodgienne de l'époque). Parmi eux, les parents, frères, sœurs, cousins… de Rithy Panh, lui même déporté dans plusieurs camps, tour à tour affecté aux champs, à l’infirmerie, aux cuisines, toujours brimé, humilié, affamé. L’image manquante raconte cette période de sa vie aussi douloureuse que terrifiante.
Points forts
- Le contenu autant que la forme, pour leur puissance émotionnelle et édifiante privilégiant la réflexion au pathos.
- La capacité du réalisateur à rendre ce drame personnel universel. Au fil des images et du commentaire profond de Rithy Panh, c’est en effet d’autres atrocités qui affleurent, comme si l’Histoire et les hommes n’en étaient jamais repus : Holocauste, Sebrenica, Kosovo, Rwanda…
- L’usage de centaines de figurines sculptées à partir de terre cuite et quelquefois en direct, figées entre vie et mort, posées dans des décors miniatures pour évoquer la vie, le combat, la peine, la beauté, la tristesse des visages perdus : bref, lespectacle de ce qui s’est passé. Outre la beauté formelle des plans qu’elles “animent”, Rithy Panh réussit à faire oublier qu’elles sont des objets.
- La voix juste, profonde et pénétrante de Randal Douc.
- L’usage intelligent et bienvenu des images d’archives éclairant le contexte.
Quelques réserves
Je n'en vois pas.
Encore un mot...
“Ce que je vous donne aujourd’hui n’est pas une image ou la quête d’une seule image, mais l’image d’une quête : celle que permet le cinéma” (Rithy Panh). Une mission magnifiquement remplie qui fait de la vision de ce film un rappel urgent et salutaire.
Une phrase
- “Ceux qui défilaient dans le même temps à Paris en criant nos slogans ont-ils vu ces images ?”.
L'auteur
Né en 1964 à Phnom Penh, au Cambodge, fils d’un cultivateur devenu inspecteur d’école primaire, Rithy Panh est emprisonné avec toute sa famille par les Khmers Rouges dès leur prise du pouvoir en 1975. Libéré à la chute de ce régime, il rejoint la France en 1980.
Après une période de résilience, il décide de se consacrer à un travail de mémoire cinématographique sur la douleur des survivants et la réappropriation, par le peuple cambodgien, de son identité comme de ses racines. Il abandonne ses études de menuiserie et entre à l’Hidec dont il sort diplômé en 1988. Il connaît la notoriété avec l’effroyable S21, la machine de mort khmère rouge, en 2002, mettant en scène tortionnaires et rares survivants de ce centre de sécurité; un film que L’image manquante vient compléter par son apport autobiographique.
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