LE MEILLEUR RESTE À VENIR
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Thème
Tout commence sur un malentendu. Flambeur patenté et coureur de jupons invétéré, César (Patrick Bruel) fait une mauvaise chute. Ayant perdu sa carte vitale, il emprunte celle de son meilleur ami, Arthur (Fabrice Luchini). Quand ce dernier, médecin chercheur de son métier, psychorigide de son état, va chercher le résultat des radios, il apprend que César est atteint d’une tumeur incurable. Le choc est tel que, lorsqu’il rentre de l’hosto, ses explications sont tellement alambiquées que César comprend que c’est lui, Arthur, qui est mourant. Dès lors, chacun croyant l’autre gravement malade, ils vont multiplier entre eux les signes d’amitié et profiter du temps qui reste.
Entre ces deux inséparables, la vie va se mettre à pulser, la vie, avec ses débordements tous azimuts, ses rires aux éclats, ses pleurs sans raison, ses conneries potaches, ses aventures sans lendemain, ses fuites en avant pour oublier. Cela, jusqu’au jour où le drame reprendra le dessus...
Points forts
-La première belle trouvaille du tandem Matthieu Delaporte-Alexandre de La Patellière est d’avoir pris comme point de départ de son scénario un quiproquo un peu à la manière d’un Francis Veber (L’Emmerdeur, Le Dîner de cons). D’entrée de jeu, cet artifice donne du peps au film.
-La seconde bonne idée est d’avoir bâti le scénario sur un duo de personnages aux antipodes l’un de l’autre, en l’occurrence ici, un pessimiste tatillon, et un exubérant au charme rigolard. Si la recette du tandem désassorti n’est pas nouvelle, elle a fait maintes fois ses preuves (cf Laurel et Hardy, De Funès et Bourvil, Pierre Richard et Gérard Depardieu). ici encore, elle marche.
-La troisième bonne idée est d’avoir confié ces deux personnages à deux acteurs hors pair chacun dans leur genre, Fabrice Luchini et Patrick Bruel. Ces deux là, qu’on n’avait plus vu ensemble au ciné depuis près de 35 ans (P.R.O.F.S de Patrick Schulmann), font une paire irrésistible dans leurs différences et leurs contrastes.
Quelques réserves
Quelques facilités dans les dialogues et des scènes un peu tirées par les cheveux, que les acteurs mettent à profit pour jouer en roue libre. C’est dommage. Cela retire de la sincérité au film.
Encore un mot...
Peut-on faire rire avec tout, et même avec le pire ? Depuis Intouchables du duo Nakache-Toledano et plus récemment, La Guerre est déclarée de Valérie Donzelli, on sait que oui. A condition de savoir conjuguer gravité et légèreté avec sincérité et élégance. Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière le savent, qui ont ici réussi à tirer d’un sujet grave, le cancer, une comédie réjouissante et pleine d’allant sur l’amitié. Au début, on croit débouler dans un film de Francis Veber, à la fin, le ton doux amer aidant, on se retrouve chez Claude Sautet. Entre les deux, on rit (souvent), sourit (beaucoup), pleure (un peu).
Une phrase
Le Meilleur reste à venir s’est construit sur notre expérience et notre quotidien. Nous n’avions plus 20 ans, nos enfants grandissaient, nous avions le sentiment de passer de l’autre côté de la montagne. Ce moment où tout s’accélère, où l’on comprend du jour au lendemain qu’on n’est pas immortel et qu’on ne vivra pas forcément la vie pleine d’aventures et de rebondissements qu’on avait imaginée » (Alexandre de la Patellière, réalisateur)
« Le temps qui nous reste et ce qu’on en fait, la perte, la nostalgie des rêves passés, tout cela revenait sans cesse dans nos conversations. On a décidé d’en faire un film » (Matthieu Delaporte).
L'auteur
Nés tous les deux en 1971, Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière (fils de Denys de la Patellière) sont tous les deux scénaristes, dramaturges, producteurs et réalisateurs. S’ils travaillent parfois séparément, ils sont le plus souvent associés dans leurs aventures. Et cela leur va plutôt bien puisqu’à chaque fois, au théâtre ou au ciné, leurs partitions à « quatre mains » se soldent par des succès. Le plus bel exemple est, en 2010, Le Prénom qui voyagera dans plus de 30 pays, et qu’ils adapteront ensuite pour le cinéma (plus de trois millions d’entrées). Parfois, le duo se partage les tâches. L’un écrit et l’autre produit et met en scène. Ce fut le cas, en 2006 pour La Jungle qu’Alexandre écrivit et produisit et que Matthieu réalisa.
Si le tandem se retrouve tous les jours depuis vingt ans à la même table de travail, il n’avait plus réalisé de film ensemble depuis Le Prénom. Pour Le Meilleur reste à venir, ils ont tout partagé : l’écriture du scénario et des dialogues, et la réalisation.
