Les cadors
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Thème
Les Cadors, c’est l’histoire de deux frères que tout oppose. L’un, Antoine, marié avec deux enfants est conducteur de bateaux (Grégoire Ludig) ; l’autre, Christian, célibataire, est chômeur professionnel, picoleur et bagarreur impénitent (Jean-Paul Rouve). Quand Christian revient à Cherbourg pour voir son frère, tout le monde tend le dos. Mais lorsqu’Antoine va se trouver dans les sales draps d’une méchante affaire, Christian volera à son secours. A sa manière, bien sûr, désopilante et déjantée, brouillonne et irréfléchie. Ça va barder…
Comment ne pas rire aux pitreries déjantées de l’un et pleurer aux ennuis cachés de l’autre, surtout quand l’un est interprété par un Jean-Paul Rouve survolté et l’autre par un Grégoire Ludig sinistre et renfrogné ...
Points forts
- Les Cadors parle d’un sujet au fond rarement abordé au cinéma : celui de l’empreinte persistante que l’enfance laisse dans la tête des adultes. Ici deux frères, malmenés jadis par leur père et qui, malgré les divergences de leur vie d’adulte, se retrouvent pour faire face, ensemble, à l’adversité, comme lorsque, petits, ils tentaient d’échapper à la violence paternelle.
- L’alternance bien balancée du drame et de la franche comédie ( Jean-Paul Rouve a mis son grain de sel au scénario).
- L’ancrage du film dans le milieu très « cinégénique» des docks. (Saluons au passage sa beauté visuelle).
- La musique : décidément, on n’en finira jamais de rendre hommage au talent d’Alex Beaupain ( qui s’est ici beaucoup inspiré des sonorités très western d'Ennio Morricone) et à celui de Catherine Ringer.
- Et puis le casting. Jean-Paul Rouve, Grégoire Ludig, Marie Gillain et Michel Blanc comme on ne l’a jamais vu, dans un rôle de vrai salopard.
Quelques réserves
Ça et là, quelques petites chutes de régime.
Une prestation un peu trop raide de Grégoire Ludig, ce qui masque par moments la subtilité habituelle de son jeu.
Encore un mot...
Comment faire du neuf (un film qui étonne à chacune de ses séquences), avec du surexploité (un tandem désaccordé) ? En s’inspirant d’une histoire (presque) vraie, Julien Guetta a résolu la quadrature du cercle. Son film donne l’impression de renouveler le genre du duo, tant il surprend à chaque séquence. Tourné sur les docks de Cherbourg et de Rouen, il a en plus un petit côté parodie de western ensoleillé qui devrait enchanter les fans de Sergio Leone. C’est un « bel ouvrage ».
Une phrase
« Ce que j’aime faire, c’est raconter une histoire en apparence simple et faire du cinéma populaire : faire rire les gens, les émouvoir et dans le même temps, manier en sous-main des images qui questionnent sur la psychologie des êtres, les rapports entre les hommes et les femmes » ( Julien Guetta, réalisateur ).
L'auteur
Diplômé de la Fémis (promotion 2009), Julien Guetta a d’abord fait ses classes dans le court-métrage : en 2006, Mémère ; en 2007, Le Vacant ; en 2009, Le Carré des indigents ; en 2010, Les Ventres vides ( Prix Beaumarchais SACD ), et en 2015, Lana del Roy (Prix de la région Auvergne-Rhône-Alpes), tout en participant parallèlement à l’écriture de scénarios, dont en 2017, celui du Petit locataire de Nadège Loiseau, en 2018, celui de Joueurs de Marie Monge et en 2020, celui de Omar dans son château de Ali Marhyar.
C’est en 2018 qu’il rejoint le club des réalisateurs de longs métrages avec Roulez jeunesse, une comédie « adulescente » très réussie dans laquelle Eric Judor, presque à contre-emploi, jouait un dépanneur automobile se retrouvant du jour au lendemain dans l’obligation de s’occuper d’une fratrie qu’il ne connaissait pas la veille.
A mi-chemin entre la comédie et le drame, son nouveau film, tourné en CinémaScope et dont le titre s’inspire du surnom que, dans le milieu du ballon rond on donne à certains footballeurs, sort d’une tournée d’avant-premières très prometteuse quant à son succès.
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