LES FILLES DU DOCTEUR MARCH
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Thème
En pleine guerre de Sécession, sous l’oeil bienveillant de leur mère (Laura Dern), les quatre filles de Robert March – un pasteur parti au front servir comme aumônier – rêvent de devenir libres pour vivre comme bon leur semble. Bien qu’indépendantes et différentes elles sont indéfectiblement liées les unes aux autres. Meg, l’ainée (Emma Watson), se bat contre sa famille pour épouser l’homme désargenté qu’elle aime, tout en rêvant de devenir actrice. Amy, la cadette (Florence Pugh) part en Europe pour suivre des cours de peinture ; Beth, la benjamine (Eliza Scanlen), la plus fragile et la plus introvertie ne vit que pour le piano. Quant à Jo (Saoirse Ronan), la plus combative, la plus fougueuse et la plus rebelle des quatre - à ce titre, le pilier de l’histoire-, elle tente de s’imposer comme écrivain…
Grand classique de la littérature américaine, Les quatre filles du docteur March – le titre original –, signé Louisa May Alcott, a toujours été considéré comme un des premiers grands romans féministes. Depuis sa parution en 1868, cet ouvrage, qui continue de connaître un grand succès critique et public, a donné lieu à de multiples interprétations et a inspiré plusieurs films, dont celui-ci réalisé par l’américaine Greta Gerwig..
Points forts
– Le scénario, qui réussit à être une adaptation fidèle au roman, tout en étant d’une incroyable modernité. Grâce à un habile lifting des dialogues, et à une narration qui joue subtilement avec les temporalités, on est à la fois dans un film d’époque (celle de la Guerre de Sécession) et en même temps, dans une oeuvre qui évoque les préoccupations des femmes d’hier et d’aujourd’hui.
– La mise en scène, très dynamique, qui reflète, avec virtuosité, l’âge des héroïnes. Elle est en mouvement quand les « Filles » sont jeunes, plus posée et apaisée quand ces dernières ont trouvé le chemin de leur vie.
– La musique, signée Alexandre Desplats, qui magnifie encore la beauté des images (Ici, décors, costumes, tout est sublime, et évoque les peintres impressionnistes européens). – - Le casting, qui est éblouissant. À commencer, pour les soeurs, par Florence Pugh qui joue une Amy tour à tour impertinente, rageuse, jalouse et amoureuse avec un engagement exceptionnel et surtout Saoirse Conan qui compose une Jo impétueuse, impatiente, acérée, d’une force impressionnante. Laura Dern joue leur mère avec sa densité habituelle, et Meryl Streep, leur tante, avec la subtilité impériale qu’on lui connaît si bien. Côté masculin personne n’est en reste. Notamment Timothée Chalamet qui s’empare de son personnage d’amoureux transi de Jo avec une belle élégance nostalgique.
Quelques réserves
Malgré l’interprétation éblouissante, l’émotion est parfois absente, comme sacrifiée à la beauté des images qui évoquent la froideur des glacis de certaines peintures à l’huile.
Encore un mot...
Son premier film Lady Bird qui avait reçu cinq nominations aux Oscars 2018, avait valu d’emblée, à Greta Gerwig (36 ans) d’être qualifiée par la presse de « surdouée du cinéma américain indépendant ». Avec Les Filles du docteur March dont elle signe aussi le scénario, la cinéaste ne risque pas de descendre de son piédestal. On saura le 13 janvier prochain si elle sera dans la liste des nominés des Oscars 2020, liste dans laquelle pourrait aussi figurer son compagnon Noah Baumbach, au titre de réalisateur du très réussi Mariage Story récemment diffusé sur Netflix. En attendant, Les Filles du Docteur March est le cadeau cinématographique le plus enthousiasmant de cette nouvelle année.
Une phrase
« Je me suis lancée dans ce projet de toutes mes forces. J’avais une idée très précise du sujet du film: ça parle de femmes artistes et ça parle des femmes et de l’argent. Le texte ne parle que de ça, mais c’est un aspect de l’histoire qui n’a pas encore été particulièrement exploré. Ces questions me touchent beaucoup et je dirais qu’en un sens ce film est le travail le plus autobiographique que j’ai jamais réalisé » ( Greta Gerwig, réalisatrice).
L'auteur
Scénariste, réalisatrice, dramaturge et comédienne, Greta Gerwig, née le 4 août 1983 à Sacramento aux Etats Unis, est aujourd’hui l’une des artistes les plus en vue dans les milieux cinématographiques et théâtraux des Etats Unis.
Après avoir été un moment attirée par la danse, elle se tourne vers le théâtre avec l’ambition de devenir dramaturge. Mais en 2006, elle fait ses débuts d’actrice dans un film à petit budget LOL. Elle y a un personnage secondaire, mais qui l’introduit dans le monde du cinéma indépendant. En 2007, elle tient le rôle principal de Hannah takes the stairs, dont elle a coécrit le scénario. En 2008, elle enchaîne avec Baghead et Yeats, deux films qui deviendront culte dans ce milieu. En 2010, c’est Greenberg, qui lui vaut d’être sacrée par le New York Times « meilleure actrice de sa génération ». Elle n’arrêtera plus de tourner ( Frances Ha, To Rome with Love, Mistress America …) et deviendra l’icône du cinéma indépendant.