Et aussi
La famille Addams de Greg Tiernan et Conrad Vernon – Avec, pour la V.F les voix de Kev Adams, Alessandra Sublet, Mélanie Bernier…
Bien à l’abri dans son manoir gothique où le serviteur est une main et où le majordome est affublé d’une tête de Frankenstein, la famille Addams , Morticia, son mari Gomez et leurs deux enfants Pugsley et Wednesday, préparent une grande fête de famille pour célébrer « la Mazurka » de Pugsley… Mais voilà qu’une célèbre animatrice de télévision, de surcroît designer, se met en tête de récupérer leur manoir pour l’intégrer à un quartier préfabriqué, tout en couleurs pastel. A part Wednesday, dont l’adolescence est remuante et rebelle, personne chez les Addams ne va être d’accord…
C’est bientôt Noël, et l’excentrique famille Addams est de retour. Mais pour la première fois – après quatre séries télé, trois films et une comédie musicale – dans un film d’animation! Chic, il est très réussi : histoire maligne et drôle, bâtie, mine de rien, sur le thème de l’acceptation de l’autre ; facture visuelle, raffinée, inventive et réjouissante, rythme, d’enfer ; musiques entrainantes et décalés… Conrad Vernon et Greg Tiernan (le duo de Sausage Party) a réussi son pari. Cette Famille Addams est vraiment marrante. Conçue tout public, elle devrait faire éclater de rire parents et enfants.
Recommandation : excellent.
It must be heaven de Elia Suleiman – Avec Elia Suleiman, Vincent Maraval, Gael Garcia Bernal…
Depuis sa maison familiale de Nazareth, un cinéaste palestinien (Elia Suleiman lui-même) s’aperçoit que son voisin vient dans son jardin lui « emprunter » des fruits et des légumes, sans lui demander son avis. Il ne va pas en falloir plus pour que le cinéaste décide d’aller chercher « refuge » ailleurs. Mais où qu’il aille, à Paris ou à New York, il va s’apercevoir qu’en réalité, il reste un étranger partout, et que son pays le suit comme une ombre, l’empêchant de s’intégrer…
Pour répondre à la question : « Peut-on se sentir chez soi, ailleurs que… chez soi ? », Elia Suleiman a choisi le ton de conte burlesque et poétique. Chapeau vissé sur la tête, dégaine nonchalante et regard désabusé, il nous trimballe de ville en ville à la recherche de son paradis natal perdu. Ses tribulations le ramèneront à la case départ, mais nous, on aura assisté à un film délicieux et cocasse, joyeux mais mélancolique, presque sans parole, où le héros, qui évoque Jacques Tati, se sera amusé à dénicher le surréalisme du quotidien des endroits où il se sera arrêté. Au dernier festival de Cannes, It must be heaven était reparti avec la Mention spéciale du Jury. Il va représenter la Palestine aux Oscars.
Recommandation : excellent.
Seules les bêtes de Dominik Moll – Avec Laure Calamy, Denis Ménochet, Damien Bonnard…
C’est l’hiver en Lozère. ll a neigé dru sur le Causse Méjean, et les rares fermes qui y sont implantées en paraissent encore plus isolées. Une femme, venue de la ville, a disparu. Pour les gendarmes, l’enquête s’annonce d’autant plus difficile qu’en plus des conditions climatiques épouvantables, les gens du coin sont des taiseux. Cinq personnes sont liées à cette disparition, chacune a son secret, mais aucune ne soupçonne que cette histoire prend ses racines en Côte d’Ivoire, où des « cyber-arnaqueurs » piègent des européens en se faisant passer pour des filles en quête d’amour…
Après un détour par la télévision, Dominik Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien, Lemming) est de retour sur le grand écran, avec un thriller glacé et angoissant dont il est un des grands spécialistes. Commencé comme une simple affaire de disparition à résoudre, Seules les bêtes, adapté du roman éponyme de Colin Niel, va ensuite se complexifier grâce à une intrigue aux nombreuses ramifications, à laquelle le réalisateur va encore ajouter l’étrangeté qui caractérise sa patte. Féminine (Laure Calamy, Valéria Bruni Tedeschi) comme masculine (Denis Ménochet, Damien Bonnard), la distribution est parfaite. Les amateurs de films noirs vont trouver là de quoi se régaler.
Recommandation : excellent.
Made in Bengladesh de Rubaiyat Hossain – Avec Rikita Shimu, Novera Rahman…
Shimu, 23 ans, travaille dans une usine textile à Dacca, au Bangladesh. Face à des conditions de travail de plus en plus dures, et après la mort d’une amie, elle décide, avec ses collègues, de monter un syndicat. Malgré les menaces de la direction de l’usine, le désaccord de son mari et le désintérêt des autorités, elle va aller jusqu’au bout.
Née et vivant au Bangladesh, la réalisatrice Rubaiyat Hossain s’intéresse depuis toujours à la condition des femmes dans son pays. Dans ce film, le deuxième de sa jeune carrière, elle a voulu dénoncer les conditions de vie des ouvrières des usines textiles qui, penchées sur des machines à coudre dix heures par jour, six jours sur sept et pour des salaires de misère, n’ont le plus souvent que le droit de se taire. Inspiré par une histoire vraie, son film, très réaliste relève (presque) du documentaire. Il est édifiant, en plein dans l’actualité.
Recommandation: bon.
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