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Thème
Le 7 janvier 2015, la rédaction de « Charlie Hebdo » était décimée par un commando islamiste. Les auteurs de ce documentaire ont fait parler les survivants et fait revivre, à travers des archives et le documentaire précédent de Daniel Leconte, les victimes comme Cabu, Charb, Wolinski, Bernard Maris…
Points forts
- C’est une approche à la fois journalistique et affective qu’ont entrepris les auteurs de ce film. Par exemple, ils ont longuement écouté la dessinatrice Coco qui a ouvert la porte aux terroristes, contrainte et forcée, une kalachnikov pointée sur la tempe, au moment précis où elle allait chercher sa fille à l'école.
- Ils ont interviewé le directeur financier, Eric Portheault, qui était caché et allongé dans la pièce à côté; il raconte comment sa chienne, perdue au milieu du massacre, est venue se coucher sur son visage, comme pour le protéger. Concernant Coco, en pleurs dans ce film, le directeur a ce mot : « Je défie quiconque de ne pas obtempérer quand vous êtes face à des fous surarmés ».
- Les auteurs du documentaire ont recueilli le témoignage d’Elizabeth Badinter qui affirme tranquillement que les journalistes de « Charlie Hebdo » sont des héros.
Quelques réserves
L’avocat du journal et ami de Charb, Richard Malka, dénonce l’attitude peu confraternelle de Delfeil de Ton, l’un des premiers collaborateurs de « Hara-Kiri » au côté de Cavanna, puis rédacteur-en-chef de « Charlie Hebdo » et qui, dans une tribune au « Nouvel Observateur », quelques jours après le drame, a dénoncé l’attitude suicidaire de Charb ; selon Delfeil de Ton, le directeur de la rédaction a conduit son équipe à l’abattoir. On aurait aimé avoir le retour de Delfeil de Ton, qui n’a sans doute pas tenu à s’exprimer.
Encore un mot...
« L’humour à mort », beau titre, est un poignant documentaire qui ne se contente pas d’aligner les interviews, aussi intéressantes soient-elles. Les auteurs ont retrouvé des moments d’anthologie comme la prestation de Cabu interprétant une chanson de Charles Trénet lors d’une fête populaire. Le tragique et la rigolade accompagnent main dans la main le spectateur. Témoin le dessin de Coco caricaturant Cabu qui a toujours l’air d’un jeune homme au côté de Johnny Halliday en vieux rocker au visage ravagé, qui lui demande : « Tu peux me dire ton secret ? ». Il ne vieillira pas, hélas, Cabu, mais grâce aux Leconte, père et fils, la bande de Charlie continuera à vivre sur nos écrans.
Une phrase
« Il faut une vie pour faire des artistes comme Cabu, Wolinski, Honoré, Charb et Tignous. C’est notre patrimoine culturel et artistique qui a été touché au cœur » (Daniel Leconte).
L'auteur
Journaliste, producteur de cinéma et de télévision, né en 1949 à Oran, Daniel Leconte a été présentateur du journal sur Antenne 2 et directeur adjoint de l’information sur Arte. Parmi ses nombreux documentaires, on se souvient de « C’est dur d’être aimé par des cons », titre provenant d’un dessin de Cabu et d’une couverture de « Charlie Hebdo », film qui racontait avec passion le procès intenté en 2007 contre l’hebdomadaire satirique par des institutions religieuses musulmanes après la publication des caricatures danoises de Mahomet. « L’humour à mort », coréalisé avec son fils Emmanuel, 33 ans, documentariste, en est en quelque sorte la suite dramatique.
Commentaires
Delfeil n'a surtout probablement pas été interrogé... Dans ce documentaire, seuls les partisans d'un clan apparaissent, celui de Philippe Val. En dehors de Riss et Coco (i.e. l'équipe dirigeante actuelle), on ne voit même pas Luz, Pelloux et tous ceux qui ont le malheur de réclamer la réorganisation de Charlie Hebdo en entreprise plus coopérative.
C'est dommage, car Charlie, ce n'est pas qu'un camp. Il serait bon de se rappeler que sans le travail de Cavanna, Choron, Reiser, Fournier, Willem, Delfeil de Ton, Siné et les autres, Philippe Val et ses amis n'auraient jamais pu créer un tel journal, et obtenir une telle notoriété. Un film qui ne s'adresse malheureusement pas à ceux qui ont aimé Charlie.
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