En 2015, elle réalise son premier long métrage en solo, Lady Bird, avec Saoirse Ronan. Ce film, dont elle a écrit le scénario, lui vaudra le prix de la meilleure comédie aux Golden Globe 2018. En juin 2018, celle qui dans la vie, est la compagne du réalisateur Noah Baumbach, annonce qu’elle va tourner une adaptation de son livre de chevet, Les Filles du docteur March. Cette année, elle devrait se produire off-Broadway dans « Trois soeurs » de Tchékhov aux côtés d’Oscar Isaac, dans une mise en scène de Sam Gold.
Et aussi
- MANHATTAN LOCKDOWN de BRIAN KIRK- AVEC CHADWICK BOSEMAN, SIENNA MILLER, STEPHAN JAMES…
L’histoire se déroule en une nuit. A la suite d’un important vol de drogue qui tourne mal, deux braqueurs massacrent huit policiers. Pour capturer le duo de tueurs, le chatouilleux et impitoyable inspecteur André Davis ( Chadwick Boseman, excellent) va employer les grands moyens: il va isoler l’Île de Manhattan en fermant ses 21 ponts, en bloquant ses quatre tunnels, en bouclant son métro, et en l’inondant de flics, dont ceux de la brigade des stups dirigés par l’inspecteur Frankie Burns ( Sienna Miller, épatante dans ce contre- emploi). La traque peut commencer. De courses poursuites en coups de théâtre, de trahisons en fusillades, ça va barder…
Amateurs de (bonnes) séries B, Manhattan Lockdown a tout pour vous séduire: son scénario est ambitieux et original ; son rythme, d’enfer; son souci d’authenticité, évident; ses rebondissements, incessants, son « filmage », impressionnant, et son interprétation, impeccable.
Pour sa première incursion dans le cinéma, l’Irlandais Brian Kirk ( auparavant brillant réalisateur télé) n’a pas raté son coup. On peut d’autant plus recommander son film qu’il est dépourvu de tout manichéisme (flics ou voyous, personne n’est ni totalement blanc ni entièrement noir) et qu’en arrière-plan, il dresse un portrait sans concession d’une Amérique gangrénée par la corruption.
Recommandation: excellent
- PLAY d’ANTHONY MARCIANO- AVEC MAX BOUBLIL, ALICE ISAAZ, MALIK ZIDI…
Max a 13 ans quand, en 1993, on lui offre un caméscope. Pendant les 25 ans qui vont suivre, soit jusqu’en 2010, il va filmer sans discontinuer sa famille, sa bande de potes, ses succès, ses échecs et les faits marquants de son existence. A 38 ans, lassé de ne jamais affronter la réalité et de vivre ses amitiés, ses amours et ses expériences par procuration à travers l’oeilleton de sa caméra, il décide de tout arrêter et de rembobiner. En même temps qu’il va visionner et monter ses rushes, nous, spectateurs, on va voir se dessiner le portrait d’un adolescent casse-pieds et farceur, puis sa transformation en jeune adulte amoureux mais toujours aussi immature. Avec, évoqués en arrière plan de ce portrait qui s’étire sur un quart de siècle, les évènements qui marquèrent cette période, comme, en 1991, l’arrivée des premiers portables en France; en 1995, la sortie du film La Haine, ou en 1998, la victoire de la France à la Coupe du monde de foot…
Après Les Gamins (2013) et Robin des bois, la véritable histoire (2015), Anthony Marciano propose pour son troisième long métrage une comédie générationnelle audacieuse dans son concept, très travaillée dans sa forme, délicieusement nostalgique et émouvante dans son fond mais drôlissime et légère dans son ton. Pour la scénariser et la dialoguer, le cinéaste a fait appel à Max Boublil, son habituel complice en écriture. Ce dernier est également devant la caméra: c’est lui qui joue Max, avec une drôlerie et un naturel confondants. Dans le rôle de son amoureuse Emma, Alice Isaaz est parfaite elle aussi. Quant à la bande son du film, qui compile 25 années de chanson, c’est un régal.
Recommandation: excellent.
-CUNNINGHAM DE ALLA KOVGAN- DOCUMENTAIRE
En décidant dès les années 40, avec un culot fou, que la danse ne devait « renvoyer à rien » et qu’elle devait être ce qu’elle est : « une expérience visuelle totale », l’Américain Merce Cunningham ( 1919-2009) fut celui qui révolutionna le langage chorégraphique. Mais, même soutenu par des interprètes intrépides et courageux, des plasticiens comme Bob Rauschenberg ou Andy Warhol, et surtout par le compositeur John Cage - qui fut son compagnon- ses débuts furent difficiles, d’autant plus qu’il n’était pas un homme de concession.
Quelle bonne idée que ce documentaire - en 3D, s’il vous plait!- qui retrace le parcours du danseur et chorégraphe de 1940 à 1972, autrement dit de la naissance de sa troupe jusqu’au départ de ses membres originels. Les extraits des pièces phare du créateur qui le jalonnent - une quinzaine- sont un enchantement pour les yeux…Evidemment, ce film est aussi émaillé de réflexions de cet artiste infatigable et inventif qui ne croyait qu’à la beauté du geste et du mouvement, au chronomètre, et au …groupe. S’il avait quitté les rails de la narration chronologique et surtout s’il avait été nourri de plus de détails biographiques sur son héros, ce Cunningham aurait mérité un prix d’excellence. Pour les amateurs de danse et les fans de l’Américain, il reste un régal.
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