Le Principal
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Thème
Sabri Lahlali, principal-adjoint d’un collège de quartier (Roschdy Zem) convoite le poste de sa supérieure qui va bientôt partir à la retraite (Yolande Moreau). Quinqua chic et austère, Sabri aurait tout pour être nommé : le sérieux, la méthode, le sang-froid, l’envergure et aussi l’humanité nécessaire face à des élèves en difficulté. Seulement voilà, il est obsédé par la réussite de son fils (Jibril Bhira). Cette hantise va le pousser à commettre une lourde faute : donner à son rejeton, qui passe le brevet, un corrigé d’histoire. Il est démasqué. Sa carrière est compromise. Aura-t-il une seconde chance ?
Points forts
- Au départ du film, il y a cette question que beaucoup se posent ou se poseront un jour : jusqu’où peut-on aller pour réussir et offrir à nos enfants les bases d’un avenir solide ?… Pour tenter d’y répondre, Chad Chenouga s’est appuyé sur l’histoire vraie d’un principal-adjoint de collège, jusque-là irréprochable, qui, oubliant un jour ses principes, tricha pour aider son fils à réussir une épreuve de brevet… Dans la foulée de cette question, le film en soulève une autre: celle du pardon à accorder, ou pas, pour un faux-pas exceptionnel motivé par l’amour ( en l’occurrence, paternel ).
- La forme donnée au scénario. Ce dernier aurait pu relever du récit linéaire. Chad Chenouga l’a construit selon les règles du thriller.
- La distribution. Le réalisateur a mis dans le mille en demandant à son copain Roschdy Zem d’interpréter le rôle de Sabri Lahlali. D’une maîtrise impressionnante, le comédien est extraordinaire d’intériorité et de froideur apparente. A ses côtés, Yolande Moreau est sensationnelle d’humanisme, d’écoute et de douceur désenchantée.
Quelques réserves
Si le film démarre un peu trop lentement, paradoxalement, il cavale un peu trop vite après. Certaines scènes et certains personnages auraient gagné à être un peu plus approfondis.
Encore un mot...
Bien sûr, il y a le film, qui, à travers le portrait d’un homme, somme toute assez « ordinaire », montre, avec finesse et intelligence, combien les êtres humains sont capables de faiblesse et de complexité - même ceux qui paraissent les plus solides peuvent flancher et fauter pour des motifs à leurs yeux « supérieurs », comme l’orgueil ou l’amour -, mais il y a aussi (surtout ?), Roschdy Zem, un acteur que le cinéma n’en finit plus de découvrir, tant il est capable, à chaque nouveau rôle de surprendre. C’est le cas ici, une fois encore, où dans son personnage obsédé par la réussite ( la sienne et celle de son fils ), le comédien ( trente ans de carrière, près de 90 films au compteur ) réussit à fasciner et à émouvoir, sans jouer une seule seconde sur l’empathie. Très, très fort.
Une phrase
« Roschdy et moi, on se connait depuis longtemps. On passait souvent les mêmes castings et souvent c’est lui qui décrochait le rôle… Il m’a souvent expliqué qu’il ne voulait pas se répéter. Alors je me suis dit que le destin si singulier de Sabri pourrait l’intéresser. Il a été séduit par le conflit intérieur qui le bouscule. » (Chad Chenouga, réalisateur, le Journal du Dimanche).
L'auteur
Après des études d’économie et de sciences politiques, Chad Chenouga, né en 1962, s’ inscrit au Cours Florent et devient comédien, pour le théâtre d’abord ( sous la direction, entre autres, d’Adel Hakim, et Jean-Louis Martinelli ), puis pour la télévision et pour le cinéma (avec Bertrand Blier, Yves Robert…). Passionné de réalisation et d’écriture, il tourne son premier court-métrage en 1993 (Poisson rouge). Il en enchaînera trois autres, avant de se lancer, en 2001, dans son premier long, 17 rue bleue, inspiré de sa propre histoire. Après trois nouveaux courts métrages, il sortira en 2017, De toutes mes forces, inspiré aussi de sa biographie d’enfant orphelin. Le Principal est le troisième film de cinéma de ce réalisateur qui, parallèlement, intervient au Cours Florent en tant qu’enseignant de théâtre, réalise des épisodes de séries pour la télévision et anime des ateliers dans des prisons et avec des sans-domiciles fixes.
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