L’Esprit Coubertin

Pour son premier film de cinéma, Jérémie Sein propose une comédie décapante sur le monde des J.O.
De
Jérémie Sein
Avec
Benjamin Voisin, Emmanuelle Bercot, Rivaldo Pawawi, Grégoire Ludig, Laura Felpin…
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Après dix jours de compétition, les Jeux Olympiques sont un fiasco pour la délégation française : n’ayant pas été fichue de gagner la moindre médaille, elle est devenue la risée du monde entier. Son chef (Grégoire Ludig) s’arrache les cheveux. Le dernier espoir de médaille hexagonale ne repose plus que sur Paul (Benjamin Voisin). Un drôle de zèbre, celui-là : bien qu’introverti, immature et bourré de blocages psychologiques, ce gendarme de  métier est parvenu, avec l’aide de sa coach (Emmanuelle Bercot) à devenir le champion du monde de tir sportif. Le jour de la compétition approche. A cause d’une sombre histoire de punaises de lit, Paul est contraint de partager sa chambre avec un nageur du Vanuatu (Rivaldo Pawawi), un autre drôle de coco aussi celui-là, fêtard et flemmard, mais aussi désabusé, pour ne pas dire désespéré… A force d’en voir et d’en entendre de belles sur le milieu de la haute compétition, les yeux de Paul vont se déciller…

Points forts

  • A quelques mois de l’ouverture des Jeux Olympiques, écrire un scénario qui tourne en dérision aussi bien les politiques que les organisateurs de l’évènement était casse-gueule. Sous peine de retour en boomerang, il ne fallait pas rater « son coup ». Jérome Sein et ses deux acolytes en écriture (Fanny Burdino et Mathias Gavarry)  ont visé juste. On rit d’un bout à l’autre de leur histoire, qu’ils « racontent » à la bonne distance. Elle est brouillonne, mais pas trop ; décalée mais crédible ; critique, mais sans être lourdement assassine. Bref, elle est à sa place de comédie satirique populaire, qui fait rire, sans donner de leçon ni se prendre au sérieux, tout en mettant les pieds dans le plat des  absurdités du milieu qu’ils décrivent : l’Olympisme. Tiens, tiens : Jérôme Sein serait-il un enfant de Quentin Dupieux et de Gustave Kervern?  

  • La distribution est formidable, qui apporte un énorme « plus » au film. De Laura Felpin, jubilatoire dans son rôle d’intendante du village olympique français à Grégoire Ludig, réjouissant de lâcheté féroce en chef de la délégation française, tous les comédiens excellent dans leur personnage. Mentions spéciales, à Emmanuelle Bercot plus que parfaite en coach accro aux hommes et au chewing-gum, et surtout à Benjamin Voisin, qui, dans son rôle de super as du tir, révèle ici son génie comique. Posture, démarche (pour ce rôle, il se serait inspiré de la girafe), phrasé, tics, tocs, gestuelle…il  compose un personnage aussi touchant et attachant qu’irrésistible. C’est, assurément, l’un des comédiens les plus doués de sa génération, l’un des plus bluffants. 

Quelques réserves

Aucune, si ce n’est quelques blagues un peu datées,.

Encore un mot...

Ce n’est certainement pas  un hasard si Lesprit Coubertin, présenté (avec succès)  cet hiver en avant-première au festival de l’Alpe d’Huez, sort ce 8 mai : c’est le  jour  de l’arrivée de la flamme Olympique à Marseille, et nous sommes à moins de trois mois de l’ouverture des Jeux à Paris. Malgré la concurrence des autres films , notamment celle du blockbuster américain La Planète des singes: le nouveau royaume (pas vu, pour cause d’embargo, à l’heure où nous écrivons ces lignes), il faut espérer que cette comédie réalise un joli score au box-office. Il le mériterait, pour sa drôlerie, sa causticité, son actualité et surtout son casting, en tête duquel un Benjamin Voisin hallucinant de drôlerie. Hilarant, incisif, et familial …   

Une phrase

« Je crois que je n’aurais pas su écrire autre chose que cette comédie à la fois potache et anxieuse. Traiter par l’absurde ce qui me pose problème (le mépris  pour les sportifs) c’est ma seule manière de pouvoir avoir un propos… J’ai vraiment ce truc où tout ce qui me paraît absurde, indigne, grave, j’ai envie de le traiter par la comédie. » (Jérémie Sein, cinéaste)

L'auteur

On ne sait pas encore grand chose sur Jérémie Sein qui signe ici son premier long métrage . Ce qu’on peut dire, en vrac, c’est qu’il est né à Saint-Pée-sur-Nivelle, dans les Pyrénées- Atlantiques; qu’après avoir  passé ses années de collège et de lycée au pays basque, puis son BTS audiovisuel à Bayonne, il est monté à Paris faire la Fémis ; qu’avant de diriger quelques épisodes des séries Têtard, puis Parlement, il a d’abord réalisé un court métrage, Goal Volant.

Qu’il ait choisi de mettre en scène le milieu sportif pour son premier scénario, n’a rien d’étonnant : il vient d’un milieu où le sport est très important. Son père est journaliste sportif, un de ses oncles est professeur d’éducation physique et depuis qu’il est en âge de regarder la télé, il a n’a jamais raté aucun championnat du monde d’athlétisme, ni une grande « compète » de football, ni aucun Tour de France. 

On ne parle bien que de ce qu’on connait bien, dit un dicton… Au vu de cet Esprit Coubertin, on ne pourra pas le démentir. Cela dit, le rêve secret de ce jeune réalisateur talentueux serait de tourner un film d’horreur ! 

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