L’enfant rêvé
Pas de bonus vidéo.
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Thème
Dans cette forêt du Jura où il réside depuis toujours, François (Jalil Lespert) a repris la scierie familiale qu’il dirige avec sa femme, Noémie (Mélanie Doutey). Tout irait pour le mieux entre eux si François ne désirait pas plus que tout avoir un enfant. Ce dernier n’arrivant pas, Noémie songe à l’adoption. Mais ce que veut François, c’est avoir un enfant à lui. Un jour, un couple s’installe à côté. La femme, Patricia (Louise Bourgoin) est aussi belle que sensuelle. François entame une liaison avec elle. Son désir de paternité va encore s’exacerber quand Patricia va tomber enceinte. Il va perdre les pédales…
Points forts
L’originalité du sujet. Si le désir de maternité a inspiré une quantité de films, celui de la paternité a été rarement abordé au ciné. Raphaël Jacoulot traite ici ce sujet si sensible avec tact et intelligence. Sans tomber dans le mélo, il montre les vacillements intérieurs d’un homme qu’on croit solide et qui, pourtant, est laminé par l’idée de la transmission, jusqu’à commettre l’irréparable. Pris en étau entre son devoir et son désir, cet homme fait penser au chêne de la fable : il ne plie pas, mais il rompt.
Le scénario est construit; sa mise en scène rigoureuse et son décor – la forêt jurassienne, à la fois sombre, étouffante et génératrice de rêves – idéal.
Les acteurs sont formidables. A la fois entier, fragile, tourmenté et taiseux, Jalil Lespert livre une composition impressionnante. Mélanie Doutey (trop rare sur le grand écran) est aussi précise dans son jeu que bouleversante dans les émotions qu’elle dégage. Quant à Louise Bourgoin ( qui était véritablement enceinte au moment du tournage ), elle montre une fois encore l’étendue de la palette de son jeu.
Quelques réserves
Le dénouement est à la fois trop expéditif et peu crédible.
Le personnage de Noémie est sacrifié. En dépit de la belle présence de Mélanie Doutey, il manque de profondeur.
Encore un mot...
Depuis son premier long-métrage (Barrage, en 2006), Raphaël Jacoulot ne cesse de scruter les tourments de l’âme humaine au travers de films qui se rangent dans la catégorie des thrillers.
Avec l’Enfant rêvé, qui explore les déchirements de la quête de paternité, il ne change pas de cap. Le cinéaste dit avoir fait de nombreuses versions de son scénario. Cela se sent : son histoire est très tenue, presque jusqu’à la fin où, inexplicablement, elle perd de sa crédibilité à cause d’un dénouement un peu « abracadabrantesque ». Il n’empêche que, malgré ce dérapage final, ce beau film tragique mérite la première place sur le podium des sorties DVD de la semaine.
Une phrase
« Jalil est impressionnant dans le film, viscéral, organique, avec une présence forte et émouvante… Il est arrivé très tôt sur le projet, dès l’une des premières versions du scénario. C’est un grand travailleur… Sur le plateau, il s’est isolé dans une forme d’introspection pour atteindre ce personnage mutique, tout en intériorité » ( Raphaël Jacoulot, réalisateur ).
L'auteur
Né le 1er juillet 1971 à Besançon d’un père agriculteur, Raphaël Jacoulot commence par étudier la peinture et la vidéo aux Beaux-Arts de sa ville natale. En 1997, il entre à la Femis ( section réalisation ), dont il sort diplômé en 2001.
En 2006, après deux courts-métrages, dont un retenu à Cannes à la Semaine de la Critique, il réalise son premier long métrage, Barrage. Suivront, en 2011, Avant l’aube, un thriller porté par Jean-Pierre Bacri, Vincent Rottiers et Sylvie Testud, et en 2015, Coup de chaud, une tragédie tournée dans un petit village du Lot et Garonne, avec Jean Pierre Darroussin dans le rôle principal.
L’Enfant rêvé est le quatrième long-métrage de ce réalisateur méticuleux qui aime ancrer ses films dans la réalité avec des histoires qui se situent dans les provinces de l’Hexagone, loin donc de tout parisianisme.
Et aussi
– YALDA, LA NUIT DU PARDON de MASSOUD BAKHSHI – Avec SADAF ASGARI, BEHNAZ JAFARI, FERESHTEH SADRE ORAFEI…
En Iran, de nos jours. Maryam, 22 ans, qui a tué accidentellement Nasser, son sexagénaire de mari, a été condamnée à mort. Quand le film débute, Maryam, extraite momentanément de sa prison, s’apprête à passer dans une émission de télé-réalité pour y être confrontée à la seule personne qui puisse la sauver : Mona, la fille de Nasser. Si cette dernière lui accorde son pardon, lors de cette émission – baptisée, comme par dérision, Le Plaisir du pardon – alors, elle échappera à la pendaison. Sinon… Dans un studio transformé en tribunal populaire, un procès commence, qui, dans sa dramatisation outrancière, va tenir du show à grand spectacle et des jeux du cirque.
Aussi invraisemblable et effroyable que cela puisse paraître, cette histoire a été inspirée par un fait réel. Il a bien existé, en Iran, une émission de TV très populaire où se jouait, en direct, la vie ou la mort d’un être selon le principe décrit dans le film, celui d’une confrontation entre un condamné et sa victime, directe ou indirecte.
On imagine le cran qu’il a fallu au réalisateur iranien Massoud Bakhshi (pourtant déjà violemment attaqué dans son pays en 2012 pour son film précédent, Une famille respectable) pour réaliser Yalda, la nuit du pardon. Faire connaître grâce au grand écran, l’existence d’une telle émission de téléréalité au pays des Mollahs, c’était la livrer à la critique des sociétés occidentales. Mettre en son centre, le procès d’une femme, c’était, rappeler, d’une façon à peine « voilée », combien, en Iran, le poids de la culture et des traditions pèse sur les femmes. Pour son culot, monumental, sa tension, jamais relâchée, et aussi l’efficacité de sa réalisation, Yalda, la nuit du pardon avait obtenu à l’unanimité le Grand Prix du jury au festival de Sundance. A sa sortie sur les grands écrans français le 7 octobre dernier, il avait reçu un bel accueil de la critique. Son édition en DVD est enrichie d’un entretien très intéressant avec son réalisateur.
Recommandation : Excellent ***.
Sortie DVD – Editions Pyramide Vidéo.
Bonus vidéo: Entretien avec Massoud Bakhshi.
– EMA de PABLO LARRAIN – Avec MARIANA DI GIROLAMO, GAEL GARCIA BERNAL…
Ema, une danseuse volcanique et éprise de liberté, vient d’abandonner le fils qu’elle avait adopté un an auparavant avec son chorégraphe de mari. Détruite par les conséquences de son acte, cet électron libre choisit de tout envoyer valser pour se lancer à corps perdu dans des expériences sexuelles tous azimuts, cela, sans renoncer pourtant à l’idée de parvenir un jour à assumer une maternité…
Après les remarquables et très “tenus” Neruda et Jackie (respectivement, des biopics du poète Pablo Neruda et de Jackie Kennedy), Pablo Larrain dresse le portrait d’une femme « feu follet », fascinante de vitalité, de sensualité, de liberté d’être et de désespoir mêlés. On ne comprend pas vraiment où le cinéaste chilien veut en venir, et pourtant il est difficile de quitter l’écran des yeux tant son film fascine, par sa beauté formelle, son incandescence, et la sensualité jusqu’au-boutiste qu’il dégage. Dans le rôle d’Ema, la danseuse comédienne Mariana Di Girolamo. D’un charisme époustouflant, la jeune femme qui tient ici le haut de l’affiche pour la première fois, est magistrale de bout en bout. Dans le rôle de son époux, le beau et talentueux Gael Garcia Bernal n’est pas mal non plus ! A voir si on aime les histoires débridées ou/et les films clinquants et foutraques.
Recommandation : **Bon.
Sortie DVD, Blu-Ray – Editions Potemkine Films – Contenu et goodies : un livret avec
interview de Pablo Larrain et de Mariana Di Girólamo.
Bonus vidéo: clip « real » de E$tado Unido; Chanson « Destino » de E$tado Unido; bande- annonceur film.
– L’ESPION QUI VENAIT DU FROID de MARTIN RITT – Avec RICHARD BURTON, CLAIRE BLOOM, OSKAR WERNER…
Au début des années 60, pendant la guerre froide, l’agent secret britannique Alec Leamas (Richard Burton) est envoyé en Allemagne de l’Est. Pour franchir le rideau de fer sans trop d’encombre et être ensuite contacté par l’espionnage est-allemand, il fait croire qu’il a été évincé du renseignement britannique pour cause d’alcoolisme. Son objectif : fournir des informations compromettant indirectement l’agent allemand Hans-Dieter Mundt, qui serait responsable de l’assassinat d’un espion britannique abattu sous ses yeux…
Amateurs de thrillers à gadgets et grand spectacle menés à toute allure ( genre James Bond ), ce film – première adaptation cinématographique d’une œuvre de John Le Carré – n’est pas pour vous. Ici, l’espion, génialement interprété par Richard Burton, manie mieux les mots que les flingues. Le scénario est très intelligent ( machiavélique John Le Carré ) et l’intrigue avance consciencieusement au rythme du livre dont elle est tirée. On a l’impression de se perdre dans un labyrinthe dont on ne sortira plus. Pour savourer ce film sombre, glauque et cafardeux, le truc est d’accepter de se laisser lentement enliser dans une histoire tentaculaire. Le « supplice » dure 1h48 ! Cette nouvelle sortie en haute définition est un régal, les bonus qui l’accompagnent, passionnants et éclairants.
Recommandation : ***Excellent.
Sortie en DVD, Blu-ray - Editions ESC Editions.
Nouveau master HD. Boitier MediaBook limité contenant le Blu-ray du film, le DVD du film, un livret écrit par Olivier Père.
Bonus vidéo : entretien autour du film avec un journaliste, entretien avec John le Carré, commentaire audio de séquences, entretien avec Richard Burton, commentaire audio de Martin Ritt.
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